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Couverture pour Le Menteur

Corneille, Le Menteur Dissertation sur le mensonge

Introduction, le sujet et l'œuvre, problématique, annonce du plan, i. le menteur ment par intérêt, 1) le mensonge au service de la galanterie, 2) le mensonge pour s'introduire dans la société, 3) le mensonge pour échapper à une situation embarrassante, ii. donner à voir une société d'apparences, 1) mentir pour s'adapter à une société d'apparences, 2) une société où presque tout le monde ment, 3) mentir pour déjouer les mensonges des autres, iii. des mensonges pour célébrer le théâtre, 1) le mensonge pour le plaisir de jouer avec la fiction, 2) le spectateur tour à tour complice et dupe, 3) le mensonge fait l'unité d'action de la pièce.

Hieronymus Janssens, Le dîner du fils prodigue, 17e siècle.

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Dissertation sur Les Fausses confidences !

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conclusion dissertation mensonge

Voici une dissertation sur Les Fausses confidences de Marivaux (parcours au bac de français : Théâtre et stratagème).

Important : Pour faciliter ta lecture, le plan de cette dissertation est apparent et le développement est présenté sous forme de liste à puces. N’oublie pas que le jour J, ton plan et ton développement doivent être intégralement rédigés. Tu trouveras ici un exemple de dissertation rédigé comme tu dois le faire le jour du bac.

Sujet de dissertation :

 Selon vous, quel rapport le mensonge entretient-il avec la vérité dans Les Fausses confidences de Marivaux ?

Pour que ce corrigé te soit utile, entraîne-toi auparavant à réaliser ce sujet avec ma fiche et ma vidéo sur Les Fausses confidences !

Introduction

Traditionnellement , le mensonge nous éloigne de la vérité  : il la cache ou la travestit. Dans Phèdre de Racine par exemple, le personnage éponyme laisse sa nourrice Oenone accuser Hippolyte d’avoir voulu abuser d’elle; ce mensonge a des conséquences dévastatrices sur tous les personnages.

Mais qu’en est-il dans Les Fausses confidences de Marivaux ? Quel rapport mensonge et vérité entretiennent-ils dans cette œuvre ? Comment une pièce dont le titre promet la tromperie peut-elle faire jaillir la vérité des sentiments ?

Car si le mensonge et la dissimulation sont omniprésents dans les Fausses confidences , la vérité ne peut s’empêcher d’affleurer, puis de triompher. Nous verrons ainsi que dans Les Fausses confidences , le mensonge est destiné à masquer la vérité , mais ne parvient pas à la dissimuler totalement . Paradoxalement, c’est le mensonge lui-même qui permet à la vérité d’éclater .

I – Les Fausses confidences : une pièce placée sous le signe de l’illusion et du mensonge

A – les personnages sont masqués.

  • La pièce débute sous le signe du masque . Ainsi, dès l’acte I scène 2, Dubois, le maître du jeu, fait régner un univers de dissimulation . Il demande à Dorante de cacher la vérité : «  Il est essentiel que les domestiques ici ne sachent pas que je vous connaisse.  »
  • Tous les personnages mentent . Marton dupe sa maîtresse en lui recommandant d’épouser le Comte. Araminte feint de vouloir épouser le Comte pour tromper Dorante. Mme Argante propose à Dorante de mentir à Araminte sur son droit pour qu’elle se résigne à épouser le Comte Dorimont : « De dire à ma fille, quand vous aurez vu ses papiers, que son droit est le moins bon ; que, si elle plaidait, elle perdrait » (Acte I, scène 10).
  • À cet égard, Les Fausses confidences est une pièce emblématique du théâtre de Marivaux où les personnages avancent masqués et se tendent des pièges. On pense par exemple au Jeu de l’amour et du hasard (1730) dans lequel les maîtres se déguisent en domestiques pour observer leurs prétendants respectifs.

B – Les personnages sont dans une mise en scène permanente

  • Dubois se comporte comme un véritable metteur en scène . Par exemple, dans l’acte I scène 2, il annonce avec assurance ce qui va se dérouler : «  je sais mes talents, je vous conduis, et on vous aimera  ».
  • Dubois suit avec rigueur le déroulement de l’intrigue qu’il a mise en place. Il adopte une vision d’ensemble de l’intrigue lorsqu’il la commente à l’acte II scène 16 : «  Voilà l’affaire dans sa crise  ».
  • D’autres personnages lui empruntent ce rôle de metteur en scène , comme Araminte qui donne des instructions quant au rôle que doit jouer Dorante : «  Conformez-vous à ce qu’ils exigent ; regagnez-les par là, je vous le permets : l’événement leur persuadera que vous les avez bien servis.  » (Acte II scène 13)

C – Les personnages tiennent à maintenir l’illusion

  • Lorsqu’une vérité est sur le point d’être dévoilée, les personnages mettent tout en œuvre pour maintenir le mensonge et l’illusion . Par exemple, Araminte feint la froideur pour ne pas avouer à Dubois ses sentiments naissants pour Dorante (Acte I, scène 14)
  • Araminte veut sauvegarder le mensonge. Dans l’acte I scène 14, elle intime à Dubois de ne pas dévoiler la vérité  : «  garde un profond secret ; et que tout le monde, jusqu’à Marton, ignore ce que tu m’as dit ; ce sont de ces choses qui ne doivent jamais percer.  » 

II – La vérité des sentiments émerge pourtant car le mensonge ne parvient pas à cacher les élans du coeur

A – il existe de vraies confidences dans la pièce.

  • Cette pièce met aussi en scène des vraies confidences , comme à l’acte I scène 2, lors que Dorante avoue à Dubois son amour pour Araminte : «  Je l’aime avec passion et c’est ce qui fait que je tremble  ».
  • Dorante fait aussi preuve de sincérité envers Araminte lorsqu’il lui dévoile la stratégie de Madame Argante. À la scène 13 de l’acte I : «  C’est que si, dans votre procès, vous avez le bon droit de votre côté, on souhaite que je vous dise le contraire, afin de vous engager plus vite à ce mariage ; et j’ai prié qu’on m’en dispensât.  »

B – La vérité des sentiments transparaît derrière le mensonge

  • La vérité du cœur transparaît dans les quiproquos et dans l’ ambiguïté de sens de certains mots. Par exemple, à l’acte I scène 12, Dorante et Araminte établissent une relation contractuelle employeur / employé. Mais sans s’en rendre compte, ils parlent déjà le langage de l’amour : « Araminte : «  Oui, mais ne vous embarrassez point : vous me convenez.  Dorante : je n’ai point d’autre ambition . »  La vérité du cœur émerge à la surface des mots. C’est ce qu’on appelle le marivaudage . 
  • Dans leurs apartés , les personnages cessent leur théâtre social pour s’avouer la vérité à eux-mêmes, à l’instar d’Araminte dans l’acte I scène 5 : «  Araminte, à part. Je n’ai pas le courage de l’affliger ! (…) je n’oserais presque le regarder.  »
  • La parole reste policée mais le corps des personnages trahit la vérité , créant un contraste comique. Par exemple , à la scène 13 de l’acte II, Dorante est dans un état second d’égarement, alors qu’Araminte lui demande de rédiger une lettre pour le Comte : « ton ému », « toujours distrait ».

III – Paradoxalement, la vérité se manifeste grâce au mensonge

A – le mensonge permet de faire émerger la vérité.

  • Le stratagème de Dubois est, finalement, le seul moyen de lever les masques des conventions sociales pour faire parler l’amour : «  il faudra que tout se rende. Quand l’amour parle, il est le maître et il parlera  » (acte I scène 2). 
  • Le mensonge est donc une stratégie pour atteindre la vérité . Ainsi, Araminte feint de vouloir épouser le comte à la scène 13 de l’acte II pour faire éclater la vérité.

B – Le dénouement laisse place à la vraie confidence

  • La scène de dénouement achève de rétablir la vérité en dissipant les illusions. Araminte s’exclame devant Dorante : «  Vous donner mon portrait ! Songez-vous que ce serait avouer que je vous aime ?  » (Acte III, scène 12). L’irréel du présent marque la volonté de faire perdurer le mensonge.
  • Mais l’indifférence feinte d’Araminte ne résiste pas à la vérité et à la vraie confidence  : «  Dorante : Que vous m’aimez, Madame ! Quelle idée ! Qui pourrait se l’imaginer ? Araminte, d’un ton vif et naïf. Et voilà pourtant ce qui m’arrive.  » L’amour triomphe enfin.

C – L’illusion théâtrale permet à la vérité de s’exprimer

  • L’illusion théâtrale permet de révéler la fausseté des valeurs sociales . Sur scène, Marivaux montre une société obnubilée par l’argent et le rang social, qui ne parvient pas à reconnaître le mérite personnel de chacun. C’est grâce à cette illusion théâtrale que tombent les masques de la comédie sociale .
  • Nous ne sommes pas loin de l’Illusion comique (1635) de Corneille où l’illusion théâtrale permet aussi de faire émerger la vérité des sentiments. Dans cette pièce, Pridamant croit assister en direct, grâce au magicien Alcandre, à la vie de son fils Clindor. Mais il assiste en réalité à une représentation théâtrale jouée par son fils devenu acteur. L’illusion théâtrale donne l’occasion à Pridamant de retrouver son amour pour son fils.
  • Avec Les Fausses confidences, Marivaux fait une mise en abyme du théâtre où la proximité de l’illusion et de la réalité fait poindre la vérité. Arlequin conclut d’ailleurs la pièce en soulignant les ponts entre l’illusion et la réalité : «  Pardi, nous nous soucions bien de ton tableau à présent ; l’original nous en fournira bien d’autres copies.  » ( Acte III, scène 13)

Les Fausses confidences est une pièce emblématique de l’œuvre théâtrale de Marivaux. Son titre promet la prédominance du mensonge . Pourtant, c’est la vérité qui affleure dans les mots et les corps des personnages et finit par triompher. À travers cet entremêlement de la vérité et du mensonge, Marivaux dresse un éloge de l’illusion dramatique qui permet de faire émerger la vérité .

Beaumarchais, à la fin du XVIIIème siècle, reprend aussi ce jeu entre le mensonge et la vérité à travers le personnage de Figaro , le valet astucieux qui use de stratagèmes et de tromperies pour faire jaillir la vérité et révéler la vanité de la société de l’Ancien Régime.

Pour aller plus loin sur Les Fausses confidences :

  • Les Fausses confidences, acte I scène 2
  • Les Fausses confidences, acte I scène 14
  • Les Fausses confidences, acte II scène 10
  • Les Fausses confidences, acte II scène 13
  • Les Fausses confidences, acte II scène 15
  • Les Fausses confidences, acte III scène 1
  • Les Fausses confidences, acte III scène 8
  • Les Fausses confidences, acte III scène 9
  • Les Fausses confidences, acte III scène 12
  • Les Fausses confidences, acte III scène 13

Autres dissertations :

  • Dissertation sur On ne badine pas avec l’amour
  • Dissertation sur Pour un oui ou pour un non
  • Dissertation sur Le Menteur
  • Dissertation sur Cahiers de Douai
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  • Dissertation sur Sido et Les Vrilles de la vigne
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  • Dissertation sur Juste la fin du monde
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  • Dissertation sur Les Fausses confidences

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Ce blog est consacré à la philosophie et à la littérature dans la mesure où elle a une dimension philosophique. Il est destiné à mes élèves de terminales et de classes préparatoires. Copier ne sert à rien et se remarque facilement.

mardi 19 novembre 2019

Corrigé d'une dissertation : le mensonge est-il parfois légitime , 1 commentaire:.

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Merci mon gars tu gères

Dissertations corrigés de philosophie pour le lycée

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A-t-on le droit de mentir ?

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La question de la légitimité du mensonge est au cœur de nombreux débats philosophiques, éthiques, sociologiques, et même psychologiques. Que signifie « mentir » ? Est-ce un acte nécessairement condamnable ou peut-il être parfois justifié par les circonstances ou la volonté de préserver certains liens sociaux ? Dans cette dissertation, nous tenterons de répondre à la question : « A-t-on le droit de mentir ? ». Pour cela, nous examinerons cette interrogation sous plusieurs angles. D’abord, nous évaluerons éthiquement le mensonge, en le mettant en balance entre la morale universelle et la nécessité contextuelle. Ensuite, nous nous demanderons si une totale transparence est possible en explorant les limites de l’honnêteté. Dans un troisième temps, nous nous pencherons sur la nature humaine et sa tendance à la duperie, pour déterminer si le mensonge est intrinsèquement mauvais. Enfin, nous analyserons le rôle social du mensonge, entre la manipulation et la préservation des liens interpersonnels. Par ces différentes perspectives, nous espérons mettre en lumière les contours complexes de cette question, entre nécessité et interdit.

Évaluation éthique du mensonge: entre morale universelle et nécessité contextuelle

Aux yeux de certains philosophes comme Emmanuel Kant , le mensonge est inconditionnellement inacceptable. Kant, dans sa doctrine de l’éthique déontologique, soutient l’idée que le mensonge, quelles que soient les circonstances, est une atteinte à la morale universelle. Il avance que mentir défie la loi morale universelle du « devoir-être », qui stipule que chaque individu a le droit à la vérité.

Cependant, cette vue souvent décrite comme idéaliste et dogmatique peut être contestée par l’éthique contextuelle. Certains actes de mensonge peuvent être justifiés dans des situations spécifiques. Le philosophe utilitariste John Stuart Mill, par exemple, soutient qu’un acte est moral si et seulement si il maximise le bien-être général. Ainsi, un mensonge qui sauvegerait des vies ou éviterait des souffrances inutiles pourrait être considéré comme acceptable étant donné le contexte.

Par ailleurs, il est crucial de noter que le mensonge n’est pas toujours volontaire ou conscient. De nombreuses nuances sont à prendre en compte, comme les mensonges par omission, les mensonges par déformation ou les erreurs factuelles. Nous pouvons ici citer Sigmund Freud, qui a introduit le concept de « déni », un mécanisme de défense psychologique où l’individu refuse d’accepter une réalité perturbante, d’une certaine manière, mentant à lui-même.

La transparence absolue est-elle possible? Exploration des limites de l’honnêteté

La question de la possibilité de la transparence absolue est complexe. Il pourrait sembler, à première vue, que en tant qu’êtres moraux, nous devrions tous aspirer à l’honnêteté totale. Cependant, cette aspiration élève deux préoccupations essentielles. Premièrement, comme l’a écrit le philosophe Friedrich Nietzsche , la vérité absolue peut être destructrice : « Nous avons besoin de l’art pour ne pas périr de la vérité ».

Deuxièmement, l’honnêteté absolue pourrait être considérée comme un manque de tact ou une violation de la vie privée de l’autre. Comme le philosophe Louis P. Pojman l’a souligné, certaines vérités peuvent être trop douloureuses à entendre ou à partager. En d’autres termes, le droit à l’information véridique peut parfois entrer en conflit avec d’autres droits, comme le droit à la dignité et à la vie privée.

Enfin, il est important de noter qu’être honnête ne signifie pas nécessairement dire toute la vérité. Par exemple, un médecin peut choisir de ne pas révéler tous les détails sur l’état de santé d’un patient afin de ne pas le stresser inutilement, une pratique connue sous le nom de « mensonge par omission ». La transparence absolue semble donc plus un idéal qu’une réalité pratique.

Nature humaine et tendance à la duperie : le mensonge est-il intrinsèquement mauvais ?

Le mensonge, comme tendance humaine naturelle à la tromperie, parvient à défier le concept de « bien » et de « mal ». Certaines écoles de pensée considèrent le mensonge comme nécessaire à la société et à l’évolution humaine. Des scientifiques comme Robert Trivers soutiennent que le talent pour la duperie est le produit de la sélection naturelle et une tactique de survie.

Dans un autre sens, le philosophe grec Platon soutenait que le mensonge, sous certaines formes contrôlées, pourrait être bénéfique, même dans une société idéalisée – une idée exposée principalement dans sa République, où il propose le concept du « mensonge noble ».

Cela dit, ces approches ne dédouanent pas le mensonge de ses inconvénients et dangers. Le mensonge peut éroder la confiance, un pilier essentiel de toute relation interpersonnelle ou, à plus grande échelle, de toute société. La vérité est souvent considérée comme une vertu fondamentale non seulement pour l’éthique personnelle, mais aussi pour la stabilité et la cohésion sociale. Par conséquent, même si le mensonge n’est pas forcément maudit comme intrinsèquement « mauvais », il reste une action complexe, lourde de conséquences sur notre manière de vivre le monde.

Rôle social du mensonge : entre manipulation et préservation des liens interpersonnels

Le mensonge joue un rôle important dans les dynamiques sociales, touchant à des aspects aussi variés que la manipulation de l’information pour un gain personnel à la préservation des rapports interpersonnels. Par exemple, le mensonge peut être nécessaire pour éviter les conflits ou pour flatter, comme le souligne « Le Prince » de Machiavel . Cette faculté de mentir peut être perçue comme une compétence sociale, nous permettant de naviguer dans des situations sociales complexes.

D’un autre côté, comme le fait remarquer George Orwell dans « 1984 », le mensonge est un outil puissant pour la manipulation et le contrôle de masse. En politique, le mensonge est fréquemment utilisé pour influencer l’opinion publique, construire le consentement, ou dissimuler des vérités gênantes.

Toutefois, il y a un prix à payer pour cette utilisation sociale du mensonge. Comme le souligne le philosophe Confucius, une société basée sur le mensonge n’est pas une société stable. La confiance, le respect et l’authenticité sont des piliers essentiels de toute relation saine, et leur érosion peut mettre en péril la cohésion sociale. Le mensonge, malgré son traitement comme une compétence sociale, doit donc être utilisé de manière judicieuse et éthiquement réfléchie.

En conclusion, le droit de mentir n’est pas une question tranchée. Du point de vue éthique, le mensonge est souvent perçu comme un mal nécessaire, dicté par les contraintes contextuelles, contre une morale universelle qui idéalise la vérité. L’idée d’une transparence absolue, toutefois, semble utopique et peut même s’avérer nuisible, posant ainsi des limites à l’honnêteté. Par ailleurs, la tendance humaine à mentir, bien qu’elle soulève des questionnements sur la nature intrinsèquement bonne ou mauvaise de l’homme, illustre surtout sa faculté d’adaptation et de survie. Enfin, le mensonge, aussi pernicieux qu’il puisse être, peut parfois servir à maintenir une cohésion sociale, une paix relative, voire à protéger autrui. Est-ce donc le mensonge en lui-même qui est condamnable, ou l’usage que nous en faisons ? Les arguments présentés dans cette dissertation suggèrent une voie médiane, celle d’une honnêteté mesurée, tenant compte à la fois des exigences de la vérité et de la complexité du réel. Le droit de mentir ne serait alors pas absolu, mais ni totalement interdit. Ce serait un droit encadré, accepté en certaines circonstances et interdit en d’autres.

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Le mensonge

Par laure074545   •  9 Février 2022  •  Dissertation  •  1 020 Mots (5 Pages)  •  603 Vues

Que nous apprend la possibilité du mensonge sur la nature du langage ?

Dans notre société, il y a des règles morales élémentaires, comme par exemple ne pas se moquer d'un plus faible que soi, ne pas voler, aider les autres, dire la vérité. Mais parfois certaines personnes font le choix ou on la volonter de cacher, de détourner ou de transphormer la vériter ou se qu’on pense  être la vérité donc de mentir ; ce qui a un impacte sur la nature qui définit le langage ; qui est   une institution universelle qui est constituée de signes possédent une double articulation et permettant l’expréssion et la communication.

Mais dans certains cas, il vaut mieux ne pas dire la vérité, car si dire la vérité doit être entendue, certaines paroles pourraient être mal interpréter et avoir des conséquences graves.

On en vient finalement a la question suivante que nous enseigne la potentialité de formuler par le langage autre chose que ce qu’on penses être la vérité ? Ou faut-il parfois mentir ou ne pas dire une vérité ?

Nous parlerons de la vérité puis du mensonge et pour finir du mensonge qui est une transformation de la vérité.

T out d’abord quand deux personnes se font face, quand une personne sait quelque chose que l'autre personne ne sait pas, la question de savoir s'il faut dire la vérité se pose, la personne qui ne sait rien demande ou ne demande pas, et donc l'autre personne se trouve face à deux possibilités soit dire ce qu'elle sait et donc être  honnête ; ou couvrir la vérité donc mentir ou se taire, en quelque sorte c'est être malhonnête. Lorsque la personne qui veut parler connaît une vérité dangereuse, une vérité qui va causer des ennuis à quelqu'un, la question de savoir s'il faut dire la vérité se pose. Si je dis qu'il y a des champignons ce matin, je dis la vérité, mais cela n'accorde une attention particulière à personne, et donc ne causera de difficultés à personne, et ne sera pas question de savoir si je peux dire la vérité. Alors que par exemple dans les  compagnies d'assurances certains accidentés exagèrent parfois les dommages qu'ils ont subis pour se faire indemniser au maximum, il ment et la question se pose.

La vérité est la correspondance entre ce que je dis, et ce qui est ; elle s’oppose donc au EERmensonge .Détenir la vérité, c’est donc énoncer un discours objectif qui correspond à la réalité, pourtant parfois, il vaut mieux se taire que de blesser l’autre. Comme par exemple « Est-ce que tu aimes ma nouvelle coupe de cheveux ? » …Est-ce vraiment grave de dire « Oui tu es très jolie » même si on ne le pense pas vraiment ? Après tout il s’agit de faire plaisir et ça ne porte pas vraiment à conséquence.QaQ

Mais toutes les personnes savent en général qu’il est préferable de dire la vérité, pour le respecte des autres, et avoir des relations avec de la confiance et saine. On sait que ce n’est pas forcément évident de toujours dire la vérié peut-être parce qu’il y aurait trop de souffrance et donc mentir serait mieux, mais dans des cas particulier on a cette idéé que c’est bien de mentir sans pour autant être malhonnête ou être un menteur.

D’une manière générale, la vérité est essentielle pour garder ses amis et garder la confiance des gens qui t’entourent.

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La question de la légitimité du mensonge est au cœur de nombreux débats philosophiques, éthiques, sociologiques, et même psychologiques. Que signifie « mentir » ? Est-ce un acte nécessairement condamnable ou peut-il être parfois justifié par les circonstances ou la volonté de préserver certains liens sociaux ? Dans cette dissertation, nous tenterons de répondre à la question : « A-t-on le droit de mentir ? ». Pour cela, nous examinerons cette interrogation sous plusieurs angles. D’abord, nous évaluerons éthiquement le mensonge, en le mettant en balance entre la morale universelle et la nécessité contextuelle. Ensuite, nous nous demanderons si une totale transparence est possible en explorant les limites de l’honnêteté. Dans un troisième temps, nous nous pencherons sur la nature humaine et sa tendance à la duperie, pour déterminer si le mensonge est intrinsèquement mauvais. Enfin, nous analyserons le rôle social du mensonge, entre la manipulation et la préservation des liens interpersonnels. Par ces différentes perspectives, nous espérons mettre en lumière les contours complexes de cette question, entre nécessité et interdit.

Évaluation éthique du mensonge: entre morale universelle et nécessité contextuelle

Aux yeux de certains philosophes comme Emmanuel Kant , le mensonge est inconditionnellement inacceptable. Kant, dans sa doctrine de l’éthique déontologique, soutient l’idée que le mensonge, quelles que soient les circonstances, est une atteinte à la morale universelle. Il avance que mentir défie la loi morale universelle du « devoir-être », qui stipule que chaque individu a le droit à la vérité.

Cependant, cette vue souvent décrite comme idéaliste et dogmatique peut être contestée par l’éthique contextuelle. Certains actes de mensonge peuvent être justifiés dans des situations spécifiques. Le philosophe utilitariste John Stuart Mill, par exemple, soutient qu’un acte est moral si et seulement si il maximise le bien-être général. Ainsi, un mensonge qui sauvegerait des vies ou éviterait des souffrances inutiles pourrait être considéré comme acceptable étant donné le contexte.

Par ailleurs, il est crucial de noter que le mensonge n’est pas toujours volontaire ou conscient. De nombreuses nuances sont à prendre en compte, comme les mensonges par omission, les mensonges par déformation ou les erreurs factuelles. Nous pouvons ici citer Sigmund Freud, qui a introduit le concept de « déni », un mécanisme de défense psychologique où l’individu refuse d’accepter une réalité perturbante, d’une certaine manière, mentant à lui-même.

La transparence absolue est-elle possible? Exploration des limites de l’honnêteté

La question de la possibilité de la transparence absolue est complexe. Il pourrait sembler, à première vue, que en tant qu’êtres moraux, nous devrions tous aspirer à l’honnêteté totale. Cependant, cette aspiration élève deux préoccupations essentielles. Premièrement, comme l’a écrit le philosophe Friedrich Nietzsche , la vérité absolue peut être destructrice : « Nous avons besoin de l’art pour ne pas périr de la vérité ».

Deuxièmement, l’honnêteté absolue pourrait être considérée comme un manque de tact ou une violation de la vie privée de l’autre. Comme le philosophe Louis P. Pojman l’a souligné, certaines vérités peuvent être trop douloureuses à entendre ou à partager. En d’autres termes, le droit à l’information véridique peut parfois entrer en conflit avec d’autres droits, comme le droit à la dignité et à la vie privée.

Enfin, il est important de noter qu’être honnête ne signifie pas nécessairement dire toute la vérité. Par exemple, un médecin peut choisir de ne pas révéler tous les détails sur l’état de santé d’un patient afin de ne pas le stresser inutilement, une pratique connue sous le nom de « mensonge par omission ». La transparence absolue semble donc plus un idéal qu’une réalité pratique.

Nature humaine et tendance à la duperie : le mensonge est-il intrinsèquement mauvais ?

Le mensonge, comme tendance humaine naturelle à la tromperie, parvient à défier le concept de « bien » et de « mal ». Certaines écoles de pensée considèrent le mensonge comme nécessaire à la société et à l’évolution humaine. Des scientifiques comme Robert Trivers soutiennent que le talent pour la duperie est le produit de la sélection naturelle et une tactique de survie.

Dans un autre sens, le philosophe grec Platon soutenait que le mensonge, sous certaines formes contrôlées, pourrait être bénéfique, même dans une société idéalisée – une idée exposée principalement dans sa République, où il propose le concept du « mensonge noble ».

Cela dit, ces approches ne dédouanent pas le mensonge de ses inconvénients et dangers. Le mensonge peut éroder la confiance, un pilier essentiel de toute relation interpersonnelle ou, à plus grande échelle, de toute société. La vérité est souvent considérée comme une vertu fondamentale non seulement pour l’éthique personnelle, mais aussi pour la stabilité et la cohésion sociale. Par conséquent, même si le mensonge n’est pas forcément maudit comme intrinsèquement « mauvais », il reste une action complexe, lourde de conséquences sur notre manière de vivre le monde.

Rôle social du mensonge : entre manipulation et préservation des liens interpersonnels

Le mensonge joue un rôle important dans les dynamiques sociales, touchant à des aspects aussi variés que la manipulation de l’information pour un gain personnel à la préservation des rapports interpersonnels. Par exemple, le mensonge peut être nécessaire pour éviter les conflits ou pour flatter, comme le souligne « Le Prince » de Machiavel . Cette faculté de mentir peut être perçue comme une compétence sociale, nous permettant de naviguer dans des situations sociales complexes.

D’un autre côté, comme le fait remarquer George Orwell dans « 1984 », le mensonge est un outil puissant pour la manipulation et le contrôle de masse. En politique, le mensonge est fréquemment utilisé pour influencer l’opinion publique, construire le consentement, ou dissimuler des vérités gênantes.

Toutefois, il y a un prix à payer pour cette utilisation sociale du mensonge. Comme le souligne le philosophe Confucius, une société basée sur le mensonge n’est pas une société stable. La confiance, le respect et l’authenticité sont des piliers essentiels de toute relation saine, et leur érosion peut mettre en péril la cohésion sociale. Le mensonge, malgré son traitement comme une compétence sociale, doit donc être utilisé de manière judicieuse et éthiquement réfléchie.

En conclusion, le droit de mentir n’est pas une question tranchée. Du point de vue éthique, le mensonge est souvent perçu comme un mal nécessaire, dicté par les contraintes contextuelles, contre une morale universelle qui idéalise la vérité. L’idée d’une transparence absolue, toutefois, semble utopique et peut même s’avérer nuisible, posant ainsi des limites à l’honnêteté. Par ailleurs, la tendance humaine à mentir, bien qu’elle soulève des questionnements sur la nature intrinsèquement bonne ou mauvaise de l’homme, illustre surtout sa faculté d’adaptation et de survie. Enfin, le mensonge, aussi pernicieux qu’il puisse être, peut parfois servir à maintenir une cohésion sociale, une paix relative, voire à protéger autrui. Est-ce donc le mensonge en lui-même qui est condamnable, ou l’usage que nous en faisons ? Les arguments présentés dans cette dissertation suggèrent une voie médiane, celle d’une honnêteté mesurée, tenant compte à la fois des exigences de la vérité et de la complexité du réel. Le droit de mentir ne serait alors pas absolu, mais ni totalement interdit. Ce serait un droit encadré, accepté en certaines circonstances et interdit en d’autres.

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mardi 19 novembre 2019

Corrigé d'une dissertation : le mensonge est-il parfois légitime , 1 commentaire:.

sujet de dissertation mensonge

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Sujet et corrigé d'une dissertation (terminales technologiques) : Le mensonge est-il parfois légitime ?

Publié le 21 mars 2013 par Bégnana

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Corrigé d'une dissertation : Le mensonge est-il parfois légitime ?

Corrigé d'une dissertation : Le mensonge est-il parfois légitime ?

Le mensonge, qui consiste à dire autre chose que ce qu'on croit vrai, est une arme comme le soutient Schopenhauer dans son Fondement de la morale (1840). En effet, il sert à nuire aux autres. Aussi

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Le mensonge peut-il être moral ?

Bienvenue sur Apprendre la philosophie ! Si vous êtes nouveau ici, vous voudrez sans doute lire mon livre qui vous explique comment réussir votre épreuve de philosophie au bac : cliquez ici pour télécharger le livre gratuitement ! 🙂

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La question du mensonge et de sa moralité est une question philosophique abordée notamment par des auteurs comme Kant, Rousseau ou Benjamin Constant. Je vais ici vous présenter certains éléments du problèmes et arguments sur cette question.

Le mensonge peut-il être moral  si c’est pour une bonne raison ? Ou bien doit-on dire que mentir est toujours moralement condamnable quelque soit la raison pour laquelle nous pourrions être amené à mentir ? Mais si l’on admet que mentir est toujours immoral, en est-il de même du mensonge par omission ou plus généralement du fait de cacher la vérité sans pour autant dire le faux ? Pour plus de précisions sur la manière de formuler une problématique en philosophie, je vous renvoie à cet article sur le sujet .

Le mensonge est traditionnellement condamné

Le mensonge est généralement très largement condamné dans notre culture judéo-chrétienne qui suit en cela les principes de Saint Augustin d’Hippone, philosophe et théologien du IIIe-IVe siècle après J-C. En effet, Saint Augustin contre Saint Jérôme, condamne dans Du mensonge toute idée qu’il pourrait y avoir de « bons mensonges». A ses yeux, le mensonge est mauvais par nature quelque soit la situation ou la fin du mensonge car il consiste à « parler contre sa pensée avec l’intention de tromper ». Ce faisant, le menteur est donc un homme au cœur double qui sait le vrai et dit le faux. Ainsi, pour Augustin, le menteur pèche contre Dieu du fait de sa duplicité et pèche contre son semblable par son désir de le tromper. 

Néanmoins, si Saint Augustin condamne le mensonge sans équivoque, il distingue le mensonge du secret au sens strict car « cacher la vérité n’est pas mentir ». Ainsi, quand le devoir de dire vrai et la charité chrétienne entrent en conflit le devoir est de déclarer : « Je sais mais je ne parlerai pas ». Il admet néanmoins que cette solution est extrêmement risquée et coûteuse pour celui qui garde le secret et indique donc qu’il est possible d’avoir recours à des expressions équivoques afin d’induire l’interlocuteur malintentionné en erreur sans que cela soit un mensonge franc. Ce procédé peut être utilisé dès lors que ce qui est dit est en partie vrai. Saint Augustin prend ainsi l’exemple d’Abraham qui craignant pour la vie de Sarah déclare au Pharaon que Sarah est sa sœur et non sa femme. La réponse n’est pas fausse car Sarah est bien sa demi-sœur, mais elle est aussi son épouse. Saint Augustin distingue ainsi le mensonge franc du fait de garder un secret en utilisant l’ambiguïté.

Le mensonge met en danger la société

La question de savoir si l’on peut ou non ne pas dire toute la vérité à un homme est traitée notamment dans une controverse qui oppose Emmanuel Kant à Benjamin Constant.

Kant condamne tout mensonge délibéré. Selon lui, il n’est absolument pas moral de mentir même pour garder un secret. L’homme a pour devoir de dire la vérité ou plus exactement de dire ce qu’il croit vrai. Si le Sujet vient à mentir alors il enfreint le premier impératif catégorique exposé en ces termes  par Kant dans les Fondements de la métaphysique des mœurs : « Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en loi universelle de la nature ». Cela signifie que l’individu doit pouvoir rationnellement vouloir que chacun agisse comme lui de telle sorte que cela devienne la norme. Or, selon Kant, nous ne pouvons pas rationnellement vouloir que tout le monde mente car cela rendrait toute vie en société impossible. Il n’y aurait, en effet, plus aucun lien entre des personnes qui se mentent constamment et mutuellement. De plus, selon Kant, celui qui ment doit ensuite endosser la responsabilité morale de tout ce qui peut arriver du fait de son mensonge car il est intervenu dans le cours des événements.

« Si je dis quelque chose de faux dans des affaires d’importance où le mien et le tien sont en jeu, dois-je répondre de toutes les conséquences qui peuvent suivre de mon mensonge ? Par exemple, un maître a donné l’ordre de répondre, si quelqu’un le demandait, qu’il n’est pas à la maison. Le domestique suit la consigne reçue, mais il est cause par-là que son maître, après être sorti, commet un grand crime, ce qui aurait été empêché par la force armée envoyée pour l’appréhender. Sur qui retombe ici la faute, selon les principes de l’éthique ? A n’en pas douter sur le domestique également qui, par le mensonge a enfreint un devoir envers lui-même : sa propre conscience doit lui reprocher les conséquences. » (Kant ; Doctrine de la vertu Ch. 1, Art. 1 Du mensonge , 1797)

Aux yeux de Kant, il n’est donc pas moral de mentir pour garder un secret même si cela semble être dans l’intérêt d’autrui. C’est sur ce point notamment que Benjamin Constant s’oppose à la thèse de Kant dans ses Réactions politiques.

Doit-on mentir à un assassin ?

Le débat entre Kant et Constant porte notamment sur la situation suivante : si un assassin vient vous demander si votre ami s’est réfugié chez vous, n’est-il pas moral de lui mentir ? Un ami ne peut-il pas attendre légitiment de vous que vous gardiez son secret si sa vie est menacée ? Pour Kant, le mensonge est toujours condamnable car vous prenez alors la responsabilité de ce qui va se passer ensuite. Si vous mentez en disant que votre ami n’est pas là, et que l’assassin retournant dans la rue y trouve votre ami qui était sorti de la maison entre temps, alors c’est votre faute. Constant remarque lui, au contraire, que le lien social et la moralité même se trouvent menacés si l’on ne peut faire confiance à personne même pas à un ami pour garder un secret vital. Il va donc chercher à trouver une règle qui permette de justifier le mensonge dans ce cas.

« Dire la vérité est un devoir. Qu’est-ce qu’un devoir ? L’idée de devoir est inséparable de celle de droits : un devoir est ce qui, dans un être, correspond aux droits d’un autre. Là où il n’y a pas de droits, il n’y a pas de devoirs. Dire la vérité n’est donc un devoir qu’envers ceux qui ont droit à la vérité. Or nul homme n’a droit à la vérité qui nuit à autrui. » (Benjamin Constant, Des réactions politiques , Paris, Flammarion, 2013)

Benjamin Constant voit donc les conséquences terribles que pourrait avoir l’obligation morale de toujours dire la vérité et cherche à montrer que l’idée qu’il y aurait un devoir de dire la vérité est infondée car il n’existe pas de droit à la vérité dès lors que cette vérité peut nuire à autrui. En effet, dans un Etat de droit, chaque individu peut faire usage de sa liberté dès lors que celle-ci ne menace pas la liberté d’autrui. En d’autres termes, chacun a des libertés garanties par l’Etat que l’on appelle des droits et donc des devoirs car il doit respecter les droits des autres. Par exemple, si un individu a le droit de s’exprimer alors les autres ont le devoir de le laisser s’exprimer et s’ils ne le font pas, ils peuvent être sanctionnés par la loi. Ainsi, avoir un droit c’est avoir l’autorisation de faire quelque chose que les autres n’ont pas le droit de m’empêcher de faire. Constant défend ici l’idée que ce système de droits et devoirs ne peut fonctionner et être respecté que si les droits qui sont donnés aux individus sont des droits qui ne nuisent pas à autrui. En effet, l’objectif du droit en général est bien la coexistence pacifique des individus. Or, si l’on donne des droits à certains qui sont nuisibles pour les autres alors il semble légitime d’en dénoncer l’injustice.

Pour conclure, on pourrait en suivant Constant défendre que garder un secret en mentant est même un devoir moral si la personne qui demande la vérité a pour but de nuire à autrui et n’a donc pas droit à la vérité. On pourrait alors nous objecter avec Saint Augustin qu’il est préférable de refuser de répondre plutôt que de mentir ou de donner une réponse équivoque qui trompe l’interlocuteur, mais comme lui-même l’admet c’est là s’exposer soi-même à biens des risques sans certitude d’aider notre ami car notre interlocuteur peut interpréter notre silence comme un aveu. Ainsi, par notre silence, nous pouvons aussi trahir autrui. En revanche, mentir délibérément à autrui si la réponse ne présente pas de danger pour les autres, reste sans nul doute une faute morale.

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N’y a-t-il aucune vérité dans le mensonge ?

L'analyse du professeur.

Le sujet se présente sous la forme d’une contradiction surprenante puisqu’il demande de réfléchir à la possibilité de mettre sur le même plan deux notions parfaitement opposées. Il faut donc soulever cette contradiction pour montrer que le problème est en fait de s’interroger ici sur l’origine du mensonge et son statut d’occultation de la vérité. C’est seulement à ce titre que nous pourrons penser une vérité du mensonge, c’est-à-dire essayer de savoir si une affirmation, même fausse, peut-être dépassée pour nous instruire vraiment sur quelque chose, au-delà de sa volonté de tromper. Ce sujet fait donc problème parce qu’il conduit à deux affirmations paradoxales. D’une part, le vrai exclut par nature le mensonge : le mensonge est le contraire de la vérité, et ne se définit justement que comme volonté de cacher la vérité. D’autre part, le mensonge contient une part de vérité, directement ou indirectement, dans la mesure où non seulement l’analyse des motifs du mensonge révèle les raisons pour lesquelles il fallait cacher le vrai, mais surtout plus profondément, le mensonge révèle une vérité subjective, puisque celui qui ment veut que soit vraie une autre interprétation

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Le mensonge.

« Les menteurs les plus grands disent vrai quelquefois. » Corneille

À quoi bon le mensonge ? C’est autour de cette question que rayonnent les réflexions des philosophes et écrivains qui se sont intéressés à l’acte de mentir. Peut-on justifier le mensonge auquel nous avons, depuis l’enfance, tous recours? Est-il de bons mensonges, des mensonges nécessaires en certaines circonstances, de petits mensonges autorisés? D’un rejet absolu jusqu’à la fascination que peut exercer le menteur, les réponses apportées ont été diverses.

Et si le théâtre, lieu par excellence du masque et de l’illusion, a donné naissance à de nombreux port raits de menteurs, le roman d’imagination, dont le visage feint la réalité, a pu être vu en lui-même comme un innocent mensonge ou, pour reprendre le terme d’Aragon, un art du « mentir-vrai ».

Dossier initialement publié dans le numéro 27 des Mots du Cercle, février-mars 2006 .

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  • Bibliographie

« À tant de menteries, comme il savait donner l’apparence du vrai ! » (Homére, Odyssée )

L’acte de mentir est d’abord une prise de parole, une formulation. Le mensonge par omission, parce qu’il est silencieux, n’en est pas vraiment un. Ce discours met en jeu une relation au minimum duelle. Le mensonge s’inscrit dans le cadre d’un dialogue, au cours duquel le menteur déformera volontairement une notion, une information que lui et son partenaire tiennent pour établie. Cette altération de la vérité répond à deux impératifs : le mensonge doit avoir l’apparence du vrai, sinon la tromperie ne prend pas (le menteur doit paraître de bonne foi), et le mensonge doit être formulé sciemment. Un mensonge involontaire n’en est plus un, il ressortit plutôt à l’erreur. On doit pouvoir identifier chez le menteur le désir de tromper, le désir d’ être cru.

Pour reprendre les mots de Rousseau dans la « Quatrième promenade » des Rêveries du promeneur solitaire , consacrée au mensonge : « Dire faux n’est mentir que par l’intention de tromper. » En ce sens, cette conscience forte du menteur qu’il est en train de jouer la comédie, c’est-à-dire qu’il connaît la vérité et choisit de la détourner, cette prise de risque assumée que représente le mensonge (que se passe-t-il si l’on me découvre ?) suppose une sorte de dédoublement. Quiconque ment a toujours un choix entre deux paroles : la vérité et le mensonge. Il prononce le mensonge tout en sachant parfaitement qu’il en est un. Et c’est donc à ce titre que le mensonge à soi-même relève du paradoxe. Comme le rappelle Jacques Derrida dans son Histoire du mensonge , la notion même de se tromper n’est pas sans poser des difficultés.

« Et, alors un mensonge m’a échappé, et mon nez s’est mis à grandir et il ne passait plus par la porte de la chambre. » (Collodi, Pinocchio )

Si la nature d’un mensonge fait qu’il est - dans un premier temps - nécessairement cru, c’est qu’il sait prendre parfaitement l’apparence de la vérité, et qu’en ce sens le mensonge est toujours d’abord invisible. Et c’est peut-être cette invisibilité qui en fait le caractère maléfique - comme la possibilité du mal absolu qu’offre au Wilhelm Storitz de Jules Verne le secret de l’invisibilité. Le visage impassible du menteur (Corneille écrit, à son propos : « Le dedans paraît mal en ces miroirs flatteurs »), le fait que le menteur semble dire la vérité, rend la tromperie redoutable. Rien, à part peut-être le nez de Pinocchio, ne permet de voir le mensonge. Et cette garantie dont l’insolent pantin prend malgré lui acte, le condamne à une vérité qui est tout sauf humaine. C’est bien là une qualité de l’homme, une de ses libertés, que de pouvoir mentir en toute liberté.

Et en même temps, le mensonge doit porter en lui-même l’amorce du dévoilement de sa véritable nature. En ce sens, un mensonge, dès qu’il est formulé, compte à rebours jusqu’au moment où la vérité va éclater. Un mensonge qui serait universellement cru n’en serait plus un, à moins de pouvoir pénétrer dans la conscience du menteur.

« Juliette. - Vous aimez ça ? Qu’on vous mente ? Mais c’est du vice… » (Sarraute, Le Mensonge )

L’histoire morale du mensonge coïncide avec celle de sa condamnation. Curieusement, il semble que ce soit toujours le point de vue de la victime malheureuse du mensonge qui ait été pris en compte. Et la plupart des auteurs, penseurs ou écrivains ont disqualifié le mensonge comme une des fautes les plus graves. L’Œnone de Racine précipite par son mensonge (elle défend Phèdre devant Thésée, accusant faussement Hippolyte de l’avoir séduite) la catastrophe de Phèdre . Car tout d’abord le mensonge pourrit la parole et la confiance qui y est attachée et par conséquent les liens entre les hommes. C’est ce que formule Montaigne : « En vérité le mentir est un maudit vice. Nous ne sommes hommes et ne nous tenons les uns aux autres que par la parole. » ( Essais , Livre premier, « Des menteurs »). Quand il y a mensonge, «nous ne nous tenons plus, nous ne nous entreconnaissons plus.»

Géronte, le père du menteur "éponyme" de la pièce de Corneille, fait le même reproche à son fils, lui demandant : « Quel besoin avais-tu d’un si lâche artifice ? », brouillant de ses mensonges réitérés la confiance qu’il mettait en lui.

« Mais le revers de la vérité a cent mille figures et un champ indéfini. » (Montaigne, Essais )

Mais c’est aussi parce que le menteur acquiert une forme de toutepuissance sur autrui qu’il convient de la limiter par la condamnation du mensonge. À ce titre, un roman comme L’ Adversaire d’Emmanuel Carrère, qui décrit la pyramide de mensonges élaborés par Jean-Claude Romand jusqu’au meurt re des siens, contient la condamnation implicite du mensonge, y compris du premier, du plus innocent, comme le fondement de tous les autres. Mais à travers sa personne, c’est aussi la notion même de parole que le menteur dégrade. Ne dit-on pas « donner sa parole » pour désigner un engagement absolu de bonne foi ? En ce sens une parole mensongère jette une ombre sur toutes les paroles à venir, car elle porte en elle la possibilité d’une nouvelle déception, elle anime à tout jamais le doute. Là encore, Cliton, le valet du menteur cornélien Dorante , dit à propos de la vérité : « Quand un menteur la dit, / En passant par sa bouche elle perd son crédit. » Une fois démasqué le menteur se voit atteint par la permanence du mensonge, et la reconquête de la confiance paraît impossible.

« Les menteurs les plus grands disent vrai quelquefois. » (Corneille, Le Menteur )

Si l’on interroge l’acte même de mentir, le dédoublement de conscience qu’il nécessite, on réalise que tout mensonge est en fait une dissimulation. Les menteurs se servent de cette possibilité qu’offre le langage pour faire disparaître - mais du même coup apparaître - de la vue d’ autrui une vérité blessante ou importune.

Une vérité qu’en tout cas, pour mille et une raisons, le menteur souhaite garder pour lui. Et c’est bien là aussi le risque que prennent, à l’image du Rousseau des Confessions , les auteurs d’autobiographies : pourfendre le mensonge c’est s’exposer, c’est trahir douloureusement son amour-propre au nom de la vérité qu’impose la sincérité. Le menteur préfère lui partager un mensonge plutôt que ce secret qu’il voile. En ce sens, mensonge et secret entretiennent un lien de parenté certain, tous deux envers de l’aveu. Ainsi le Dorante de la Suite du Menteur , condamné à la prison à tort, décide-t-il de mentir pour cacher l’identité du coupable véritable en qui il a reconnu un gentilhomme. À l’inverse, les menteurs compulsifs, comme le colonel Capadose du Menteur d’ Henry James, semblent ne rien dissimuler sous leurs affabulations, et le secret devient énigme.

« O l’utile secret de mentir à propos ! » (Corneille, Le Menteur )

Les textes littéraires qui font d’un menteur le centre de leur intérêt ont à son endroit une attitude pour le moins ambiguë. Le menteur, bien que condamnable parce que trompeur, est aussi un triomphateur. Il remporte sur les autres, sur leurs crédulités, une victoire éclatante - bien que provisoire - jouissant de son pouvoir absolu de manipulation de l’autre. Dorante en ce sens exerce son éloquence sur ses amis, inventant un spectacle aquatique des plus démesurés, qui convainc malgré tout ses auditeurs. Au menteur tout est permis. Mais il emporte également une victoire sur le réel, camouflant les faits de ses paroles, arrangeant un monde menaçant qui ne lui convient pas. Le menteur domine donc aussi l’ingrate réalité, transformant un danger en bienfait. Au-delà de la condamnation de principe, ne doit-on pas rappeler que le mensonge est pour celui qui le formule, mais également pour celui (lecteur, spectateur) qui y assiste sans le subir, un moment de plaisir ? Cert e s le menteur est généralement dénoncé par l’écrivain (Tartuffe est clairement désigné comme l’ennemi et Corneille donne à son Menteur trop sulfureux une Suite dans laquelle Dorante ment pour autrui et pour faire le bien), mais le mensonge demeure bien souvent une subtile création difficilement méprisable.

« Mentir sans profit ni préjudice de soi ou d’autrui n’est pas mentir : ce n’est pas mensonge, c’est fiction. » (Rousseau, Les Rêveries du promeneur solitaire )

Il y a bien en effet un lien étroit entre le mensonge et l’invention créatrice. Les synonymes du mensonge (« conte », « comédie », « fable ») rappellent que le bon menteur est aussi un auteur virtuose. Sans talent, point de mensonge, ce que rappelle Platon lorsqu’il compare deux héros homériques. Ulysse le menteur n’est-il pas supérieur à Achille dans la mesure où il sait user du vrai et du faux et que ses mensonges (on pense notamment à ses ruses chez le Cyclope) sont autant de prouesses, révélant son ingéniosité, son courage et son héroïsme ? « Il faut bonne mémoire après qu’on a menti », indique Cliton, son maître renchérit : « Le Ciel fait cette grâce à fort peu de personnes, / Il y faut promptitude, esprit, mémoire, soins. » Et si le personnage du Menteur de James apparaît comme un imposteur, il est aussi un homme séduisant, suscitant autour de lui admirations mondaines. Il y a sans doute entre auteurs de fictions et menteurs une connivence que souligne Gilles Barbedette dans son Invitation au mensonge : les auteurs qui le fascinent (Flaubert, Sterne, Proust) sont ceux qui, s’éloignant d’une représentation vériste, documentaire ou sincère du réel (telle qu’ont pu la prôner les auteurs naturalistes ou plus récemment les autobiographes), choisissent les voies de la fantaisie. Pour lui, « le roman est la chance morale du mensonge ».

« - Alors, tout ce qu’il m’a raconté hier soir, je suppose, n’était que mensonges. » (Henry James, Le Menteur )

La fiction comme mensonge sans volonté de nuire, puisque son seul souci serait de dive rtir du monde réel, trouve - comme le rappellent les mots du mensonge : feinte, fourbe, comédie - dans le dispositif spectaculaire du théâtre une forme d’expression particulièrement efficace. Le dédoublement mensonger épouse parfaitement le principe de la double énonciation théâtrale. Le spectateur est toujours ave rti du mensonge professé sur la scène, et c’est le recoupement qui trahit le menteur. C’est peut-être pour cette raison que Molière a écrit bon nombre de rôles de menteurs et d’hypocrites.

Le public est alors à la fois complice et juge du mensonge en train de se faire. Et le personnage d’Alceste, dénonçant de manière absolue le mensonge social et la flatterie (« Je veux qu’on soit sincère, et qu’en homme d’honneur, / On ne lâche aucun mot qui ne parte du cœur »), apparaît comme une sorte de chimère à la fois effrayante (si on le suivait, il n’y aurait plus ni fiction, ni théâtre, ni société humaine, et c’est sans doute là une explication métaphorique à sa sortie finale de la scène) et pourtant indispensable (car il met l’hypocrisie à nu, et se fait détenteur de la moralité théâtrale). Le mensonge se tient entre ces deux pôles : un danger nécessaire.

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Avons-nous le devoir de chercher la vérité ?

Dissertation entièrement rédigée en trois parties : I. Le mensonge sert nos intérêts individuels et collectifs, II. Nous avons le devoir de chercher la vérité pour y gagner notre liberté, III. Ce n’est pas la recherche de la vérité qui est blessante, mais son usage Commentaire du professeur : Excellent devoir, propos limpide et convaincant, à la fois simple et ambitieux, parfaitement progressif. Vous apportez une véritable réponse à la question posée. 19/20.

« La vérité est-elle bonne, et donc un devoir, ou doit-on accepter notre ignorance et nos illusions, au nom de la protection contre une vérité qui pourrait s’avérer nuisible ? »

La vérité est une valeur connotée positivement dans la plupart des domaines de notre existence : on proscrit et punit le mensonge de l’enfant, de l’homme politique, et on fait l’éloge de la « transparence ». Pourtant, le mensonge est un fait. Nous ne mentons pas juste pour nous protéger mais aussi pour protéger nos proches sur qui nous craignons les effets blessants de la vérité. Le statut de la vérité est donc paradoxal : valorisée, elle est aussi crainte. Cela explique l’attitude de l’un des personnages du film Matrix qui, après avoir pris connaissance de la réalité, demande à retourner dans l’illusion et l’ignorance d’où il vient. N’est-il pas en effet logique de préférer l’ignorance à une vérité inutilisable, voire nuisible ? Pourtant, ce personnage est aussi, dans le film, le plus immoral, celui qui trahit les autres au profit de son intérêt personnel. En effet, quel genre d’hommes serions-nous si nous renoncions à la recherche de la vérité au profit de notre satisfaction personnelle ? L’habilité à la compréhension et à l’explication du monde n’est-elle pas ce qui distingue l’homme de l’animal ? Cela signifie-t-il que la vérité est un devoir absolu ? Qu’il faut la chercher à tout prix ? Le mensonge et le secret ne sont-ils pas nécessaires au bon fonctionnement des sociétés ? Dès lors, le citoyen n’a-t-il pas le devoir de ne pas toujours chercher la vérité et d’accepter que tout ne lui soit pas dit ? Ainsi, s’il existe un devoir de dire la vérité, nous voyons qu’il pose problème, tant dans sa mise en œuvre que dans ses effets. C’est pourquoi nous nous demandons si nous avons le devoir de chercher la vérité. La vérité est-elle bonne, et donc un devoir, ou doit-on accepter notre ignorance et nos illusions, au nom de la protection contre une vérité qui pourrait s’avérer nuisible ?

Nous verrons dans un premier temps que nous n’avons pas le devoir de chercher la vérité car le mensonge, le secret servent souvent nos intérêts individuels et collectifs. Mais, justement parce qu’elle n’est pas toujours bénéfique, ne s’impose-t-elle pas comme un devoir moral ? Peut-on le suivre à tout prix ?

I. Le mensonge sert nos intérêts individuels et collectifs

La vérité est une valeur fondatrice de nos sociétés. Pourtant, nous nous en méfions aussi. La révélation de la vérité est souvent violente : nous sommes sortis brutalement de nos illusions et de notre ignorance qui constituaient un voile protecteur. C’est pourquoi nous faisons un usage fréquent du mensonge. Il sert parfois à nous protéger nous-mêmes : nous dissimulons une vérité qui pourrait nous nuire et souhaitons alors que les autres ne cherchent pas cette vérité que nous cachons. Mais nous savons alors que ce n’est pas justifiable. En revanche, il peut sembler plus légitime de ne pas chercher une vérité blessante. À quoi bon chercher une vérité qui peut nuire ? Au contraire, nous devons alors ne pas la chercher. Pascal arrive à cette conclusion dans les Pensées. Le fondement du droit n’est pas la justice véritable mais les mœurs. Nous avons le devoir de ne pas chercher la vérité sur l’origine du droit car cela risque d’en mettre en péril la fonction de pacification de la société, si était révélée l’illégitimité de son origine. Chercher la vérité n’est donc pas un devoir : lorsqu’elle est nuisible il faut au contraire la maintenir cachée.

Ainsi, toute société s’organise sur la base d’une dose de mensonge, de secret. L’apprentissage de la politesse est l’apprentissage d’une forme d’hypocrisie dans laquelle on ne doit pas dire toute la vérité et on ne doit pas la chercher non plus. La question « Ça va ? » n’appelle ainsi jamais de réponse sincère mais est simplement formelle. Pour que les relations sociales soient apaisées, mieux vaut que nous ne sachions pas toute la vérité sur ce que les autres pensent de nous. Le citoyen ne doit pas non plus chercher à connaître les vérités que la raison d’État autorise à garder cachées. Ainsi, dans Le Livre du philosophe , Nietzsche explique que l’instinct de vérité n’est pas naturel chez l’homme. Celui-ci est plutôt spontanément tourné vers la ruse qui lui permet de survivre. S’il développe un amour de la vérité, c’est dans un second temps, car elle lui est utile pour vivre avec ses semblables. La vérité n’est donc intéressante que si elle est utile. Nous préférons le mensonge ou l’ignorance à une vérité nuisible ou inutile.

On ne doit donc pas toujours chercher la vérité car celle-ci n’est pas nécessairement bonne. Elle peut être inutile ou nuisible et alors notre quête de vérité sera vaine. Toutefois, cela ne signifie pas que ce ne soit pas notre devoir. Le devoir désigne en effet ce que l’on s’impose à soi-même au nom de valeurs et non de ses intérêts. N’avons-nous alors pas le devoir de chercher la vérité ?

II. Nous avons le devoir de chercher la vérité pour y gagner notre liberté

Chercher la vérité, c’est, en effet, essayer de comprendre et d’expliquer le monde dans lequel nous vivons. Seul l’homme est en mesure de produire un discours scientifique qui lui permet de décrire, d’expliquer et de comprendre la nature et le monde qui l’entourent. Grâce à cette vérité, nous pouvons dominer la nature, la transformer et finalement nous en libérer. Sans ce travail de recherche de la vérité, l’homme resterait à l’état animal : partie d’une nature qu’il subirait. Grâce à la science au contraire, l’homme parvient à s’en extraire. Nous avons donc le devoir de chercher la vérité pour y gagner notre liberté. Ce n’est pas un devoir désintéressé, mais une nécessité qui s’impose à nous car notre existence d’êtres humains en dépend. Ainsi, dans la République , Platon montre dans l’allégorie de la caverne comment l’homme passe de son état de prisonnier ignorant et bercé d’illusions à celui d’homme libre en accédant au savoir, symbolisé par la sortie de la caverne, et l’accès au soleil et à sa lumière. Nous avons donc le devoir de chercher la vérité qui nous libère.

Mais ce n’est pas seulement parce qu’elle est utile que la vérité est un devoir. C’est aussi parce qu’elle est bonne, moralement. Ce n’est pas juste un outil, c’est aussi une valeur liée à notre humanité : la recherche de la vérité est un devoir parce que, justement, elle peut être nuisible, elle apporte la preuve de notre capacité proprement humaine à ne pas seulement être attachés à des intérêts, à ne pas nous contenter de suivre notre instinct de survie. C’est ce qu’explique John Stuart Mill dans L’Utilitarisme : « Il vaut mieux être Socrate malheureux qu’un imbécile heureux », un homme insatisfait qu’un porc satisfait. Parce qu’elle peut nous nuire, ne devons-nous pas pour autant renoncer à la recherche de la vérité au nom du bonheur que procurent les illusions et l’ignorance ? C’est notre dignité d’être humain qui est en jeu dans la recherche de la vérité et l’amour de la connaissance.

Nous avons donc le devoir de chercher la vérité : c’est un devoir moral car là se jouent notre liberté et notre dignité, notre condition d’être humain. Mais un devoir moral est une règle absolue. Il vaut en toutes circonstances. Avons-nous le devoir de chercher ainsi la vérité à tout prix ? Est-il possible de mettre ce devoir en œuvre s’il me nuit, à moi et aux autres ? Comment faire donc pour rendre ce devoir compatible avec la réalité ?

III. Ce n’est pas la recherche de la vérité qui est blessante, mais son usage

Chercher la vérité est un devoir mais, on l’a vu, elle peut être blessante. Or la finalité du devoir moral est d’être mis en œuvre concrètement. Comment faire pour respecter ce devoir s’il peut nuire ? Il y a toutefois là un paradoxe : la vérité peut être blessante mais nous ne le savons qu’une fois que nous l’avons trouvée. Tant que la vérité n’est pas connue, elle ne peut être blessante et donc on peut difficilement trouver là un argument pour ne pas la chercher. De la même manière, une fois qu’elle est connue, ce n’est pas en elle-même qu’elle peut s’avérer dangereuse, mais selon ce que l’on en fait. Le problème des effets négatifs de la vérité ne concerne donc pas tant la recherche de la vérité que son utilisation. Ainsi, selon le mot de Einstein dans sa correspondance, la découverte de la fission atomique et du nucléaire n’est pas plus dangereuse que l’invention des allumettes. Tout est fonction de qui utilise ces découvertes, pour quoi et comment. Nous avons donc le devoir de chercher la vérité car elle n’est pas en elle-même dangereuse.

Cela signifie que ce devoir, dans sa mise en œuvre, doit être associé à des règles qui concernent ce qu’on fait, comment on la dit. Ce qui est nuisible ce n’est donc pas la vérité trouvée mais la vérité révélée. La brutalité de la révélation que nous avons évoquée plus haut concerne ainsi le dévoilement de la vérité une fois qu’elle est connue. Dans Des réactions politiques , Benjamin Constant montre ainsi que toute règle morale doit s’accompagner de règles secondaires, rendant son application possible. On ne peut ainsi suivre aveuglément le devoir de dire la vérité sans réfléchir à qui a droit à cette révélation (par exemple, pas celui qui va l’utiliser contre quelqu’un). De même, nous disons que nous n’avons donc le devoir de chercher la vérité qu’à condition de savoir comment la révéler.

Nous avons donc le devoir de chercher la vérité. Certes, elle peut être dangereuse ou nuisible. Mais nous n’en savons rien tant que nous ne l’avons pas cherchée et il en va de notre liberté et de notre dignité d’hommes de ne pas nous contenter de douces illusions. D’ailleurs, nous ne savons pas si elle est blessante tant que nous ne l’avons pas trouvée. Nous avons donc le devoir de la chercher mais aussi celui de réfléchir à ce qu’il en advient quand nous l’avons trouvée.

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Le thème du mensonge dans Les Fables : dissertation ..

dans la catégorie EAF

Vérité et mensonges dans les Fables .

Vérité et mensonges dans les Fables

Liste des mensonges dans Les fables ( 19 fables soit une sur quatre environ comportent au moins  une référence explicite au mensonge ) 

La cour du lion : le renard ment en feignant ne plus avoir d’odorat, mensonge pour sauver sa vie, situation du courtisan habile qui est hypocrite sans trop en faire ( singe trop menteur ) : « ne soyez… ni parleur trop sincère »

Le chat la belette et le petit lapin : le chat appelé pour départager les deux animaux qui se battent pour la possession du terrier les croque ; il les attire à lui par un mensonge; il prétend être sourd pour qu’ils soient à portée de griffe ( mensonge pour nuire à autrui, le plus fort ment au plus faible pour le croquer, synonyme de ruse ?  )

Un animal dans la lune : le fabuliste y lance un débat philosophique ; l’homme doit -il se fier à se sens «  mes yeux ne me trompent jamais en me mentant toujours  » ..réflexion sur le phénomène d’illusion optique

Le lion, le loup et le renard : le loup médit de l’absence du renard  à la cour ; ce dernier prétexte un pèlerinage ( souvent la religion sert de prétexte ) et ment en prétendant qu’une peau de loup est un remède à la vieillesse ; il a menti pour tuer son adversaire ; Mensonge à des fins politiques : légitime défense ?

Les femmes et le secret : un époux ment pour révéler la véritable nature de son épouse, incapable de garder un secret : un mensonge pour enseigner ou pour faire découvrir une vérité

Dans Le  rieur et les poissons , un convive réussit à se faire servir un très gros poisson  à table en inventant un habile mensonge: il fait semblant d’interroger les poissons sur le sort d’un de ses mais disparu en mer et on le croit. On lui apporte un plus gros poisson qui , selon lui, en saura forcément plus : mensonge dans le but d’obtenir ce qu’on désire, mensonge qui rétablit une sorte d’équilibre entreponts et faibles .

Les obsèques de la lionne : le cerf ment habilement pour sauver sa peu et son mensonge, qui ressemble à un songe miraculeux, lui vaut même les faveurs du roi (mentir par nécessité, pas de conséquences négatives sur autrui )

Le faucon et le chapon : un chapon se méfie des hommes qui cherchent à l’attraper pour le manger  et lui mentent en prétendant le nourrir ; il explique au faucon qu’il n’obéit pas à l’appel de son maître car il ne veut pas finir à la broche ; l’homme lui tient ici un langage mensonger .

Le chat et le rat : le rongeur a accepté de délivrer son ennemi le chat d’un piège mais il se méfie des paroles mensongères du chat qui cherche à l’attirer pour le manger : on ne doit pas croire son ennemi . Le mensonge ici nous donne une leçon .

Le dépositaire infidèle :  le fabuliste déclare avoir mis dans ses fables «  des légions de menteurs  » « T out homme ment, dit le Sage. »  Tous tant que nous sommes , nous mentions, grands et petits .Qui mentirait comme Esope comme Homère un vrai menteur ne serait . Le doux charme de maint songe /par leur bel art inventé/ sous les habits du mensonge/ nous  offre la vérité. Trompé par un marchand qui ment ne disant que des rats ont mangé le fer , un trafiquant enlève le fils de ce dernier et invente un mensonge : un hibou l’a emporté. Le trafiquant qui a compris la ruse , rend alors l’argent dérobé.

Le loup et le chien maigre : le chien, pour sauver sa peau, ment au loup qui l’épargne en pensant venir le rechercher quand il aura grossi . La Fontaine souligne la sottise du loup qui a cru sa proie et l’ a laissée filer par appât du gain.

Discours à Madame de la Sablière : dans cette longue fable, La Fontaine démontre que les animaux ont des sentiments et qu’il sont bien loin de n’être que des machines; par ironie, il évoque un roi polonais et prétend  que «  jamais un roi ne ment  »

Les poissons et le cormoran : le vieil oiseau ment par nécessité;Son mensonge est cru et la morale proposée est de ne pas se fier «  en ceux qui sont mangeurs de gens » . Un menteur qu’on ne parvient pas totalement à détester car il est présenté comme un pauvre animal qui souffre de disette.

Le berger et le roi ;  Un berger est nommé , grâce à son bon sens, Juge souverain mais les courtisans , jaloux, complotent contre lui  et l’ accusent faussement de posséder un trésor . La Fontaine les qualifie «  de machineurs d’impostures  »    Leurs mensonges sont des calomnies et visent à nuire à celui qu’il considèrent comme un rival.

Dans Les poissons et le berger qui joue de la flûte comme dans Les deux perroquets le roi et son fils, le fabuliste dénonce le langage trompeur: douces paroles miellées du berger qui veut attraper les poissons et «  le leurre de l’appât d’un profane langage » Un leurre est un mensonge qui va piéger sa victime .

Le loup et le renard : le fabuliste montre que le renard bien qu’expert en «  tours pleins de matoiserie »   n’a pas toujours l’avantage . Piégé par le reflet de la lune qu’il prend  pour un fromage, il est obligé de piéger le loup pour se sortir du puits dans lequel il est tombé ? Ce dernier  est qualifié de sot .

Quelques exemples maintenant d'insertion des illustrations au sein d'un raisonnement argumentati f. 

Après avoir démontré que sous une enveloppe mensongère , celle de la fiction, la fable donne parfois accès à certaines vérités , voyons maintenant comment la fable parvient elle à exprimer des vérités sur le plan politique .

L’une des illustrations la plus claire nous est fournie par Le Pouvoir des fables; En effet, dan cet apologue, un orateur qui ne parvient pas à se faire entendre de son public , décide d’inventer une fable pour attirer leur attention et ainsi, les alerter d’un danger imminent pour la cité; Le mensonge de la fiction  a facilité la parole politique, celle de l’orateur , et a permis , de déguiser , sous le masque d’une histoire , une véritable menace pour l’ambassadeur de France .

En effet, certaines fables sont politiquement engagées . Par le biais des animaux, le fabuliste  lance  même , souvent ,des accusations contre les hommes . Ainsi, dans Les animaux malades de la Peste , il nous fait assister à une parodie de justice ; L’âne, animal faible, avoue une peccadille qui lui vaut d’être pendu alors que le lion, qui a avoué des crimes répétés, n’est pas jugé coupable . La morale de la fable «  Selon que vous serez puissant ou misérable / les jugements de cour vous rendront blancs ou noirs » critique explicitement l’injustice qui règne à la cour de louis XIV

Dans Le Singe et le Léopard , le fabuliste nous  donne un autre avis politique sous la forme d’un avis  personnel : il préfère les gens d’esprit aux gens qui se contentent d’être bien nés et se vantent de leurs titres; Ces courtisans orgueilleux sont dépeints sous les traits d’un léopard fier de sa peau tachetée . La vérité apparait alors : «  ils n’ont que l’habit pour tous talents “; La fable nous a permis d’y voir plus clair et de démasquer la vérité cachée sous des apparences mensongères.

Si la plupart des fables n’ affichent pas clairement une lecture politique, on peut toutefois lire certaines situations comme une réflexion sur l’art de gouverner; Ainsi dans Le lion, le singe et les deux ânes , La Fontaine reprend l’un des rôles du singe chez Esope, celui qui donne des conseils au roi . Derrière la situation mensongère de la fable, on devine aisément que le fabuliste adresse une forme d’avertissement à Louis XIV en le montrant sous le masque d’un «  terrible sire »; Il lui conseille de se méfier de son orgueil , qui fait prendre de mauvaises décisions aux souverains .

Le mensonge peut même avoir un statut formateur et servir d’enseignement ; Ainsi dans Les femmes et le secre t, c’est au moyen d’un mensonge qu’un mari met en évidence l’incapacité de as femme à garder un secret; Il a mis son épouse à l’épreuve et  son stratagème a permis de révéler ce qui est présenté comme une sorte de vérité générale: nous avons beaucoup de mal à garder un secret quelqu’il soit.

Dans Le dépositaire infidèle , un premier mensonge déclenche des conséquences terribles qui vont servir de leçon au menteur; ce dernier dissimulé le vol de l”argent derrière une cause mensongère , en expliquant qu’un rat a dévoré l’argent ; Pour lui rendre la monnaie de sa pièce, ce dernier enlève son fils et raconte un mensonge aussi énorme : il aurait été enlevé par un hibou; le voleur ne peut que comprendre ici, la leçon donnée à ses dépens.

Les mensonges permettent , de temps à autre ,de démasquer la cruauté de l’homme et de révéler qu’il est un véritable prédateur pour tous les autres animaux auxquels il se juge supérieur . Avec L’homme et la couleuvre , le fabuliste montre clairement l’ingratitude de l’espèce humaine qui exploite, à son profit, les espèces animales.

Le mensonge a donc un statut ambivalent dans les fables : instrument de tromperie au service des méchants, il est aussi une arme pour les victimes ; Ainsi dans Le loup, le lion et le renard, le loup l’emploie pour se débarrasser de son rival le renard, et ce dernier l’emploie à son tour pour lui rendre la monnaie de sa pièce . Le renard  prétend qu’il connaît un remède miraculeux contre la vieillesse : une peau de loup écorché vif et le vieux roi l s’empresse alors de faire exécuter le loup afin de prendre sa peau . Le renard est d’ailleurs expert en mensonges de toutes sortes: sa parole flatte les puissants ; Maître dans l’art de la démagogie, il sait aussi se taire et ne pas répondre ; Ainsi dans La cour du Lion , il préfère mentir en prétextant en rhume qui le prive d’odorat, plutôt que de devoir se prononcer sur l’odeur qui règne au palais.

Le renard n’est pas le seul animal à savoir mentir : le chemin ment parfois pour sauver sa peau comme par exemple dans l loup te le chien maigre : pour échapper au oui, il lui fait croire que c’est préférable de le laisser engraisser avant de revenir le chercher ; Le loup le croit et lorsqu’il se présente pour réclamer sa proie, le chien lui envoie un dogue féroce qui le fait fuir . Le loup a été berné et  ici, la sympathie du lecteur va plutôt au menteur ; Ce qui peut sembler immoral mais il s’agit d’un mensonge « pour une bonne cause » ;

Le mensonge du cormoran dans Les poissons et le cormoran s’apparente-t- il à celui du chien ? Vieux, mal voyant et affamé , «  lorsque le long âge eût glacé le pauvre animal  » , l’oiseau qui ne peut plus pêcher , doit se résoudre à mentir et à tromper les poissons pour pouvoir se nourrir . Le fabuliste précise que «  le besoin (est ) docteur en stratagème  » ; Ce vers nous indique qu’il ment iniquement par nécessité et que c’est la situation critique dans laquelle il se trouve , une « disette extrême »  qui l’ a obligé à inventer une ruse mensongère pour attirer les poissons dans un endroit où ils seront à sa portée . Le mensonge a été une leçon pour les poissons: il ne faut pas croire leur prédateur ; La Fontaine enseigne ainsi , grâce au mensonge , plusieurs choses et notamment de ne pas nous fier à nos ennemis.

Dans Le chat et le rat , nous voyons que le rat a fait alliance avec son ennemi, le chat par nécessité car il était menacé par deux autres de ses prédateurs ; Une fois qu’il a libéré le chat de son piège, il ne se fie pas aux paroles trompeuses de ce dernier qui cherche sans doute à l’attirer pour le manger et il garde soigneusement ses distances . Les mensonges du chat sont rendus ici inopérants grâce à la prudence et à la sagesse du rat. Donc le mensonge ne triomphe pas toujours et c’est plutôt porteur d’espoir.

Et voici maintenant un exemple de conclusion avec deux ouvertures littéraires ..

  • fable; mensonge;La Fontaine
  • Fiches méthode
  • Réservé aux lycéens
  • le livre du mois
  • Enseignement de Spécialité : Humanités
  • argumentation
  • conte philosophique
  • écriture d invention
  • livre du mois
  • Madame Bovary
  • question de l homme

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Dissertation sur Les Fausses confidences !

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sujet de dissertation mensonge

Voici une dissertation sur Les Fausses confidences de Marivaux (parcours au bac de français : Théâtre et stratagème).

Important : Pour faciliter ta lecture, le plan de cette dissertation est apparent et le développement est présenté sous forme de liste à puces. N’oublie pas que le jour J, ton plan et ton développement doivent être intégralement rédigés. Tu trouveras ici un exemple de dissertation rédigé comme tu dois le faire le jour du bac.

Sujet de dissertation :

 Selon vous, quel rapport le mensonge entretient-il avec la vérité dans Les Fausses confidences de Marivaux ?

Pour que ce corrigé te soit utile, entraîne-toi auparavant à réaliser ce sujet avec ma fiche et ma vidéo sur Les Fausses confidences !

Introduction

Traditionnellement , le mensonge nous éloigne de la vérité  : il la cache ou la travestit. Dans Phèdre de Racine par exemple, le personnage éponyme laisse sa nourrice Oenone accuser Hippolyte d’avoir voulu abuser d’elle; ce mensonge a des conséquences dévastatrices sur tous les personnages.

Mais qu’en est-il dans Les Fausses confidences de Marivaux ? Quel rapport mensonge et vérité entretiennent-ils dans cette œuvre ? Comment une pièce dont le titre promet la tromperie peut-elle faire jaillir la vérité des sentiments ?

Car si le mensonge et la dissimulation sont omniprésents dans les Fausses confidences , la vérité ne peut s’empêcher d’affleurer, puis de triompher. Nous verrons ainsi que dans Les Fausses confidences , le mensonge est destiné à masquer la vérité , mais ne parvient pas à la dissimuler totalement . Paradoxalement, c’est le mensonge lui-même qui permet à la vérité d’éclater .

I – Les Fausses confidences : une pièce placée sous le signe de l’illusion et du mensonge

A – les personnages sont masqués.

  • La pièce débute sous le signe du masque . Ainsi, dès l’acte I scène 2, Dubois, le maître du jeu, fait régner un univers de dissimulation . Il demande à Dorante de cacher la vérité : «  Il est essentiel que les domestiques ici ne sachent pas que je vous connaisse.  »
  • Tous les personnages mentent . Marton dupe sa maîtresse en lui recommandant d’épouser le Comte. Araminte feint de vouloir épouser le Comte pour tromper Dorante. Mme Argante propose à Dorante de mentir à Araminte sur son droit pour qu’elle se résigne à épouser le Comte Dorimont : « De dire à ma fille, quand vous aurez vu ses papiers, que son droit est le moins bon ; que, si elle plaidait, elle perdrait » (Acte I, scène 10).
  • À cet égard, Les Fausses confidences est une pièce emblématique du théâtre de Marivaux où les personnages avancent masqués et se tendent des pièges. On pense par exemple au Jeu de l’amour et du hasard (1730) dans lequel les maîtres se déguisent en domestiques pour observer leurs prétendants respectifs.

B – Les personnages sont dans une mise en scène permanente

  • Dubois se comporte comme un véritable metteur en scène . Par exemple, dans l’acte I scène 2, il annonce avec assurance ce qui va se dérouler : «  je sais mes talents, je vous conduis, et on vous aimera  ».
  • Dubois suit avec rigueur le déroulement de l’intrigue qu’il a mise en place. Il adopte une vision d’ensemble de l’intrigue lorsqu’il la commente à l’acte II scène 16 : «  Voilà l’affaire dans sa crise  ».
  • D’autres personnages lui empruntent ce rôle de metteur en scène , comme Araminte qui donne des instructions quant au rôle que doit jouer Dorante : «  Conformez-vous à ce qu’ils exigent ; regagnez-les par là, je vous le permets : l’événement leur persuadera que vous les avez bien servis.  » (Acte II scène 13)

C – Les personnages tiennent à maintenir l’illusion

  • Lorsqu’une vérité est sur le point d’être dévoilée, les personnages mettent tout en œuvre pour maintenir le mensonge et l’illusion . Par exemple, Araminte feint la froideur pour ne pas avouer à Dubois ses sentiments naissants pour Dorante (Acte I, scène 14)
  • Araminte veut sauvegarder le mensonge. Dans l’acte I scène 14, elle intime à Dubois de ne pas dévoiler la vérité  : «  garde un profond secret ; et que tout le monde, jusqu’à Marton, ignore ce que tu m’as dit ; ce sont de ces choses qui ne doivent jamais percer.  » 

II – La vérité des sentiments émerge pourtant car le mensonge ne parvient pas à cacher les élans du coeur

A – il existe de vraies confidences dans la pièce.

  • Cette pièce met aussi en scène des vraies confidences , comme à l’acte I scène 2, lors que Dorante avoue à Dubois son amour pour Araminte : «  Je l’aime avec passion et c’est ce qui fait que je tremble  ».
  • Dorante fait aussi preuve de sincérité envers Araminte lorsqu’il lui dévoile la stratégie de Madame Argante. À la scène 13 de l’acte I : «  C’est que si, dans votre procès, vous avez le bon droit de votre côté, on souhaite que je vous dise le contraire, afin de vous engager plus vite à ce mariage ; et j’ai prié qu’on m’en dispensât.  »

B – La vérité des sentiments transparaît derrière le mensonge

  • La vérité du cœur transparaît dans les quiproquos et dans l’ ambiguïté de sens de certains mots. Par exemple, à l’acte I scène 12, Dorante et Araminte établissent une relation contractuelle employeur / employé. Mais sans s’en rendre compte, ils parlent déjà le langage de l’amour : « Araminte : «  Oui, mais ne vous embarrassez point : vous me convenez.  Dorante : je n’ai point d’autre ambition . »  La vérité du cœur émerge à la surface des mots. C’est ce qu’on appelle le marivaudage . 
  • Dans leurs apartés , les personnages cessent leur théâtre social pour s’avouer la vérité à eux-mêmes, à l’instar d’Araminte dans l’acte I scène 5 : «  Araminte, à part. Je n’ai pas le courage de l’affliger ! (…) je n’oserais presque le regarder.  »
  • La parole reste policée mais le corps des personnages trahit la vérité , créant un contraste comique. Par exemple , à la scène 13 de l’acte II, Dorante est dans un état second d’égarement, alors qu’Araminte lui demande de rédiger une lettre pour le Comte : « ton ému », « toujours distrait ».

III – Paradoxalement, la vérité se manifeste grâce au mensonge

A – le mensonge permet de faire émerger la vérité.

  • Le stratagème de Dubois est, finalement, le seul moyen de lever les masques des conventions sociales pour faire parler l’amour : «  il faudra que tout se rende. Quand l’amour parle, il est le maître et il parlera  » (acte I scène 2). 
  • Le mensonge est donc une stratégie pour atteindre la vérité . Ainsi, Araminte feint de vouloir épouser le comte à la scène 13 de l’acte II pour faire éclater la vérité.

B – Le dénouement laisse place à la vraie confidence

  • La scène de dénouement achève de rétablir la vérité en dissipant les illusions. Araminte s’exclame devant Dorante : «  Vous donner mon portrait ! Songez-vous que ce serait avouer que je vous aime ?  » (Acte III, scène 12). L’irréel du présent marque la volonté de faire perdurer le mensonge.
  • Mais l’indifférence feinte d’Araminte ne résiste pas à la vérité et à la vraie confidence  : «  Dorante : Que vous m’aimez, Madame ! Quelle idée ! Qui pourrait se l’imaginer ? Araminte, d’un ton vif et naïf. Et voilà pourtant ce qui m’arrive.  » L’amour triomphe enfin.

C – L’illusion théâtrale permet à la vérité de s’exprimer

  • L’illusion théâtrale permet de révéler la fausseté des valeurs sociales . Sur scène, Marivaux montre une société obnubilée par l’argent et le rang social, qui ne parvient pas à reconnaître le mérite personnel de chacun. C’est grâce à cette illusion théâtrale que tombent les masques de la comédie sociale .
  • Nous ne sommes pas loin de l’Illusion comique (1635) de Corneille où l’illusion théâtrale permet aussi de faire émerger la vérité des sentiments. Dans cette pièce, Pridamant croit assister en direct, grâce au magicien Alcandre, à la vie de son fils Clindor. Mais il assiste en réalité à une représentation théâtrale jouée par son fils devenu acteur. L’illusion théâtrale donne l’occasion à Pridamant de retrouver son amour pour son fils.
  • Avec Les Fausses confidences, Marivaux fait une mise en abyme du théâtre où la proximité de l’illusion et de la réalité fait poindre la vérité. Arlequin conclut d’ailleurs la pièce en soulignant les ponts entre l’illusion et la réalité : «  Pardi, nous nous soucions bien de ton tableau à présent ; l’original nous en fournira bien d’autres copies.  » ( Acte III, scène 13)

Les Fausses confidences est une pièce emblématique de l’œuvre théâtrale de Marivaux. Son titre promet la prédominance du mensonge . Pourtant, c’est la vérité qui affleure dans les mots et les corps des personnages et finit par triompher. À travers cet entremêlement de la vérité et du mensonge, Marivaux dresse un éloge de l’illusion dramatique qui permet de faire émerger la vérité .

Beaumarchais, à la fin du XVIIIème siècle, reprend aussi ce jeu entre le mensonge et la vérité à travers le personnage de Figaro , le valet astucieux qui use de stratagèmes et de tromperies pour faire jaillir la vérité et révéler la vanité de la société de l’Ancien Régime.

Pour aller plus loin sur Les Fausses confidences :

  • Les Fausses confidences, acte I scène 2
  • Les Fausses confidences, acte I scène 14
  • Les Fausses confidences, acte II scène 10
  • Les Fausses confidences, acte II scène 13
  • Les Fausses confidences, acte II scène 15
  • Les Fausses confidences, acte III scène 1
  • Les Fausses confidences, acte III scène 8
  • Les Fausses confidences, acte III scène 9
  • Les Fausses confidences, acte III scène 12
  • Les Fausses confidences, acte III scène 13

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  • Dissertation sur Les Fausses confidences

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sujet de dissertation mensonge

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Un débat philosophique sur le mensonge.

Tous les ans, lors des rencontres du CRAP-Cahiers pédagogiques, se tient une soirée "Initiatives", au cours de laquelle depuis maintenant de nombreuses années Michel Tozzi propose aux enfants présents à la rencontre un atelier philosophique devenu emblématique.

Cette année les Crapistes en herbe ont choisi comme sujet de réflexion : "Mensonge et vérité, leurs avantages et leurs inconvénients".

Afin de conserver une équité dans la part d'expression de tous les individus présents autour de la table, une présidente de séance a été désignée en la personne de Mélina.

Michel commence le débat en demandant à l'assemblée une définition du mensonge.

Les enfants ont alors répondu : "Le mensonge, c'est énoncer un fait comme s'étant produit alors qu'il n'a pas eu lieu et vice-versa".

Mais le mensonge est-il immuable ? Cela est variable, une parole peut, par manque d'information ou de précision, être considérée comme vraie ou fausse. Exemple : "- Es-tu allé chercher du pain? - Oui". La personne n'a pas précisé d'indication de temps, son interlocuteur lui répond "Oui" car il y est allé la veille. Un acte peut donc s'avérer être juste à un temps donné puis faux par la suite.

Il y a peut-être alors une différence à établir dans ce cas entre mensonge et erreur d'interprétation ?

Nous pouvons déclarer des choses qui s'avèrent être fausses par erreur d'appréciation ou manque de connaissance sans vouloir énoncer un mensonge, mais uniquement par confusion ou ignorance.

Et le mensonge dans tout ça, celui qui consiste à énoncer sciemment un fait irréel, faux, est-il bien ou mal ?

Certains pensent : " Le mensonge est quelque chose de mal, car il nous fait vivre dans l'irréalité, il met les individus dans une situation d'ignorance et d'inexactitude. C'est un manque de franchise qui entraîne une fracture des rapports sociaux".

Les exemples donnés par une partie des enfants attestent de la nuisibilité de cet acte, et des degrés de gravité et de conséquence.

Des membres de l'auditoire démontrent alors que mentir peut entraîner une perte de confiance et donc instaurer une méfiance entre les personnes : " Dire à un camarade qu'il est bien habillé alors que sa tenue ne le met pas en valeur est hasardeux ; s'il vient à s'en apercevoir, il peut alors en vouloir aux autres enfants et leurs rapports peuvent se dégrader". Autre exemple : "Quelqu'un qui n'a pas fait ses devoirs mais assure à ses parents les avoir terminés peut être puni".

Le mensonge a ceci de néfaste qu'il peut donc entrainer une perte de crédibilité, des punitions, des tensions, et une altération des rapports entre les individus.

Mais la vérité exprimée crument peut aussi faire du mal, dire franchement à une personne : "tes vêtements ne te vont pas" ou "tu parles mal" risque d'entrainer un jugement auto-dépréciatif de l'être et nuire à son épanouissement.

Suite à cette réflexion, ne peut-on pas dire que le mensonge n'est pas ce qu'il y a de mieux mais qu'il peut aussi s'avérer serviable ?

D'autres illustrations se dessinent alors dans notre méditation.

Oui, le mensonge est une illusion. Malgré tout, il permet dans certains cas d'aider, d'apaiser, de sauver, voir dans quelques contextes, de pacifier les rapports humains. Exemple : " Une personne qui n'est pas sûre d'elle peut en étant flattée par politesse et non avec hypocrisie prendre confiance en elle. Cet échange de compliments pourra permettre de développer des rapports dans le respect et la bienveillance."

Autre dimension du mensonge pouvant être qualifié de noble : le mensonge pour apaiser et sauver : "Une personne gravement blessée attend les secours. On peut alors rester à ses côtés en lui promulguant des paroles douces et réconfortantes, afin de la rassurer sur son état malgré la gravité de la situation. On peut ainsi lui faire gagner du temps en attendant l'arrivée des secours, lui permettre de ne pas paniquer ou tout simplement lui donner la force de se battre". Dans ce cas on peut lui mentir sur son état, car "c'est pour son bien".

Puis on peut également mentir pour aider un ami : " Un copain bouscule malencontreusement un personnage plus fort de nature violente qui se lance à sa poursuite pour le rattraper et le violenter, on peut indiquer un faux itinéraire au poursuivant afin d'empêcher un acte de maltraitance".

Michel approfondit la question du mensonge de protection : "Pendant la seconde guerre, des personnes furent traquées par des régiments, leur découverte engendrait inéluctablement leur perte. Des habitants se sont alors unis en réseaux pour dissimuler les individus recherchés, leur accorder refuge afin de les sauver. Cependant les résistants se voyant démasqués par les services d'ordre se retrouvaient à leur tour en situation de danger. Mentir pour sauver des vies mettait donc la leur en danger".

Le mensonge est alors vu comme un acte héroïque et un raisonnement intègre, malgré les risques encourus.

De cette conversation riche en idées, en opinions et en exemples, les enfants nous diront que le mensonge a sa part de vice dans la mesure où il est énoncé par profit égoïste, dans le cadre d'une hypocrisie maligne, par désir de nuire ou de blesser moralement.

A l'inverse, il peut se révéler être un acte de diplomatie, apaiser des tensions, avoir une valeur de "liant social", protéger la vie et adoucir une souffrance.

Tout dépend du contexte et de l'état d'esprit dans lequel il est réalisé.

Nos graines de philosophes sortent de cet atelier encore une fois l'esprit stimulé par la réflexion et l'interprétation, avec une approche multiple de leurs interrogations et croyances.

C'est aussi un moment d'introspection intense et instructif.

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Dissertation sur le mensonge

Par Thiana TRAN   •  11 Novembre 2023  •  Dissertation  •  1 493 Mots (6 Pages)  •  187 Vues

      “La vérité a besoin de mensonge - car comment la définir sans contraste ?”  est une citation de Paul Valérie. En effet, comment définir le mensonge sans vérité ? Que serait le mensonge sans la vérité ? Le mensonge existe dû à la présence de la vérité. Nous mentons lorsque nous savons la vérité. Depuis notre plus jeune age, les grandes personnes nous répètent que le fait de mentir est mal. Cependant ce propos est tout aussi vrai que faux. Etant enfant, on nous raconte des fausses histoires, des contes ou des légendes afin que nous puissions accéder à la fantaisie mais le mensonge peut aussi être utilisé pour des fins plus malsaines. Le mensonge est il admissible en certaine circonstance ? Qu’est ce qui est considéré comme mensonge ou admissible ? Par qui ? Par quoi ? Le mensonge s’oppose à la vérité, il déformerait ou dissimulerait de manière volontaire la vérité et la sincérité. Il serait immoral, aux yeux de la société humaine, lorsque nous l’utilisons pour tromper ou manipuler. Il est cerné par la question de l’immoralité mais également par la illégitimité et par l’intolérance de ces contrevérités. Est-ce que le mensonge est-il une nuisance pour l’homme ou est ce qu’il serait une nécessité dans certain cas ? Dans un premier temps, nous verrons que le mensonge comporte des aspects condamnables et péjoratives pour l’Homme mais nous verrons cependant, par la suite, qu’il est préférable de mentir plutôt que d’exposer la vérité.

      L’Homme utilise le mensonge pour ses propres interêts , par égoïsme et de manières malsaines.

      Le mensonge possède une fonction manipulatrice et dissimulatrice: il permet d’aboutir à nos fins en utilisant les autres. D’après Kant, le mensonge est un manque de respect et n’est jamais juste. En effet, on prioriserait notre propre personne et nos intérêts sans se soucier de l’impact moral ou physique que cela génère chez autrui. Prenons exemple sur la propagande naziste qui est un mensonge car les autorités dissimulent et changent la véracité des faits. Ils exposent des fausses affirmations contre les juifs afin de les exterminer, ce qui rentre dans l’injustice car leurs sanctions ne sont pas proportionnelles face à leur accusations. Le mensonge a toujours été aperçu comme un crime contre autrui. Il nous tient à distance de la vérité. Lorsque nous connaissons l’existence de ce mensonge, il nous blesse, nous fait souffrir et nous donne l’impression d’avoir été trahi, ce qui explique pourquoi le mensonge est un mœurs qui a toujours été condamné par la société.

      Le mensonge ne respecte pas les principes moraux et détruit la confiance. En effet, notre morale rejette le plus souvent l’idée que le mensonge puisse participer à la bienfaisance. Le mensonge ne fait pas parti de l’éducation car il nous a été défini comme péjorative. De plus, en mentant, nous perdons peu à peu de la crédibilité. C’est ce que nous démontre Esope, dans son apologue qui met en scène un berger criant à de nombreuses reprises une fausse alerte au loup ; mais lorsqu’un réel loup vient attaquer ses moutons, les villageois ne viennent plus secourir celui-ci pensant qu’il s’agissait d’un nouveau mensonge. Ainsi le mensonge nous enferme dans une solitude. On voit également qu’ici, la confiance est essentielle pour la survie d’une société. En effet, dans notre société, nous nous appuyons sur les compétences et les connaissances des uns et des autres : nous faisons par exemple confiance à la médecine et aux scientifiques. Dans la circonstance où le mensonge serait présent, l’humanité serait plongée dans un climat de défiance et de méfiance.

     Cependant le mensonge n’agit pas seulement sur les autres, il prend également de l’ampleur sur la personnalité du menteur ainsi que sur sa conscience. En effet, une fois avoir menti, il est compliqué d’avouer la vérité et de sortir du mensonge car le mensonge devient peu à peu une vérité. On devient donc ce qu’on prétendait être : comme le dit André Malraux « je mens, mais mes mensonges deviennent des vérités ». De plus il est difficile de dissimuler éternellement ce qui est vrai et il devient impossible de vivre continuellement dans le mensonge. Cela nous enferme dans une solitude profonde et d’après Louise Maheux-Forcier, dans un Forêt pour Zoé, « le mensonge est plus mortel encore que la solitude ». Jean Claude Romand également illustre un jeune homme qui a menti sur sa carrière et plutôt que faire face à ses mensonges, il tue sa famille et se retrouve donc seul. Vivre dans cette solitude et nier la vérité, c’est vivre dans une illusion, un faux semblant et donc ne pas vivre dans la réalité du monde qui nous serait inconnus.

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Lire et comprendre l'oeuvre intégrale • Tous les repères sur Pierre Corneille et le contexte de l'oeuvre • Des encarts culturels et des éclairages au fil du texte • Des explications de textes avec une question de langue pour préparer l'oral Préparer le BAC - LE DOSSIER du lycéen - 60 pages  L'OEUVRE  •  La structure de l'oeuvre  en un coup d'oeil •  Les clés pour bien connaître l'oeuvre  : une comédie réaliste, une pièce classique ?, les relations maître-valet. LE PARCOURS :   Mensonge et comédie  •  Tout pour comprendre le parcours  : les thèmes clés (les différents types de mensonges, le ressort comique du mensonge, son rapport avec le théâtre et la vérité), des groupements de textes complémentaires, des citations à retenir •  Vers le BAC  : deux sujets de dissertation traités, des points de méthode et des outils pour préparer l'oral du Bac Résumé  Fraîchement débarqué à Paris, Dorante ne rêve que de conquêtes amoureuses. Mais la réalité n'égale pas toujours ses désirs. Qu'à cela ne tienne ! Le voici qui s'invente des vies parallèles, pleines de rebondissements. Mais comment naviguer sans danger sur cet océan déchaîné de mensonges et de quiproquos ? Dans cette pièce au succès retentissant, qui a même influencé l'illustre Molière, Corneille nous offre l'étendue de sa virtuosité comique.

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sujet de dissertation mensonge

Le mensonge, exemple de sujet en philosophie politique avec une seule notion. le mensonge toujours une faute la question posée porte sur le mensonge et donc ... échange n'est possible. Le devoir de vérité est le garant de toute association, donc de toute société. Ex : les mensonges de Bush lors de la guerre en Irak ont entraîné une ...

Dans cette dissertation, nous tenterons de répondre à la question : « A-t-on le droit de mentir ? ». Pour cela, nous examinerons cette interrogation sous plusieurs angles. D'abord, nous évaluerons éthiquement le mensonge, en le mettant en balance entre la morale universelle et la nécessité contextuelle. Ensuite, nous nous demanderons ...

Le Mensonge. Il y a plusieurs types de mensonges, certains plus graves que d'autres. Les avis très mitigés sur ce sujet nous amène à se poser une. 2 Pages • 1593 Vues. Le Mensonge. On dit souvent que certains hommes sont de mauvaise foi ou qu'ils se mentent à eux-mêmes. En effet, il apparaît clairement qu'ils ne peuvent pas

Qui dit mensonge dit vérité, et qui dit vérité dit mensonge. Ainsi, les deux vont de paires. Le mensonge altère la vérité, trompe l'autre tout en sachant pertinemment que ce qui est énoncé est faux. Le mensonge est donc différent de l'erreur, car celui qui la commet n'a pas conscience de la fausseté de son acte, de sa parole ou de ...

Le mensonge paraît être une arme de défense légitime, pourtant il nuit toujours à l'humanité, mais pour autrui surtout, dans les cas graves, il est parfois légitime. Le mensonge, qui consiste à dire autre chose que ce qu'on croit vrai, est une arme comme le soutient Schopenhauer dans son Fondement de la morale (1840).

Corrigé d'une dissertation : Le mensonge est-il parfois légitime ? Le mensonge, qui consiste à dire autre chose que ce qu'on croit vrai, est une arme comme le soutient Schopenhauer dans son Fondement de la morale (1840).

Le mensonge dissertation le mensonge dans ses essais publiés en 1580, montaigne rappelle une distinction opérée par les grammairiens entre dire le mensonge et ... Le mensonge est un acte de facilité qui permet de falsifier la vérité. Certains philosophes, comme Vladimir Jankélévitch, ont estimé que le mensonge est un « abus de pouvoir ...

Le mensonge est traditionnellement condamné. Le mensonge est généralement très largement condamné dans notre culture judéo-chrétienne qui suit en cela les principes de Saint Augustin d'Hippone, philosophe et théologien du IIIe-IVe siècle après J-C. En effet, Saint Augustin contre Saint Jérôme, condamne dans Du mensonge toute idée ...

Le rapprochement du mensonge et de la vérité met donc au jour le fait qu'il y a peut-être moins une vérité objective que des vérités subjectives. Analyse et proposition de corrigé du sujet «N'y a-t-il aucune vérité dans le mensonge ? » par les professeurs agrégés de Philofacile.com.

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Cette altération de la vérité répond à deux impératifs : le mensonge doit avoir l'apparence du vrai, sinon la tromperie ne prend pas (le menteur doit paraître de bonne foi), et le mensonge doit être formulé sciemment. Un mensonge involontaire n'en est plus un, il ressortit plutôt à l'erreur. On doit pouvoir identifier chez le ...

Dissertation entièrement rédigée en trois parties : I. Le mensonge sert nos intérêts individuels et collectifs, II. Nous avons le devoir de chercher la vérité pour y gagner notre liberté, III. Ce n'est pas la recherche de la vérité qui est blessante, mais son usage

1474 mots 6 pages. Montre plus. Dissertation: le mensonge. Voltaire écrit: " Le mensonge n'est un vice que quand il fait mal; c'est une grande vertu quand il fait du bien". À première vue on pourrait croire à une nouvelle provocation de l'écrivain. L'idée que le mensonge puisse être une vertu interpelle notre sens moral et la pensée ...

statut et les implications des notions de mensonge et de manipulation dans les sciences humaines et sociales. Le mensonge sera considéré comme un objet théorique autant qu'empirique, et cela à ... l'identification et des techniques employées par les autorités pour figer l'identité individuelle de leurs sujets (Groebner, 2004).

LE MENSONGE. Expression écrite Entraînement au sujet argumentatif: Rédiger une introduction et un paragraphe argumentatif. Exemple de travail réussi: De nos jours, il est devenu très facile de cacher la vérité ou de mentir. Mais c'est parfois un mal pour un bien. On peut se demander si dire la vérité est toujours nécessaire.

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Le sujet de dissertation "Le mensonge ne donne que des fleurs et non des fruits" est une déclaration qui suggère que les mensonges peuvent sembler agréables et séduisants à première vue, mais qu'ils ne produisent pas de résultats durables ou bénéfiques à long terme. Il invite à réfléchir sur les conséquences négatives du mensonge ...

Sujet de dissertation : Selon vous, quel rapport le mensonge entretient-il avec la vérité dans Les Fausses confidences de Marivaux ? Pour que ce corrigé te soit utile, entraîne-toi auparavant à réaliser ce sujet avec ma fiche et ma vidéo sur Les Fausses confidences !

Cette année les Crapistes en herbe ont choisi comme sujet de réflexion : "Mensonge et vérité, leurs avantages et leurs inconvénients". Afin de conserver une équité dans la part d'expression de tous les individus présents autour de la table, une présidente de séance a été désignée en la personne de Mélina.

Le mensonge nous touche tous, petits et grands. Tout d'abord, il est nécessaire d'en raconter aux enfants, que ce soit pour les faire rêver et s'évader avec les contes et histoires merveilleuses, ou que ce soit pour les rassurer. Les monstres qu'ils découvrent dans les livres, ou voient dans les séries animées, peuvent les effrayer, jusqu ...

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1 - La violence/Méthodologie : La violence conquérante

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De nombreux conseils de méthodologie, des références, ou encore 25 dissertations rédigées sont au coeur de l’ouvrage La violence en 25 dissertations , écrit par Véronique Bonnet et publié par Studyrama. Il vous aidera à préparer au mieux votre épreuve de culture générale sur le thème de la violence. 

Sujet : La violence conquérante

La violence conquérante serait une propriété du vivant. Mais l’invocation, dans certains totalitarismes, d’un droit à l’espace, à l’espace vital, au nom de la survie, est-il recevable ? La violence conquérante du vivant peut-elle être revendiquée par les individus humains et alimenter par exemple les problématiques du droit du plus fort ? Dire de la violence conquérante qu’elle est vitale ne serait qu’un alibi irrecevable.

Découvrez ci-dessous, l'analyse de  Véronique Bonnet. 

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La violence en 25 dissertations : un ouvrage indispensable

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Mastering the Art of Data Analysis in Graduate Research: A Step-by-Step Guide

Introduction.

Data analysis is the backbone of any graduate research project. Whether you’re conducting a qualitative or quantitative study, knowing how to analyze your data effectively is crucial to drawing meaningful conclusions. For many students, data analysis can feel overwhelming, especially when faced with large datasets or complex statistical methods. But don’t worry—at WritersER, we’re here to break down the process into manageable steps. This guide will help you understand how to choose the right analysis method, tools, and techniques for your research, ensuring that your findings are accurate and impactful.

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1. Understand Your Data Type: Qualitative vs. Quantitative

Before you dive into analysis, you need to determine what kind of data you’re working with. The analysis method you choose will depend heavily on whether your data is qualitative (non-numerical) or quantitative (numerical).

Quantitative Data

Quantitative data deals with numbers, such as survey results, test scores, or measurements. This type of data requires statistical analysis to uncover patterns, trends, and relationships.

Example: You’re analyzing test scores to measure the effectiveness of a new teaching method. You’ll likely use statistical techniques like regression or t-tests to determine whether the scores significantly improved.

Qualitative Data

Qualitative data consists of non-numerical information, such as interview transcripts, focus group discussions, or open-ended survey responses. This data requires thematic or content analysis to interpret underlying patterns or meanings.

Example: You’re exploring student attitudes toward peer tutoring programs. You’ll analyze interview transcripts to identify recurring themes or patterns in their responses.

2. Choose the Right Analysis Technique

Once you’ve identified the type of data you’re working with, it’s time to choose an appropriate analysis technique. The technique you choose should align with your research question and the type of data you’ve collected.

Quantitative Analysis Techniques

Descriptive Statistics: Use descriptive statistics like mean, median, and standard deviation to summarize your data and highlight general trends.

Inferential Statistics: Techniques like regression analysis, ANOVA, or chi-square tests help you determine whether your findings are statistically significant and can be generalized to a broader population.

Tip: If you’re not comfortable with statistical analysis, consider using software like SPSS, Stata, or R to simplify the process.

Qualitative Analysis Techniques

Thematic Analysis: Identify and categorize recurring themes or concepts in your qualitative data. This technique is ideal for interviews or focus groups.

Content Analysis: Break down your data into smaller units and systematically analyze it to uncover patterns. It’s useful for written materials, such as articles or transcripts.

Tip: Tools like NVivo or ATLAS.ti can help organize and analyze large volumes of qualitative data more efficiently.

3. Clean and Prepare Your Data

Data cleaning is an essential step in the analysis process. Before you can start analyzing, you need to ensure that your data is accurate, complete, and ready for processing.

Quantitative Data Cleaning

Remove Duplicates: Check for any duplicated entries in your dataset and remove them.

Handle Missing Data: Decide how to deal with missing data points—either by excluding them from your analysis or using methods like imputation to estimate the missing values.

Check for Outliers: Identify and decide how to handle extreme outliers that could skew your results.

Qualitative Data Cleaning

Organize Transcripts: Ensure that all transcripts or notes are properly formatted and organized.

Verify Accuracy: Review your data to ensure that all information has been captured correctly, especially if you’re working from recorded interviews.

4. Interpret Your Findings

After conducting your analysis, it’s time to interpret your findings and link them back to your research question. This is where you’ll draw conclusions about what your data tells you.

Quantitative Data Interpretation

Look at the statistical results and consider what they mean in relation to your hypothesis or research question. Did you find statistically significant relationships or trends? How do these findings compare to previous research?

Tip: Don’t just rely on statistical significance. Think critically about what your results mean in practical terms.

Qualitative Data Interpretation

For qualitative data, the goal is to interpret the themes and patterns you identified during your analysis. How do these themes answer your research question? Are there any unexpected findings that could offer new insights?

Tip: Use direct quotes from participants to support your interpretations and add depth to your analysis.

5. Presenting Your Data

Once you’ve completed your analysis and interpretation, the final step is to present your findings clearly and effectively. This could be in the form of charts, graphs, tables, or narrative summaries, depending on your data type and analysis.

Quantitative Data Presentation

Use Visuals: Graphs, bar charts, and scatter plots are excellent ways to visualize trends in your data. Use tables to summarize key statistics.

Be Concise: Focus on the most important findings and avoid overwhelming your audience with unnecessary details.

Qualitative Data Presentation

Narrative Summary: For qualitative research, use a narrative format to explain the key themes and patterns you identified. Be sure to include illustrative quotes or examples from your data to support your conclusions.

Visual Representations: Mind maps or thematic diagrams can be helpful for visualizing relationships between themes.

Conclusion: Master Your Data Analysis

Data analysis can be challenging, but by understanding your data type, choosing the right techniques, and carefully interpreting your findings, you can turn raw data into meaningful insights. At WritersER, we’re here to guide you through the data analysis process, helping you develop the skills needed to successfully complete your graduate research.

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AIMER LA LITTÉRATURE

En analysant les textes et les œuvres, ​pour le lycée, ... des corpus thématiques, ... des œuvres de genres différents, autour du théâtre , "mensonge et comédie" : parcours associé au  menteur  de corneille.

mensonge-comedie-1.jpg

Observation du corpus 

À la comédie de Corneille est associé un parcours dont l'enjeu est « Mensonge et comédie » . Même si les instructions ministérielles ont accepté de réduire à un seul texte ce "parcours" – ce qui enlève d’ailleurs tout sens au terme même de "parcours"–, nous continuons à proposer un corpus digne de ce nom, destiné à éclairer l’œuvre afin de maintenir la réflexion critique. À chacun d’y puiser librement…

Après une introduction , pour rappeler l'héritage antique et poser une problématique autour du lexique utilisé dans la formulation de l’enjeu, qui fera l’objet d’une recherche, le corpus propose six explications d'extraits , dont plusieurs sont prolongées par des lectures cursives et des documents vidéo , dont l’analyse permet approche des formes et des fonctions du thème du mensonge en lien avec sa mise en scène. 

Enfin, la conclusion s'ouvre sur deux activités : une étude de tableau, qui relève de l’histoire de l’art, et un devoir correspondant aux séries technologiques : une contraction de texte suivie d’un essai.

Introduction 

L'enjeu du parcours .

Le connecteur « et » qui relie "mensonge" et "comédie" invite à étudier les particularités de la relation qui les relie . Le seul fait de les regrouper invite déjà à formuler une première question littéraire : en quoi le "mensonge" est-il un thème particulièrement adapté à un genre dramatique, la "comédie"?

Mais cette question peut s’élargir si l’on considère que le "mensonge" en lui-même est une "comédie".

Les mots du cercle : le mensonge.

Ces questions nous amènent à poser la problématique qui va guider le parcours proposé : Q uels rôles et quels sens les auteurs de comédies donnent-ils au mensonge ?

Notre parcours se limite donc à la comédie en tant que genre littéraire , ce qui implique de le définir précisément, tandis que les textes choisis permettront de mesurer son évolution et les procédés mis en œuvre.

Une étude lexicale préalable est indispensable pour définir le terme "mensonge" , en analysant également les formes qu’il peut prendre, ce que nous observerons ensuite grâce aux explications et aux lectures complémentaires.

La problématique pose un premier objectif d’étude : le pluriel, « Quels rôles », indiquent que les auteurs lui accordent des fonctions multiples , que nous chercherons à différencier.

Enfin, un second objectif invite à distinguer les « sens » multiples que les auteurs donnent au mot "mensonge"  qui sous-tend leur comédie : ils peuvent privilégier la dimension sociale, morale, philosophique, notamment en fonction des époques.

Recherche lexicale 

Pour se reporter à l'article du CNRTL

L’activité proposée se déroule en trois étapes :

           Dans un premier temps, poser une définition personnelle du mensonge , puis préciser le/s but/s du menteur . L'étude du Menteur est ainsi réactivée.

          Puis l’analyse de l’article "mensonge" du dictionnaire en ligne (Centre National de Recherche textuelle et lexicale) permet d’observer l’’opposition entre « mensonge » et « vérité » et la mise en évidence de « l’intention », celle de « tromper ». Mais les formules précisant le mensonge, telles »un mensonge par omission », « un mensonge diplomatique », ou « un pieux mensonge », ainsi que celles proposées dans la liste qui suit la définition interrogent : le mensonge n’a-t-il pas d’autres raisons que la seule volonté de tromper ? Est-il toujours un défaut condamnable ?

      Enfin, à partir des quelques synonymes mentionnés dans l’article, « craque (pop.), bobard (fam.), boniments (fam.), histoires (fam.), menterie », la recherche est prolongée de façon à enrichir cette liste en distinguant la connotation des synonymes, leur origine et leur registre de langue, le but visé par le menteur et le défaut dénoncé .

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Document complémentaire : Molière, Le Misanthrope, 1666, I, 1

Les déclarations d’Alceste

Je veux qu’on soit sincère, et qu’en homme d’honneur On ne lâche aucun mot qui ne parte du cœur. […]

Je veux que l’on soit homme, et q u’en toute rencontre Le fond de notre cœur dans nos discours se montre, Que ce soit lui qui parle, et que nos sentiments Ne se masquent jamais sous de vains compliments.

Les déclarations de Philinte

Il est bien des endroits où la pleine franchise Deviendrait ridicule, et serait peu permise ; Et parfois, n’en déplaise à votre austère honneur, Il est bon de cacher ce qu’on a dans le cœur. Serait-il à propos, et de la bienséance, De dire à mille gens tout ce que d’eux on pense ? Et quand on a quelqu’un qu’on hait ou qui déplaît Lui doit-on déclarer la chose comme elle est ?

J’entre en une humeur noire, en un chagrin profond, Quand je vois vivre entre eux les hommes comme ils font ; Je ne trouve partout que lâche flatterie, Qu’injustice, intérêt, trahison, fourberie ; Je n’y puis plus tenir, j’enrage ; et mon dessein Est de rompre en visière à tout le genre humain.

Oui, je vois ces défauts, dont votre âme murmure, Comme vices unis à l’humaine nature ; Et mon esprit enfin n’est pas plus offensé De voir un homme fourbe, injuste, intéressé, Que de voir des vautours affamés de carnage, Des singes malfaisants, et des loups pleins de rage.

Pour  lire la scène

Frontispice du Misanthrope , édition de 1719. Gravure anonyme

Frontispice du Misanthrope, édition de 1719. Gravure anonyme

Après la lecture de cette scène d’exposition , afin de comprendre les raisons du conflit qui oppose les deux personnages, l’analyse des extraits choisis a pour objectif de prolonger le travail autour de l’enjeu « Mensonge et comédie ».

Alceste : la critique du mensonge

Les premières répliques d’Alceste, avec l’anaphore de « Je veux », rejoignent la définition étudiée, car les termes choisis insistent, eux, sur l’importance de la vérité : il faut être « sincère », parler pour exprimer son « cœur » et même révéler « le fond de notre cœur ». Enfin, il rejette avec force toute fausseté afin que « nos sentiments / Ne se masquent jamais ».

Dans le second extrait, vient l’énumération des défauts, en lien avec le mensonge , caractérisent, selon Alceste, ses contemporains : elle se termine sur « fourberie », un des synonymes du mot « mensonge ». Les termes qui précèdent en désignent les raisons : la « flatterie » du destinataire peut être gratuite, ou « lâche », par facilité donc, par manque du courage qu’exige le fait de dire la vérité ; mais, le plus souvent, elle traduit un « intérêt », le menteur cherchant, en fait, à en tirer profit. Il amplifie de ce fait les conséquences du mensonge . Il produit une « injustice », ou, pire encore, il est une « trahison », double : le menteur trahit celui qu’il trompe ainsi, mais il trahit aussi ses sentiments, ses opinions.

Philinte: le mensonge excusé

La première tirade de Philinte est beaucoup plus nuancée, car il souligne l’impossibilité de « l a pleine franchise », en acceptant donc le mensonge comme une nécessité sociale , selon les « endroits », et les moments, « parfois » : « il est bon de cacher ce qu’on a dans le cœur ». Il inverse même la critique, en faisant d’Alceste et de sa volonté excessive d’absolue vérité un personnage de comédie : «  la pleine franchise / Deviendrait ridicule ».  Les questions rhétoriques invoquent deux raisons fondées sur l’idéal de "l’honnête homme" , posé au XVIIème siècle : « la bienséance », c’est-à-dire les règles de politesse qui régissent la vie en société, et la mesure, donc le rejet de toute expression violente, quand on « hait » par exemple. Ainsi, Philinte rejoint ici des notions comme celles de « mensonge par omission », le fait de taire la vérité, ou de « pieux mensonge », destiné à ne pas blesser l’autre.

Dans la seconde tirade, l'énumération, « un homme fourbe, injuste, intéressé », reprend les accusations lancées par Alceste, mais sans s’en indigner comme lui, plutôt avec une sagesse lucide. Il reconnaît que ce sont des « vices », mais considère que ces comportements relèvent tout simplement de « l’humaine nature ».

Cette scène d’exposition annonce donc tout le paradoxe de la pièce de Molière : Alceste est un homme estimable par sa volonté de rejeter le mensonge, de dire la vérité, un homme honnête, et pourtant c’est sur lui que se fonde la "comédie", c’est de lui que le public va rire…

L'héritage antique 

Le théâtre

Dans sa Poétique (vers 335 av. J.-C.), le philosophe grec Aristote ne voit d’abord dans le théâtre que sa particularité littéraire, être un art du dialogue : « qui se sert seulement du discours, soit en prose, soit en vers, que ceux-ci soient de différentes sortes mêlées ou tous du même genre. » Il est donc indispensable, quand il s’agit du "mensonge", d’envisager à la fois le menteur, celui à qui il l’adresse, voire ceux qui en sont témoins .

Mais, dès l’antiquité grecque, le mot " théatron " , formé sur le verbe " théaomai ", "regarder", insiste sur le fait que ce dialogue conduit à un spectacle (dont l’étymologie latine, le verbe " spectare ", signifie aussi "regarder"), c’est-à-dire que les personnages sont incarnés par des acteurs face à un public. Or, le fait que, dans l’antiquité déjà, les acteurs soient masqués et costumés crée un monde fictif , d’autant qu’il existe déjà des accessoires pour la mise en scène, par exemple une "machine" permet de faire descendre sur scène un être venu du ciel, souvent au dénouement pour clore l’actIon. Ainsi, dès l’origine, le théâtre s’affirme comme un monde d’illusion, où tout est menso nge … 

Le théâtre  romain de  Jesrah  (Jordanie), vers 90-92 

Le théâtre  romain de  Jesrah  (Jordanie), vers 90-92 

La comédie dans l'antiquité

On s’accorde à considérer que le mot "comédie" vient du grec " komos ", le cortège et " odè ", le chant : il s'agit sans doute, à l'origine, d'un rituel de fertilité, donnant lieu à une procession en l'honneur du dieu Dionysos . Elle est alors menée par les "phallophores", ainsi nommés parce qu'ils portent un costume rembourré, avec un faux ventre pourvu d'un énorme phallus postiche... Ivres, dans une sorte de transe, ils lancent toutes sortes de plaisanteries, souvent grossières, et leur passage s'accompagne de débats et de combats cocasses. 

Esclave, masque comique, IIème siècle av. J.-C.. Musée archéologique d"Athènes

Esclave, masque comique, IIème siècle av. J.-C.. Musée archéologique d"Athènes

Cette origine explique la permanence des acteurs costumés et les fondements de la comédie :

son langage familier , voir e vulgaire, qui abonde en insultes et ne recule pas devant l'obscénité ;

le choix de personnages qui appartiennent au peuple, et souvent stéréotypés : le vieillard amoureux, le jeune homme naïf, le soldat fanfaron, l'esclave...

la place prise par les "débats", supports de la critique sociale , et par les "combats" plaisants ;

l'excès dans les gestes et les paroles, donc le rôle de la caricature .

Ces caractéristiques expliquent les fonctions traditionnelles de la comédie, que résume Molière, dans son premier "Placet au Roi" à propos de Tartuffe : « le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant, j’ai cru que dans l’emploi où je me trouvais, je n’avais rien de mieux à faire que d’attaquer par des peintures ridicules, les vices de mon siècle ». Il lui assigne nettement un double rôle , reprise de la formule latine attribuée au poète Horace, " castigat ridendo mores ". Pour y parvenir, il est indispensable de frapper l’imagination du public, en ne s’adressant pas seulement à l’intellect pour l’instruire, mais aussi aux sens, afin de plaire par L'action qui se déroule sur scène, parfois renforcée par la musique, la danse, le mime…

Explication : Molière, Les Fourberies de Scapin , 1671, II, 5 

À la fin de l’acte I des Fourberies de Scapin , comédie de Molière jouée en 1671, l’action s’est nouée : amoureux d’Hyacinte, Octave demande l’aide du valet Scapin pour faire accepter à son père Argante son mariage avec Hyacinthe. De même, Scapin accepte d’aider son maître Léandre , ami d’Octave, qui, pour épouser Zerbinette, a besoin d’argent.

L’acte II s’ouvre sur la rencontre des deux pères : Argante, pour partager sa colère contre son fils, invoque un aveu de Scapin pour suggérer à Géronte que le sien est, lui aussi, coupable : d’où la violente colère de Géronte lors de ses retrouvailles avec Léandre. La scène 5 remet face à face Scapin et les deux jeunes gens , Octave et Léandre, persuadé que la colère de son père est due à la trahison de Scapin l’a trahi. Par quels procédés comiques Molière illustre-t-il le pouvoir du mensonge ?

1ère partie : maîtres et valet (lignes 1-26) 

Molière, Les Fourberies de Scapin, 1671

L e comique de situation

La situation même de cette scène repose sur deux mensonges .

Celui de Scapin : Pour apaiser la fureur d’Argante, informé du mariage de son fils, Scapin multiplie les excuses jusqu’à expliquer qu’Octave y a été forcé : « Le voilà surpris avec elle par ses pare nts, qui, la force à la main, le contraignent de l’épouser. »

Celui d'Argante : Face à Géronte qui lui reproche d’avoir mal surveillé son fils, Argante se défend en prétendant avoir appris de Scapin que Léandre a, lui aussi, trompé son père : « Votre Scapin, dans mon dépit, ne m’a dit la chose qu’en gros, et vous pourrez de lui, ou de quelque autre, être instruit du détail. » Il répète ce mensonge, en restant vague, « Scapin pourtant a dit de vos nouvelles », dans la scène violente qui l’oppose à son fils.

Ainsi le conflit entre Scapin et Léandre, persuadé de la trahison de Scapin, repose sur un quiproquo . Son injonction, « Laissez-moi contenter mon ressentiment », montre qu’ il croit au mensonge de son père . C'est ce qui le pousse à accuser Scapin de jouer un double jeu , en promettant de l’aider alors même qu’il a tout rapporté à son père : « Non, Octave, je veux qu’il me confesse lui-même, tout à l’heure, la perfidie qu’il m’a faite. » Il redouble son accusation en interpellant directement Scapin : « Oui, coquin, je sais le trait que tu m’as joué ; on vient de me l’apprendre, et tu ne croyais pas peut-être que l’on me dût révéler ce secret ». La reprise lexicale du verbe « confesser » par l’ordre menaçant, « je veux en avoir la confession de ta propre bouche, insiste sur le rôle joué par le mensonge dans ce conflit .

Le comique de caractère

Dès les deux premières répliques de la scène, le comique se met en place par le contraste entre les deux maîtres . Les trois exclamations d’Octave, « Mon cher Scapin, que ne dois-je point à tes soins ! Que tu es un homme admirable ! et que le ciel m’est favorable de t’envoyer à mon secours ! » traduisent ses remerciements enthousiastes. Mais ils font sourire par l’excès, marqué par la gradation , depuis son interpellation, « Mon cher Scapin », ensuite qualifié d’« homme admirable », jusqu’à faire de son valet un envoyé du « ciel ». Cette gratitude hyperbolique contraste avec la colère de Léandre , persuadé de la trahison de Scapin. Son ironie sonne comme une menace : « Ah ! ah ! vous voilà ! Je suis ravi de vous trouver, monsieur le coquin. » Mais lui aussi devient ridicule par sa menace exagérée contre un simple valet : « je vais te passer cette épée au travers du corps. »

La peur de Scapin, mise en scène de Denis Podalydès, 2018. La Comédie-Française

La peur de Scapin, mise en scène de Denis Podalydès, 2017. La Comédie-Française

Le comique de gestes

Ce décalage soutient le comique de gestes, nettement indiqué dans les didascalies, qui opposent le comportement des deux maîtres :

D’un côté , il y a la violence de Léandre , croissante, d’abord « mettant la main à son épée », puis « voulant le frapper », formule multipliée, enfin, de plus près : « s’avançant pour le frapper ».

De l’autre, Octave tente de s’opposer à cette violence , là aussi en gradation : « se mettant entre deux », puis, de façon répétée, « le retenant », enfin « se mettant au-devant ».

Face à cette répétition comique, qui caricature les deux jeunes gens, une seule didascalie indique la peur de Scapin, « se mettant à genoux », mais le metteur en scène est libre d’ accentuer le comique par le jeu des acteurs : des poursuites, des bousculades, voire des chutes, et les mimiques exagérées de Scapin pour intensifier cette peur.

Le comique de mots

Pour accentuer le comique de cette scène, Molière adopte un procédé très traditionnel, le décalage des registres de langue .

          Léandre adopte, en effet, un langage soutenu par exemple quand il s’adresse à Octave, « Non, Octave, ne me retenez point, je vous prie. » ou quand il pré sente sur un ton tragique la blessure qui justifie sa colère : « Laissez-moi contenter mon ressentiment. » Le contraste est alors flagrant avec les insultes lancées à Scapin , « coquin », répétant la première adresse plaisamment polie, « monsieur le coquin », mais aussi « traître », à deux reprises, « infâme », « pendard », « fripon ». Il perd ainsi toute sa dignité de maître.

           Face à l'insulte, Scapin tente d’abord de répondre par une plaisanterie , qui, en écho à la politesse de l’interpellation, est, en fait, un signe d’insolence : « Monsieur, votre serviteur. C’est trop d’honneur que vous me faites. » Mais, comme Octave ne s’apaise pas, il ne peut, pour échapper à sa colère, que feindre une totale innocence par ses questions : « Monsieur, que vous ai-je fait ? », « Je vous ai fait quelque chose, Monsieur ? » ou sa négation : « Je vous assure que je l’ignore. » Mais ses protestations ne font qu’amplifier la colère de Léandre .

2ème partie : la "confession" de Scapin (lignes 27-65) 

La scène se fonde sur trois aveux de Scapin , obligé de remonter dans sa mémoire pour répondre à la colère de Léandre : « il y a quelques jours », « il y a trois semaines », « il y a six mois ». Parallèlement, les fautes avouées, en gradation, permettent de mettre en évidence les mensonges qui sous-tendent la relation entre le maître et son valet . 

Le premier aveu

La faute reconnue, « j’ai bu avec mes amis ce petit quartaut de vin d’Espagne dont on vous fit présent », correspond au p ortrait traditionnel du "zanni" de la commedia dell’arte , gourmand et ivrogne. Cet aveu est suivi de précisions sur la façon dont il a procédé, comme s’il en était fier : « c’est moi qui fis une fente au tonneau, et répandis de l’eau autour, pour faire croire que le vin s’était échappé. » De plus, s’il demande « pardon » à son maître, il n e manifeste aucun regret que celui-ci ait « tant querellé la servante, croyant que c’était elle qui [lui] avait fait le tour ? » Il n’a d’ailleurs pas pris la peine d’intervenir pour disculper la servante, victime elle aussi de son m ensonge. 

Un aveu sous la menace, mise en scène de Denis Podalydès, 2017. La Comédie-Française

Un aveu sous la menace, mise en scène de Denis Podalydès, 2018. La Comédie-Française

Le deuxième aveu

La présentation de l’aveu est ici inversée car Scapin apporte d’abord les précisions sur la façon dont il a pris soin d’élaborer son mensonge par une véritable mi se en scène : « Je revins au logis mes habits tout couverts de boue, et le visage plein de sang, et vous dis que j’avais trouvé des voleurs qui m’avaient bien battu, et m’avaient dérobé la montre. » L’aveu ne vient qu’à la fin de la réplique, avec le verbe « retenu » qui remplace habilement le verbe propre : il s’agit d’un vol. À nouveau, fier de ses talents de comédien, le valet n’exprime aucun remords , avec même une justification plaisante de son vol, comme pour mieux servir son maître avec exactitude : « afin de voir quelle heure il est. »  

Le troisième aveu

Il est mis en valeur par une présentation en trois temps .

- L’aveu commence par le rappel de la faute commise , bien plus grave encore que les précédentes, puisque le valet prend le dessus sur son maître : « Vous vous souvenez de ce loup-garou, il y a six mois, qui vous donna tant de coups de bâton la nuit, et vous pensa faire rompre le cou dans une cave où vous tombâtes en fuyant. » Le maître a subi une violence indigne de son statut social.

-  Puis vient l’aveu direct , « C’était moi, Monsieur, qui faisais le loup-garou. », sans précisions.

- Il ne donne pas de détail ici sur sa mise en scène , mais son premier but, « seulement pour vous faire peur », permet d’imaginer comment il a pu faire croire à sa métamorphose. Mais l’autre justification invoquée fait du  mensonge une revanche contre les abus du maître qui exploite son serviteur : « vous ôter l’envie de nous faire courir toutes les nuits comme vous aviez de coutume. »

La bête du Gévaudan, image d’un loup-garou, 1785. Gravure anonyme. The universal Magazine of knowledge and pleasure, tome 1

La bête du Gévaudan, image d’un loup-garou, 1785. Gravure anonyme. The universal Magazine of knowledge and pleasure , tome 1

3ème partie : le quiproquo (lignes 66 à la fin) 

Une situation comique

Ces mensonges ne correspondent pas à celui qui a provoqué la colère de Léandre. Ainsi , la confession repose sur un quiproquo , situation comique amplifiée par le recours à la répétition : les deux premiers aveux conduisent à un même décalage, la dénégation de Léandre, qui réitère sa menace, à laquelle répond l’innocence feinte par Scapin.

          Après le premier aveu , Léandre insiste : « Je suis bien aise d’apprendre cela. Mais ce n’est pas l’affaire dont il est question maintenant », « Non : c’est une autre affaire qui me touche bien p lus, et je veux que tu me la dises. » Scapin, lui, joue l’étonnement : « Ce n’est pas cela, Monsieur ? », « Monsieur, je ne me souviens pas d’avoir fait autre chose. »

        Après le deuxième , l’indignation de Léandre s’accentue, « Ah ! ah ! j’apprends ici de jolies choses, et j’ai un serviteur fort fidèle, vraiment ! Mais ce n’est pas encore cela que je demande. », et Scapin reprend son plaidoyer d'innocence: « Ce n’est pas cela ? », « Monsieur, voilà tout ce que j’ai fait. » Mais l’insistance de son maître, « Non, infâme ; c’est autre chose encore que je veux que tu me confesses. », « Parle vite, j’ai hâte », inquiète le valet, d’où son aparté, « Peste ! » ; cela le conduit au troisième aveu.

La fin du quiproquo

La situation comique ne peut s’achever qu’avec l'arrêt du quiproquo, quand Léandre précise son reproche : « Je saurai me souvenir, en temps et lieu, de tout ce que je viens d’apprendre. Mais je veux venir au fait, et que tu me confesses ce que tu as dit à mon père. » Scapin regagne alors une position de force, puisque, pour une fois, son innocence est réelle , « Je ne l’ai pas seulement vu depuis son retour. » Il renforce sa résistance énergique, « Non, Monsieur », « Assurément », en proposant même de prendre Géronte à témoin : « C’est une chose que je vais vous faire dire par lui-même. » 

Une protestation d'innocence, mise en scène de Denis Podalydès, 2017. La Comédie-Française

Une protestation d'innocence, mise en scène de Denis Podalydès, 2018. La Comédie-Française

Mais son statut de valet l’oblige à rester prudent, d’où la formule de politesse qui introduit la périphrase négative : « Avec votre permission, il n’a pas dit la vérité. » Son déni revient, en effet, à accuser Géronte de mensonge : « Avec votre permission, il n’a pas dit la vérité. » 

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Détail  du manuscrit du Phormion (161 av. J-C.) de Térence, source de la comédie de Molière XIème s., BnF

Cette scène a donc, avant tout, une fonction comique, en dressant un portrait plaisant de Scapin, pris au piège par le quiproquo , lui-même dû à un double mensonge. Cette situation comique est renforcée par les répétitions, le comique de langage et de gestes. Autant de procédés que Molière emprunte au genre de la farce , qu’il a lui-même pratiqué dans ses débuts, et qu’il croise ici avec l’héritage antique et la commedia dell’arte italienne . La triple confession donne aussi une image plaisante d’un maître, jeune amoureux excessif dans sa colère et que trompe facilement un valet rusé, habile dans le mensonge. 

Mais, compte tenu du statut d’un valet au XVIIème siècle, privé de droits, mal payé et entièrement dépendant de son maître, pouvons-nous condamner ses mensonges qui cherchent avant tout à améliorer son sort et lui servent d' échappatoire ? 

Visionnage  : Denis Podalydes, mise en scène de l'acte II, scène 5, 2017

Décor et costumes

        Le décor de fond de scène est très stylisé , le bleu pour la mer, un ciel dans lequel est figuré un petit nuage. Le plateau de scène est lui aussi vide. Mais les deux bornes d’amarrage nous indiquent que la scène se déroule sur le quai d’un port.

        Les costumes indiquent le statut social. Celui de Scapin contraste avec l’élégance des deux jeunes gens : chapeau, bottes, épée. Le mouchoir exhibé par Octave est même un signe de raffinement, comme le flacon de parfum utilisé par Léandre alors même qu’il est emporté par sa colère. 

Leur frivolité rappelle à la fois les jeunes écervelés de la comédie antique, et les amoureux de la commedia dell’arte.

la mise en valeur des maîtres

Le jeu des acteurs avec ses quatre composantes, les déplacements, la gestuelle, les mimiques et l’intonation , renforce le comique de la scène, en exagérant le ridicule des jeunes gens.

        La colère de Léandre est poussée à l’extrême , par ses mouvements précipités, par exemple quand il se précipite sur Scapin, et par ses gestes excessifs, quand il tente de l’étrangler ou l’empoigne violemment par le col de son manteau. Son positionnement indique sa puissance, notamment quand, jambes solidement plantées de part et d’autre de Scapin à genoux, il le domine de toute sa puissance.

      Octave est tout aussi ridicule , dès sa chute lors de son entrée, suivie de sautillements puérils. Ses chutes se multiplient d’ailleurs, et il est souvent victime de bousculades, et même d’une gifle reçue de Léandre par erreur, car destinée à Scapin.

Le jeu des acteurs accentue ainsi le décalage entre les deux personnages, chacun se retrouvant ridiculisé tour à tour. Octave perd son épée dès sa tentative de duel, et sa position de mise en garde, épée brandie, rend son courage cocasse. De même, on rit de l’inversion de la gestuelle qui amène les deux amis à lutter entre eux : Léandre étranglant avec violence Scapin, se retrouve plaisamment étranglé par Octave.

Les mensonges de Scapin

Scapin se retrouve au centre du jeu , adjuvant des deux jeunes gens comme l’indique sa position centrale entre eux à la fin de la scène. Tout le jeu de l’acteur vise d’abord à accentuer sa peur, ses courses pour échapper à son maître, sa gestuelle quand il se jette à ses genoux, mais aussi ses mimiques et ses regards effrayés, par exemple face à son maître qui tient son épée entre ses dents.

Mais l 'intonation du comédien  reproduit l’évolution des aveux de mensonges face à Léandre :

Le 1er aveu se fait sur un ton encore timide , entrecoupé par des silences, avec une humble demande de pardon à la fin.

Le 2ème est beaucoup plus provocateur, avec le récit concrétisé par la montre restituée à son maître, geste accompagné d’un changement dans le texte : la justification « afin de voir quelle heure il est » devient une injonction insolente : « Faites voir un peu quelle heure il est. »

Le ton change totalement pour le 3ème aveu  : il est affirmé avec plus de violence, jusqu’à adopter un ton revendicatif . L’audace du mensonge, qui a conduit un valet à battre son maître, est mise en valeur par le contraste cocasse avec le jeu de Léandre, qui mime les dents du loup et accentue le son [ou] comme pour imiter le hurlement du « loup-garou ».

Lectures cursives  : Molière, Le Médecin malgré lui , 1666, deux extraits 

Acte I, scène 6

La lecture de cette scène conduit à observer la façon dont l’intrigue même est fondée sur deux formes de mensonge . Pour se venger des insultes et des coups de son mari, Sganarelle, Martine fait croire à Valère et Lucas, deux serviteurs qui recherchent un médecin pour la fille de leur maître, que Sganarelle est un excellent médecin, capable de réaliser des miracles. Mais il fait preuve d’une étrange « folie » : il refuse de se dire médecin tant qu’on ne l’oblige pas « à force de coups, à vous confesser à la fin ce qu’il vous cachera d’abord. »

L e quiproquo

Toute la première partie de la scène est la conséquence du mensonge de Martine : un quiproquo . La situation comique naît alors du décalage entre la vérité de Sganarelle et le mensonge auquel croient Valère et Lucas .

        En soulign ant l a personnalité de Sganarelle , l’amour qu’il po rte à sa « [b]outeille jolie », Molière emprunte son ivrognerie aux « zanni » de la commedia dell’arte, tel Arlequin. Elle contraste avec le respect des deux serviteurs pour ce grand médecin, rendu comique par la répétition des politesses et l’étonnement du h éros, « Voici des gens bien pleins de cérémonie ».

       Le quiproquo naît de l’ambiguïté de la présentation de Valère , « les habiles gens sont toujours recherchés, et nous sommes instruits de votre capacité. », qui ne peut, pour Sganarelle que faire référence à son métier de fagotier : « Il est vrai, messieurs, que je suis le premier homme du monde pour faire des fagots. » De cela découle l’échange comique autour du prix des fagots, autre illustration de l’amour de l’argent traditionnel chez les « zanni ».

Le quiproquo prend fin dès que Valère reprend le mensonge de Martine en le qualifiant de « grand médecin », ce qui amène le déni énergique de Sganarelle : « Médecin vous-même ; je ne le suis point, et je ne l’ai jamais été. »

Pour lire les scènes

Sganarelle battu.jpg

"Médecin malgré lui"

La seconde partie de la scène illustre l e résultat du mensonge . Alors même que Sganarelle affirme sa vérité, « Messieurs, en un mot autant qu’en deux mille, je vous dis que je ne suis point médecin », il se trouve roué de coups , puisque ce serait là, selon Martine, le seul moyen de lui faire reconnaître cette qualité. Le comique de cette situation est accentué par les excuses réitérées de Valère et Lucas, désolés de devoir ainsi le battre, et par le retard de l’aveu de Sganarelle , qui tente de rétablir la vérité. 

Sganarelle battu. Mise en scène par la compagnie Colette Roumanoff, 2007, théâtre Fontaine

Tandis que tous deux répètent les éloges, les guérisons miraculeuses qui ont soutenu le mensonge de Martine, Sganarelle n’accepte finalement que mû par l’appât d’un gain important, inversion comique : « Ah ! je suis médecin, sans contredit. Je l’avois oublié ; mais je m’en ressouviens. De quoi est-il question ? Où faut-il se transporter ? »

Acte II, scène 6

Cette scène illustre la réalisation du mensonge , la consultation de Lucinde, la fille de Géronte, dont la maladie est aussi un mensonge : elle feint d’être muette pour empêcher le mariage que veut lui imposer son père.

L’art du mensonge

Le comique repose à nouveau sur la situation, avec l e décalage entre la réalité et l’apparence de Sganarelle, dans son rôle de mé decin , parfaitement joué d’abord par son costume et ses gestes, « en faisant diverses plaisantes postures », mais surtout par son langage. 

Mise en scène de Jean Lermier, 2007, théâtre des Amandiers, Nanterre

Après avoir vérifié l’ignorance de Géronte, il parodie le langage des médecins de ce temps , un galimatias de latin, auquel il mêle du grec et de l’hébreu, en y ajoutant son éloge ridicule d’Aristote. L’absurdité de son diagnostic est redoublée par la cause invoquée , « cet empêchement de l’action de sa langue », et un nouveau décalage entre son ignorance et la rationalité affichée pour expliquer cette maladie. Tout aussi absurde est   le remède proposé , « quantité de pain trempé dans le vin », par sa double justification, d’abord dans un jargon pseudo-médical, « il y a dans le vin et le pain, mêlés ensemble, une vertu sympathique qui fait parler », puis par l’animalisation de la jeune fille : « Ne voyez-vous pas bien qu’on ne donne autre chose aux perroquets, et qu’ils apprennent à parler en mangeant de cela ? »

Mais ce mensonge ne peut fonctionner que grâce à la crédulité des autres personnages , à commencer par les serviteurs éblouis : « L’habile homme que v’là ! », s’exclame Jacqueline, la nourrice, tandis que la réplique de Lucas montre à quel point il est facile de duper un ignorant : « Oui, ça est si biau que je n’y entends goutte. » L’admiration de Géronte, « Ah ! que n’ai-je étudié ! », illustre aussi cette naïveté, rendue encore plus comique quand il accepte même que la « méthode toute nouvelle » de la médecine ait inversé la place du foie et du cœur : « C’est ce que je ne savais pas, et je vous demande pardon de mon ignorance. »

POUR CONCLURE

Ces deux extraits mettent en évidence les divers rôles du mensonge : une vengeance pour Martine, une échappatoire  pour Lucinde comme pour Sganarelle qui en tire aussi une satis faction personne lle pour Sganarelle, un gain potentiel et la satisfaction de son amour-propre. Mais la situation, fondée sur le mensonge, quiproquo ou parodie, renforcé par les autres formes de comique, gestes, langage, caractère, rendrait cet art de mentir inopérant sans la crédulité des autres personnages . La satire est donc multiple.

Exposé  : la commedia dell'arte 

Pour  approfondir l'étude des personnages

Commedia delll'arte.jpg

Sans doute grâce à son grand-père, Molière a découvert tout jeune les spectacles de la foire , qui ont certainement contribué à faire naître sa passion pour le théâtre. Les places publiques, les carrefours, et surtout les foires sont, dès le moyen-âge, des lieux où se retrouvent aussi saltimbanques, jongleurs, montreurs d’animaux, et des comédiens qui offrent au public populaire les soties, les moralités, et surtout les farces . Certains « farceurs » sont célèbres au début du XVIIème siècle, comme Mondor et Tabarin dont les « fantaisies » et les échanges cocasses préfigurent bien des comédies de Molière .

Cliquer pour voir un diaporama d'analyse

Il est ainsi préparé à apprécier la commedia dell’arte , dont il fréquente la troupe, dirigée par Scaramouche avec laquelle il partage la salle du Petit-Bourbon dont Louis XIV lui accorde l’usage en 1658 en alternance avec eux. Cette fréquentation des comédiens italiens va enrichir considérablement ses comédies.

Explication : Molière, Le Tartuffe ou l'Imposteur , 1664, acte III, scène 3,  v ers 966 à 1000

Pour lire l'extrait

Les deux premiers actes de la comédie de Molière ont permis au public de mesurer l'emprise exercée par Tartuffe, "l'imposteur" , sur Orgon, au point que celui-ci a décidé de lui donner sa fille Mariane en mariage. Mais Dorine, la servante, a déjà suggéré que Tartuffe « pourrait bien avoir douceur de cœur » pour l'épouse de son hôte, et l’entrée en scène de ce personnage, dans l’acte III, confirme cet excès de dévotion, suspect. Son hypocrisie se manifeste lors de sa conversation avec Elmire , qui intervient pour tenter de le faire renoncer au mariage prévu. Le début de la scène, en effet, introduit une ambiguïté, d'abord dans le geste de Tartuffe contraire aux bienséances mentionné dans la didascalie : « Il lui met la main sur le genou ». Puis, dans la longue tirade qui précède l'extrait, du vers 933 à 960, il enlève son masque pour adresser à Elmire une déclaration d'amour directe , qui provoque l'indignation de celle-ci : « Un dévot comme vous, et que partout on nomme... »

Comment la tirade de Tartuffe à Elmire met-elle en évidence le masque qu’il porte ?

Molière, Le Tartuffe, 1664

1ère partie : un aveu ambigu (vers 1 à 7) 

L'autoportrait de Tartuffe

En réponse au reproche d’Elmire, la tirade s’ouvre sur un cri, suivi d’une opposition qui introduit toute l’ ambiguïté de Tartuffe : « Ah ! pour être dévot, je n’en suis pas moins homme ». La religion lui offre, en fait, un masque commode pour se justifier un désir sensuel : Dieu n’a-t-il pas l’homme d’une âme dans un corps ? C’est sur ce corps qu’il insiste, par une seconde opposition, « Mais, madame, après tout, je ne suis pas un ange », c’est-à-dire un pur esprit, dégagé de toute sexualité.

Un séducteur. Mise en scène de Jacques Weber, 1994, théâtre Antoine, Paris

Un séducteur. Mise en scène de Jacques Weber, 1994, théâtre Antoine, Paris

Un double langage

La formulation de son aveu révèle à quel point il porte en lui cette double nature .  Le verbe « voir » introduit l’attirance physique , confirmée par le langage emprunté à la Préciosité galante : les « appas » comme les « attraits » renvoient au corps d’Elmire, désiré. Mais à ce discours se mêle un vocabulaire religieux :

Les « céles t es appas », adjectif hyperbolique, lui fournit une excuse commode : en aimant Elmire, il aime la beauté créée par Dieu. Il devient alors légitime qu’« [u]n cœur se laisse prendre, et ne r aisonne pas. », excuse généralisée par l’emploi du pronom indéfini « on ».

L’autre emprunt renvoie à une image traditionnelle de la femme , déjà à partir de l’étymologie du mot « charme », "carmen", un chant qui accompagne une action magique. Mais, dans la Bible , Ève, séductrice, tentatrice , à laquelle Adam n’a pu résister, reprend cette image. Elmire  éloignerait Tartuffe de sa nature profonde : « Je sais qu’un tel discours de moi paraît étrange. » Mais ainsi la culpabilité se retrouve inversée, rejetée sur Elmire qui exercerait un pouvoir maléfique : « Et, si vous condamnez l’aveu que je vous fais, / Vous devez vous en prendre à vos charmants attraits. »

2ème partie : le masque de la dévotion (vers 8 à 21)

L e  portrait d'Elmire

Le langage religieux est comme une seconde nature pour Tartuffe.  Il l’emploie pour dépeindre Elmire et ce qui, dans le langage profane, serait un coup de foudre né au premier regard : « Dès que j’en vis briller la splendeur plus qu’humaine ». Il représente ainsi son rayonnement, telle une icône religieuse auréolée de lumière. De même, ses « regards » sont qualifiés de « divins », et comme chargés d’un amour christique par leur « ineffable douceur ». La reprise du mot « charme » réitère ainsi l’accusation déjà lancée, puis l’interpellation, « ô suave merveille » unit la sensualité de l’adjectif et le nom, qui renvoie au surhumain. D’où l’aveu de la passion transformée en « dévoti / on », terme amplifié par la diérèse, mais qui touche au blasphème en confondant l’amour pour une femme avec l’amour du chrétien pour son dieu .

Une douloureuse épreuve

Cet amour devient même un e épreuve envoyée par Dieu , cause de souffrances, en se dépeignant comme un héros tragique, déchiré par une lutte intérieure entre sa dévotion et une passion absolue. Il décrit longuement ce combat douloureux par l’énumération sans articles de ses efforts de chrétien fervent, « jeûne, prières, larmes ». La diérèse sur le terme « tribulati / ons », qui occupe presque tout l’hémistiche, résume les douleurs de cette lutte. Mais il reconnaît bien volontiers son état de pécheur, échouant dans ce terrible combat contre la tentation , qui l’emporte sur sa foi : Elmire « força la résistance où s’obstinait mon cœur ». Il admet ainsi son « néant », sa faiblesse toute humaine. N'est-ce pas là, après tout, la nature même de l'homme ? 

L'aveu amoureux. Mise en scène de Marcel Maréchal, 1991, théâtre de la Criée, Marseille

L'aveu amoureux. Mise en scène de Marcel Maréchal, 1991, théâtre de la Criée, Marseille

L'appel à Elmire

Tartuffe oublie alors toute sa prudence pour lancer à Elmire un vibrant appel à l’amour , conséquence de son désir sensuel introduite par la conjonction « Que ». Mais à nouveau, il masque ce désir en mêlant les registres profane et religieux . Son aveu emprunte, en effet, au vocabulaire de l’amour courtois, en affirmant la suprématie de la « dame » aimée, suzeraine, « De mon intérieur vous fûtes souveraine », face à l’humble chevalier à ses pieds, son « esclave indigne ».

Mais, masqué par le langage religieux, l’appel à l’amour se transforme en un appel à une charité toute chrétienne . Elle doit le « contempler d’une âme un peu bénigne », c’est-à-dire se montrer « bonne » et généreuse pour effacer les souffrances qu’elle lui fait endurer. Il serait donc juste qu’elle répare cette faute en cédant aux avances de Tartuffe : « que vos bontés veuillent me consoler ». L'ambiguïté de la formule n'empêche en rien son sens réel : il s'agit bien d' obtenir qu'Elmire satisfasse son désir… en commettant le péché d’adultère .

3ème partie : le tentateur (vers 22 à la fin)

Mais Tartuffe pousse à son comble son hypocrisie , en effaçant totalement ce péché d’adultère par sa promesse de discrétion , soutenue par les négations : « Votre honneur avec moi ne court point de hasard, / Et n’a nulle disgrâce à craindre de ma part. » Finalement seule compte la préservation de l’apparence .

Son discours tentateur repose sur une opposition, signalée par le connecteur « Mais ».

Le  blâme

Six vers sont consacrés à ceux qu’il nomme les « galants de cour », les jeunes libertins qui cherchent à séduire . Son mépris envers eux est parallèle à son mépris envers les femmes, « folles » de les aimer. Le champ lexical du langage est ici péjoratif. Ils sont « bruyants dans leurs faits et vains dans leurs paroles », c’est-à-dire qu’ils sont dangereux car ils se font gloire de leurs conquêtes, par pure vanité : « De leurs progrès sans cesse on les voit se targuer / Ils n’ont point de faveurs qu’ils n’aillent divulguer » Il accuse ainsi à la fois ces jeunes séducteurs de n’avoir qu’un respect apparent pour les femmes conquises, traitées comme des déesses, mais aussi celles-ci qui, naïvement, leur font confiance : « Et leur langue indiscrète, en qui l’on se confie, / Déshonore l’autel où leur cœur sacrifie. »

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Le tentateur. Mise en scène de Jacques Charon, 1973, Comédie-Française

L'éloge

À ces jeunes gens, Tartuffe oppose un groupe dans lequel il s’inclut , « les gens comme nous ». Mais qui sont ces personnes ? De simples libertins, plus habiles ? Des faux dévots ? On comprend que la pièce, qui sous-entend que les "Tartuffe" sont nombreux, ait pu suscite r une cabale et être censurée. Le portrait qu’il en fait est un éloge. Aux bavardages précédemment dénoncés, il oppose la certitude d’un « feu discret », et insiste sur l’absence de risque : « pour toujours, on est sûr du secret. » Mais ce souci de préserver l’apparence est avant tout égoïste, car il s’agit d’abord de à préserver sa propre image avant celle de la femme séduite : « Le soin que nous prenons de notre renommée / Répond de toute chose à la personne aimée ».

Sa conclusion, avec le parallélisme des négations dans le dernier vers, « Et c’est en nous qu’on trouve, acceptant notre cœur, / De l’amour sans scandale, et du plaisir sans peur. », supprime totalement le péché d’adultère, remplacé par le seul plaisir sexuel : la peur de Dieu devient seulement la peur du « qu’en dira-t-on ? »

Tartuffe est bien un "imposteur" dans un sens scandaleux ici, puisqu’il met le langage et le dogme de la religion au service de son désir purement sensuel , en invoquant sa nature même d’homme faible et de pécheur. Chez lui, le"masque" est devenu une seconde nature, puisqu’il imprègne son langage même. Il est incapable de parler sans recourir à un lexique religieux, développant ainsi un véritable art du mensonge , tout en exprimant sa vérité. Mais, comme s’y mêle l’expression sensuelle du désir, l’hypocrisie de "l’imposteur" ressort avec plus de force, d’autant plus qu’il en rejette la faute sur la femme… et même sur Dieu qui a créé sa beauté.

Le public s’interroge alors :  s’agit-il encore d’une comédie ?  Molière touche à un sujet grave, celui de la religion mise au service du vice : Tartuffe affirme que, finalement, tout est permis… Il suffirait de savoir se taire. Il apparaît donc comme un personnage dangereux, car sans scrupules.

Explication : Marivaux, Les fausses Confidences , 1737, I, 14  

Pour lire la scène

L’exposition a présenté la situation de Dorante, amoureux d’Araminte , riche veuve alors qu’il est lui-même sans fortune, et son désir de l’épouser, grâce à un « projet » aux contours encore mystérieux, élaboré par son ancien valet, Dubois . Les scènes suivantes nous font assister à la première rencontre entre Araminte et Dorante, que son oncle, monsieur Rémy, a placé chez elle comme intendant : elle lui trouve « très bonne façon », et le reçoit aimablement.

Dubois intervient pour mettre en place le stratagème dans la courte scène 13 : « il feint de voir Dorante avec surprise », tandis que « Dorante feint de détourner la tête, pour se cacher de Dubois . » L’habile valet peut alors se livrer à une « confidence », sous le sceau du secret , dont les quatre étapes visent à jeter le trouble chez Araminte, en lui révélant l’amour de son intendant pour elle. Comment cette scène représente-t-elle le mensonge et les effets qu’il produit ?

Marivaux, Les fausses Confidences, 1737

1ère partie : une stratégie habile (lignes 1 à 24) 

La gêne marquée par le comportement de Dubois et de Dorante a atteint son but, être remarquée d’Araminte, d’où les questions qui ouvrent le dialogue : « Qu’est-ce donc… ? », « D’où vient… ? ». Cette curiosité permet au valet de développer sa feinte, à partir de trois procédés.

Son questionnement

Au lieu de répondre directement, il multiplie les questions, feint souci de bien comprendre la situation pour protéger sa maîtresse : « Savez-vous à qui vous avez affaire ? », « comment a-t-il fait pour arriver jusqu’ici ? ». En répétant la réponse d’Araminte, « Et c’est monsieur Remy qui vous l’envoie ? », il surjoue son étonnement. C'est une  première façon de mentir .

L'exagération

Parallèlement, sa demande immédiate de « congé » suggère que la présence de Dorante représente un réel danger, qu’il souhaite fuir. La réaction d’Araminte, signalée par la didascalie, « surprise », l’encourage à poursuivre en ce sens. Il s’emploie alors à accentuer ce danger, d’abord par des questions qui sous-entendent une manigance de Dorante : « Eh ! par quel tour d’adresse est-il connu de madame ? comment a-t-il fait pour arriver jusqu’ici ? » Dans un second temps, il dramatise la situation, par une exclamation, « Lui, votre intendant ! », puis son lexique hyperbolique, ne peut que renforcer l’inquiétude d’Araminte : « Hélas ! l le bon homme, il ne sait pas qui il vous donne ; c’est un démon que ce garçon-là. » 

Un paradoxe

          D’un côté, il insiste, par ses exclamations, sur la fiabilité de son témoignage critique . Il présente Dorante comme un être hypocrite , prenant Araminte elle-même à témoin par sa question. Ses exclamations en donnent une interprétation à nouveau inquiétante : « Si je le connais, madame ! si je le connais ! Ah ! vraiment oui ; et il me connaît bien aussi. N’avez-vous pas vu comme il se détournait, de peur que je ne le visse ? ».   Critique paradoxale, vu ses propres feintes...

        De l’autre, et alors même que les questions d’Araminte, « Serait-il capable de quelque mauvaise action, que tu saches ? Est-ce que ce n’est pas un honnête homme ? », montrent qu’il a atteint son but, il inverse le portrait, avec un vibrant éloge de Dorante , accumulant les hyperboles : « Lui ! Il n’y a point de plus brave homme dans toute la terre, il a peut-être plus d’honneur à lui tout seul que cinquante honnêtes gens ensemble. Oh ! c’est une probité merveilleuse ; il n’a peut-être pas son pareil. »

Les réactions d’Araminte , en gradation, prouvent le succès de sa stratégie , étonnement d’abord, inquiétude croissante d’une « mauvaise action » ensuite, pour en arriver à un bouleversement total : « Eh ! de quoi peut-il donc être question ? D’où vient que tu m’alarmes ? En vérité, j’en suis toute émue. »

2ème partie : une stratégie habile (lignes 1 à 24) 

La parole habile de Dubois

Dubois juge alors qu’Araminte est prête à entendre la vérité : l’amour que Dorante éprouve pour elle . Mais là encore, il  glisse vers le mensonge , quand il la présente comme une folie, à l’aide d ’un geste pour le confirmer : « Son défaut, c’est là. ( Il se touche le front .) C’est à la tête que le mal le tient. » Puis, il la met en valeur par la répétition lexicale hyperbolique, « il est timbré, mais timbré comme cent. », enfin par une gradation ternaire, imagée : « Il y a six mois qu’il est tombé fou ; Il y a six mois qu'il extravague d'amour, qu’il en a la cervelle brûlée, qu’il en est comme un perdu. » 

Un manipulateur. Mise en scène de Didier Bezace, 2010. Théâtre de La Commune

Un manipulateur. Mise en scène de Didier Bezace, 2010. Théâtre de La Commune

Pour preuve ultime, face au doute d’Araminte, « il m’a paru de très bon sens », il invoque son expérience personnelle, en accentuant la gravité de la situation par un mensonge, son choix de quitter son service  : « Je dois bien le savoir, car j’étais à lui, je le servais ; et c’est ce qui m’a obligé de le quitter ; et c’est ce qui me force de m’en aller encore ».  

Le masque des sentiments

Comment interpréter la didascalie qui introduit la réaction d’Araminte : « un peu boudant » ? C’est, à coup sûr une sorte de déception à l’idée de devoir, pour respecter les bienséances, renvoyer Dorante , dont, dès la première rencontre, elle avait apprécié la séduction. Mais, en même temps, n’est-ce pas déjà la jalousie qui l’amène à suggérer : « et peut-être encore, je gage, pour quelque objet qui n’en vaut pas la peine ; car les hommes ont des fantaisies !… » Par cette suggestion, elle offre à Dubois la possibilité d’arriver à l’aveu d’amour : « Ah ! vous m’excuserez. Pour ce qui est de l’objet, il n’y a rien à dire. Malepeste ! sa folie est de bon goût. » Ajoutons à cela la contradiction entre l’affirmation, « je veux le congédier », et sa question, « Est-ce que tu la connais, cette personne ? », qui permet à Dubois d’ annoncer la vérité : « c’est vous, madame. »

Un aveu surprenant. Mise en scène de Didier Bezace, 2010. Théâtre de La Commune

La bienséance voudrait qu’Araminte rétorque par une protestation immédiate. Or, sa nouvelle question, « Moi, dis-tu ? », donne à Dubois l'occasion d’insister sur la force de cet amour , « Il vous adore ; il y a six mois qu’il n’en vit point, qu’il donnerait sa vie pour avoir le plaisir de vous contempler un instant », tout en faisant adroitement appel au témoignage même de sa maîtresse : « Vous avez dû voir qu’il a l’air enchanté, quand il vous parle. » 

Un aveu surprenant. Mise en scène de Didier Bezace, 2010. Théâtre de La Commune

3ème partie : entre mensonge et vérité (lignes 25 à 93) 

Le portrait de Dorante : un vibrant éloge

Dubois a parfaitement perçu la jalousie et l’indulgence d’Araminte, deux ressorts sur lesquels il va agir dans le portrait de son ancien maîtr e : sous prétexte de prouver « sa démence », chaque trait est en fait destiné à le mettre en valeur .

L’énumération vise à r assurer d’abord Araminte sur l’infériorité sociale de Dorante : « Il est bien fait, d’une figure passable, bien élevé et de bonne famille. » Le manque d’argent ne vient qu’à la fin, sous une forme négative qui semble l’amoindrir : « mais il n’est pas riche ».

Mais, de ce manque d’argent, obstacle fondamental à cette époque, il fait une qualité , en jouant sur la jalousie d’Araminte : « Vous ne croiriez pas jusqu’où va sa démence ; elle le ruine, elle lui coupe la gorge et vous saurez qu’il n’a tenu qu’à lui d’épouser des femmes qui l’étaient, et de fort aimables, ma foi, qui offraient de lui faire sa fortune, et qui auraient mérité qu’on la leur fît à elles-mêmes ».

Pour accroître cette jalousie, il ne lui reste qu’à évoquer une rivale  en se posant lui-même comme garant de son mensonge : « Il y en a une qui n’en saurait revenir, et qui le poursuit encore tous les jours. Je le sais, car je l’ai rencontrée. » Araminte est alors, à son tour, obligée de feindre, en masquant son intérêt , illustré par sa question « Actuellement ? », sous le ton adopté, « avec négligence ». Dubois peut alors renforcer son mensonge par l’éloge de la prétendue rivale , « une grande brune très piquante », puis par une critique de Dorante qui refuse d’utiliser l’amour pour s’enrichir : « il fuit. Il n’y a pas moyen ; monsieur refuse tout. », « il sent bien son tort ». Mais s'agit-il d'une critique ? Comment un amour désintéressé serait-il blâmable ? En introduisant le discours rapporté direct, « « Je les tromperais, me disait-il ; je ne puis les aimer, mon cœur est parti. », c’est au contraire la sincérité de Dorante qu’il met en évidence , avec, comme ultime détail, « la larme à l’œil », propre à toucher le cœur de celle qui est cause d’un tel amour…

Le récit d'une passion

La stratégie de Dubois est une réussite , puisque la question d’Araminte contredit le lexique péjoratif initial : « Cela est fâcheux ; mais où m’a-t-il vue avant de venir chez moi, Dubois ? ». Notons l’ambiguïté de l’adjectif « fâcheux », qui peut aussi bien signaler un blâme de cet amour excessif, qu’un regret d’avoir la présence de cette rivale. Elle ne cherche, en fait, qu’à entendre Dubois lui parler de cet amour, car, au lieu de l’interrompre, elle ponctue le long récit d’exclamations qui révèlent son intérêt : « Quelle aventure ! », « Tu m’étonnes à un point ! ».

Un coup de foudre

Le lecteur ne peut savoir si ce récit est véridique, ou bien si Dubois invente . En tout cas, il fait tout pour en affirmer la vérité , par son insistance, « C’était un vendredi, je m’en ressouviens ; oui, un vendredi », et par un luxe de détails : « un jour que vous sortîtes de l’Opéra », « il vous vit descendre l’escalier », « vous suivit jusqu’à votre carrosse », « il avait demandé votre nom ». À travers son récit, il se pose en témoin (« à ce qu’il me raconta ») de l’effet produit par cet amour naissant, un bouleversement de tout l’être qu’il dramatise d’emblée, par l’interjection tragique, « Hélas ! », et la peinture du coup de foudre : « je le trouvai qui était comme extasié ; il ne remuait plus. » La familiarité du récit confirme ce trouble : « J’eus beau lui crier : « Monsieur ! » Point de nouvelles, il n’y avait personne au logis. À la fin, pourtant, il revint à lui avec un air égaré ; je le jetai dans une voiture, et nous retournâmes à la maison. »

Plaisamment, dans son récit, Dubois, tout en poursuivant, sur un ton familier, l’éloge de Dorante, « J’espérais que cela se passerait ; car je l’aimais : c’est le meilleur maître ! Point du tout, il n’y avait plus de ressource », lance une accusation contre Araminte, en se posant lui-même comme une victime de cette passion ainsi née par le service alors exigé : « Ce bon sens, cet esprit jovial, cette humeur charmante, vous aviez tout expédié ; et dès le lendemain nous ne fîmes plus tous deux, lui, que rêver à vous, que vous aimer ; moi, qu’épier depuis le matin jusqu’au soir où vous alliez. »

Les souffrances de l'amour

Emporté par son récit, Dubois multiplie les exemples des excès de cette passion , en prenant soin, cependant, d’empêcher toute vérification : « Je me fis même ami d’un de vos gens qui n’y est plus, un garçon fort exact, qui m’instruisait, et à qui je payais bouteille. » En évoquant les sorties, traditionnelles à cette époque, « à la Comédie », ou pour des visites, « chez madame celle-ci », « chez madame celle-là », il se dépeint lui-même comme une victime, obligé de subir de longues attentes, « dès quatre heures » (alors que le spectacle est en soirée), pour une très brève vision : « nous allions toute la soirée habiter la rue, ne vous déplaise, pour voir madame entrer et sortir ». Il renforce l'impression de vérité en accumulant les détails temporels donnés et en soulignant le contraste entre son maître et lui : « lui dans un fiacre, et moi derrière, tous deux morfondus et gelés, car c’était dans l’hiver ; lui ne s’en souciant guère, moi jurant par-ci par-là pour me soulager. »

La réaction d'Araminte

Elle a longuement laissé parler Dorante, et sa réaction finale, particulièrement ambiguë, prouve sa réelle émotion devant un tel amour, masquée par un prétendu souci moral  : « Je suis si lasse d’avoir des gens qui me trompent, que je me réjouissais de l’avoir parce qu’il a de la probité ». Mais cette affirmation est particulièrement plaisante, alors qu’elle est précisément en train d’être trompée par Dubois. Elle montre en fait qu’ elle ne souhaite guère renvoyer Dorante , ce que confirme sa protestation, « ce n’est pas que je sois fâchée », qui contredit la précédente, « Cela est fâcheux ». Elle tente cependant de rétablir sa dignité, « je suis bien au-dessus de cela », signe de son amour-propre qui résiste .

Une double conclusion

Sur la situation de Du bois

Dubois termine son récit, toujours en se présentant comme victime , « ma santé s’altérait », mais il révèle aussi, indirectement, son aptitude à mentir pour échapper à la contrainte : « Je lui fis accroire que vous étiez à la campagne ; il le crut, et j’eus quelque repos. » Mais la vérité est mise au premier plan par l’évocation d’une relation traditionnelle entre un valet et un maître qui se découvre trompé : « Mais n’alla-t-il pas, deux jours après, vous rencontrer aux Tuileries […] ! Au retour, il était furieux ; il voulut me battre ». Cependant, il prend soin, pour maintenir l’éloge d’un maître amoureux, lui aussi touché dans sa « santé », ne pouvant que « s’attrister » de l’« absence » de celle qu’il aime, d’effacer sa violence, « tout bon qu’il est », et de justifier son placement chez Araminte, par une comparaison hyperbolique : « à force de se démener, je le trouve parvenu à votre intendance ; ce qu’il ne troquerait pas contre la place de l’empereur. »​

Les sentiments masqués. Mise en scène de Didier Bezace, 2010. Théâtre de La Commune

Le trouble d'Araminte. Mise en scène de Didier Bezace, 2010. Théâtre de La Commune

4ème partie : le piège (lignes 94 à la fin) 

Le renvoi de Dorante

Pour achever sa « confidence », Dubois pousse Araminte dans ses derniers retranchements en suggérant un renvoi , exigé d’ailleurs par les bienséances ; mais, comme il a perçu l'amour naissant en Araminte, il le présente habilement comme une façon de soulager Dorante : « Il y aura de la bonté à le renvoyer. Plus il voit madame, plus il s’achève. » Mais son piège a si bien réussi qu’ Araminte lui oppose deux arguments :

un argument psychologique : «  Vraiment, je le renverrais bien ; mais ce n’est pas là ce qui le guérira. »

un argument social : « Je ne sais que dire à M. Remy qui me l’a recommandé, et ceci m’embarrasse. Je ne vois pas trop comment m’en défaire honnêtement. »

Face à l’insistance de Dubois, qui dramatise à nouveau l’état de Dorante, « Oui ; mais vous ferez un incurable, madame », la didascalie, « vivement », démasque l’indifférence affichée par Araminte , « Oh ! tant pis pour lui » », qui ouvre la réplique dans laquelle elle introduit deux alibis pour se donner bonne conscience , en gradation. Elle mentionne d’abord son intérêt personnel, allusion à un procès en cours avec le Comte Dorimont, un époux potentiel : « je suis dans des circonstances où je ne saurais me passer d’un intendant. » Puis elle développe le prétendu intérêt de Dorante, pour le guérir : « Et puis, il n’y a pas tant de risque que tu le crois. Au contraire, s’il y avait quelque chose qui pût ramener cet homme, c’est l’habitude de me voir plus qu’il n’a fait ; ce serait même un service à lui rendre. »

L'utlime feinte de Dubois

Le valet feint alors d’accepter l’argument de sa maîtresse , « Oui ; c’est un remède bien innocent », et, mieux encore, cherche à s’assurer de la réussite de son stratagème, sous prétexte de la rassurer : « Premièrement, il ne vous dira mot ; jamais vous n’entendrez parler de son amour. » La stratégie répond à son espoir, car la question d’Araminte, « En es-tu bien sûr ? », vient-elle d’une peur d’un aveu direct de Dorante, ou plutôt d’un souhait qu’elle ne peut encore formuler ? Dubois ne s’y trompe pas, et chaque mot de sa dernière tirade, « Oh ! il ne faut pas en avoir peur ; il mourrait plutôt », est, sous couvert de la rassurer, un dernier éloge de Dorante . Il s’ouvre sur une énumération hyperbolique, destiné à flatter Araminte, qui se trouve ainsi divinisée par cet amant passionné : « Il a un respect, une adoration, une humilité pour vous, qui n’est pas concevable. Est-ce que vous croyez qu’il songe à être aimé ? Nullement. Il dit que dans l’univers il n’y a personne qui le mérite ». Dubois ne néglige pas non plus le plaisir que peut prendre une femme à s'entendre louée pour sa beauté : « il ne veut que vous voir, vous considérer, regarder vos yeux, vos grâces, votre belle taille ; et puis c’est tout. Il me l’a dit mille fois. »

La réussite du stratagème

Si Dubois s’est montré maître dans l’art de la feinte, Araminte s’emploie aussi à masquer la vérité de ses sentiments . Son geste, par exemple, « haussant les épaules », soutient une indifférence mensongère, « Voilà qui est bien digne de compassion ! », une résignation qui cache mal son réel désir : « Allons, je patienterai quelques jours, en attendant que j’en aie un autre. » Car seul ce désir explique sa promesse à Dubois, « Au surplus, ne crains rien ; je suis contente de toi. Je récompenserai ton zèle », « j’aurai soin de toi », et surtout, sa volonté de le garder à son service : « je ne veux pas que tu me quittes, entends-tu, Dubois ? » Ne trahit-elle pas, par ce souhait insistant, son souhait de se servir de lui pour connaître les sentiments de celui qui l’intéresse déjà ? 

Elle est, en fait, tombée dans le piège , puisqu’elle accorde une totale confiance à celui qui ne pense qu’à la duper en protestant de sa fidélité : « Madame, je vous suis dévoué pour la vie. », « Je n’en ai jamais parlé qu’à madame. » Ses dernières injonctions marquent le triomphe du valet, « Surtout qu’il ne sache pas que je suis instruite ; garde un profond secret ; et que tout le monde, jusqu’à Marton, ignore ce que tu m’as dit. Ce sont de ces choses qui ne doivent jamais percer. ». Ainsi, à son tour, elle entre dans le jeu de leurre. 

Cette scène est la première qui renvoie directement au titre de la pièce de Marivaux : il s’agit bien d’ une « confidence », mais ambiguë car le mensonge se mêle à la vérité . Elle n’est pas, en effet, réellement « fausse » – car la scène d’exposition a insisté sur la réalité de l’amour de Dorante pour Araminte – mais elle le devient par la façon dont la parole de Dubois la met en scène.

Ce valet se révèle un parfait stratège , grâce à la fois à sa connaissance des ressorts de l’âme féminine, curiosité, jalousie, poids de l’amour-propre, et des contraintes qu’impose une société où l’écart social est un obstacle à l’amour. Meneur du dialogue, meneur de son maître, le voici à présent meneur d’Araminte, dont il réussit à éveiller progressivement l’intérêt, jusqu’à faire naître l’amour . En retraçant l’amour de Dorante, accentué à plaisir, il joue une véritable pièce de théâtre. Ainsi troublée,  Araminte entre à son tour dans cette « comédie » : elle va jusqu’à la mauvaise foi afin de concilier les bienséances, son amour-propre, et le légitime désir d’être aimé.  Volonté consciente de masquer ses sentiments face à un valet, ou bien mensonge à elle-même ?

Visionnage  : Didier Bezace, mise en scène de l'acte I, scène 14, 2010

La mise en scène de cette comédie au théâtre de La Commune d’Aubervilliers par Didier Bezace révèle à la fois sa volonté de l'inscrire dans la société du temps de Marivaux et de restituer toutes les nuances des émotions . La scène étudiée ( de 24’47 à 37’06 ) est interprétée par Pierre Arditi dans le rôle de Dubois et Anouk Grinberg dans celui d’Araminte.

Le décor

Il restitue, par le choix des tons et du mobilier, le luxe d’un salon sous Louis XV . Cependant, le plateau reste très dépouillé , de façon à laisser la première place aux comédiens.

Notons cependant les larges fenêtres qui ouvrent sur l'extérieur . Elles se chargent d’un double symbolisme. Tantôt Araminte s’en rapproche, comme si elle pouvait ainsi échapper à la réalité sociale et se permettre un instant de rêve . Mais cette fenêtre encore fermée traduit aussi la séparation entre elle et Dorante mais aussi entre la sphère de l'intime et les convenances sociales : à la fin du récit de Dubois, la silhouette de Dorante se distingue à travers la vitre, comme pour indiquer sa surveillance de l’effet produit sur Araminte par la « confidence ».

Les costumes

Réalisés par Cidalia Da Costa, ils révèlent la même sobriété , appropriés au statut social des personnages mais aussi à l’ âge des acteurs qui les incarnent. Ainsi ressort le contras te entre une jeune femme, mais qui ne fait pas étalage de sa coquetterie, et le valet, représenté comme un homme expérimenté, dont le sérieux de l’apparence ne peut qu’inspirer confiance.

Le jeu des acteurs

        Le rôle de Dubois : ses intonations et ses mimiques traduisent toute son habileté , par exemple pour éveiller l’inquiétude d’Araminte au début de la scène, ou accentueur sa propre colère contre son maître, ce qui renforce d’autant l’éloge hyperbolique qui suit. Les déplacements sont calculés , par exemple quand il se rapproche d’Araminte comme pour lui glisser à l’oreille sa confidence. Ses intonations modulent les différentes étapes de ce récit, jusqu’à imiter la voix d’un valet ou celle de Dorante pour accentuer l’effet de vérité . Il mime aussi ses propres réactions, fatigue, froid, lassitude, avec une gestuelle évocatrice, par exemple en tapant dans les mains pour imiter sa volonté de réveiller Dorante de son coup de foudre.

        Le rôle d’Araminte : en sa qualité de maîtresse face à un valet, sa voix parfois enfantine n’empêche pas son ton d’être souvent autoritaire. Mais ce sont surtout les variations du ton qui font ressortir le dilemme dans lequel elle se trouve enfermée , entre les bienséances imposées par son statut social et ses propres désirs et émotions. Ainsi, le trouble suscité, au début, par la peur que tente de lui transmettre Dubois contraste avec sa joie quand il se lance dans son vibrant éloge de Dorante. De même, est souligné le passage du dépit quand Dorante est dépeint comme « amoureux », à une jalousie sous -jacente, masquée par le ton détaché de sa demande, « Tu la connais, cette personne ? », tandis que le silence met en valeur sa réaction : « C’est moi ? ». Ces variations se multiplient lors du long récit du coup de foudre , à la fois un évident plaisir à écouter Dubois et une feinte indignation. Enfin, on peut noter l’opposition entre le ton décidé adopté pour refuser le conseil de Dubois, renvoyer Dorante, et sa gestuelle , ses mains agitées, signe de son embarras pour justifier ce choix.

Explication : Georges Feydeau, Tailleur pour dames , 1886, I, 16, du début à "...affaire à moi."   

Affiche de Tailleur pour Dames, Tournée Saint-Omer

Dans la seconde moitié du XIXème siècle, le théâtre est un des divertissements les plus appréciés, et de nouvelles salles sont créées, notamment sur les grands boulevards parisiens , dans la suite du boulevard du Temple surnommé "boulevard du crime" depuis le XVIIIème siècle en raison des nombreux mélodrames et histoires de meurtre qui y étaient joués. Cela explique que le terme "vaudeville"  (dérivé d’une région normande, le "val de Vire", où étaient nés les "vaudevires", des recueils de chansons "à boire", souvent grivoises), attribué jusqu’alors aux comédies légères, souvent entrecoupées de chansons, soit alors remplacé par l’expression "théâtre de boulevard" . Souhaitant avant tout divertir, le théâtre de boulevard repose sur les rebondissements de l’intrigue , qui reproduit plaisamment les défauts de la société, avec une caricature des institutions et des hommes de pouvoir , mais aussi des rapports familiaux, avec, au premier plan, l’adultère , mais sans véritablement approfondir l’analyse psychologique.

C’est sur ce thème de l’adultère que Georges Feydeau, qui se définit lui-même comme "vaudevilliste", fonde sa première pièce, Tailleur pour Dames , jouée en 1886, au théâtre de la Renaissance, boulevard Saint-Martin à Paris. Le docteur Moulineaux, marié et embourgeoisé, est allé au bal de l’Opéra pour conquérir la séduisante Suzanne Aubin. Mais non seulement elle ne vient pas au rendez-vous mais, l’oubli de l’empêche de rentrer chez lui : il dort dans le couloir de son étage sur une banquette, ne voulant pas réveiller sa femme Yvonne en sonnant. Mais, à son réveil, celle-ci découvre que son mari n’a pas dormi dans son lit…

Le voilà obligé de multiplier les mensonges, et la situation empire quand Yvonne trouve, dans la poche de la veste de son mari, un gant de femme. Elle se retire alors pour laisser intervenir sa mère, madame Aigreville. Comment cette dispute met-elle en scène le mensonge ?

Affiche de Tailleur pour Dames , Tournée Saint-Omer

1ère partie : le piège tendu (lignes 1 à 10) 

"La perle des maris" entre épouse et belle-mère :  vignette de caricature

"La perle des maris" entre épouse et belle-mère :  vignette de caricature

Une belle-mère

L’onomastique joue un rôle chez Feydeau : l’adjectif qui sert de préfixe au nom choisi, « Aigreville », qualifie d’emblée le caractère de cette belle-mère. Elle répond ainsi au préjugé très ancien sur les belles-mères, représentées comme désagréables et possessives , et souvent en conflit avec leur gendre car, veuves, elles se plaçaient en tiers face au couple. Ici, dès l’ouverture de la scène, elle s’impose avec autorité, en décidant de prendre la parole à la place de sa fille : « Ton mari !... Laisse-moi faire. » Ainsi, sa faible excuse, « Je n’irai pas par quatre chemins », est aussitôt suivie d’une a ttaque brutale : « Connaissez-vous ce gant ? »

Le comportement de Moulineaux

Son nom a aussi une connotation péjorative : il évoque une gestuelle , comme un autre terme dérivé, "moulinet", car cela rappelle le mouvement des ailes et même, en escrime, les mouvements destinés à éviter l’épée adverse, et une parole excessive , qu’on retrouve dans l’expression "un moulin à parole". Son aparté traduit l’espoir d’une intervention de sa belle-mère pour calmer la jalousie de sa femme, qu’il a dû subir dans les scènes précédentes, mais, face à l’appellation familière, « belle-maman », la didascalie, « très aimable », souligne la périphrase cocasse du  salut destiné à accentuer son respect : « Mère de ma femme ! » Mais l’aposiopèse montre que l’attaque l’a désarçonné, et sa résistance est un mensonge immédiat : « Si je… ah bien ! ce que je l’ai cherché celui-là ! » En suggérant que le gant lui appartient, ce que confirme son geste, « Il veut le prendre », il tente d’ échapper ainsi au conflit, premier rôle du mensonge .

2ème partie : le conflit (lignes 11 à 29)

Le com ique de situation

La situation en elle-même est comique, car l’ alternance rapide des répliques oppose plaisamment la succession des mensonges de Moulineaux aux réactions de madame Aigreville . Après une première affirmation, « À moi ! », il invoque le rôle du gant, « pour rapetisse la main », puis l’intervention de la pluie, « il a été mouillé », appuyé par l’exemple de sa belle-mère. Mais, à chaque mensonge, celle-ci lui oppose une contradiction : « À vous ? de cette taille-là ? », « Allons donc ! c’est un gant de femme », « Et la longueur ? », « Hein ! allons ! Voyons, c’est marqué… six et demi. » Chacun de ses rejets transforme ainsi la scène à un combat où les coups s’échangent sans trêve .  

Le com ique de  gestes

La vivacité de cet échange est renforcée par les indications scéniques nombreuses pour dépeindre les gestes. La première, « lui donnant un coup sur la main avec le gant », confirme le portrait de madame Aigreville , qui, par ce geste et sa riposte familière, « Pas touche ! », agit avec son gendre comme s’il s’agissait de punir un enfant pas sage. Puis elle manifeste ses doutes d’abord « en haussant les épaules », puis en tentant d’imposer la vérité à Moulineaux : « déployant le gant dans toute sa longueur ».

Face à elle, la récurrence de la didascalie « Avec aplomb » souligne l a résistance de Moulineaux . Un autre geste, ridicule , est indiqué dans le texte même, pour imiter l’usage du gant : « en ramenant le pouce et en allongeant les doigts, comme ça, tenez ! » Enfin, la didascalie, « Il fait du geste la représentation d’une chose très étroite et très longue  » est totalement cocasse puisqu’il est question de représenter le changement de sa belle-mère après l’hypothèse : « vous seriez mouillée… »

L'objet du conflit : mise en scène de Bernard Murat, théâtre des Bouffes Parisiens, 1985

L'objet du conflit : Mise en scène de Bernard Murat, théâtre des Bouffes Parisiens, 1985

L'art du mensonge: mise en scène de Bernard Murat, théâtre des Bouffes Parisiens, 1985

Le com ique de caractère

Les mensonges de Moulineaux construisent une véritable caricature de ce personnage, en décalage avec son statut social : il est un docteur, donc en principe respectable. Car ses explications mensongères sont de plus en plus absurdes . La première, « pour rapetisser la main », contredit totalement le fait que la main ne peut porter un gant que s’il correspond à la juste taille ; il transforme ainsi le gant en une sorte d’instrument médical. L’insistance sur la pluie accentue l’absurdité du second mensonge : elle aurait une étrange action, contradictoire sur la largeur et la longueur : « Précisément, il a rétréci et allongé… » Le comble de l’absurdité est atteint par cet autre pouvoir accordé à la pluie : « c’est l’eau qui a retourné le chiffre. »

Mais madame Aigreville est tout aussi ridicule car elle s’efforce d’argumenter sérieusement face à ces mensonges d’une absurdité croissante.

Le com ique de mots

Il vient d’abord du décalage entre l’embarras de Moulineaux , marqué par ses hésitations, marquées par les points de suspension, « Hein… je… à qui ? », « Ça a l’air… », ou par l’interjection, « Euh !... », et le ton affirmatif adopté ensuite , « avec aplomb ». Son langage traduit un autre décalage, entre le mensonge flagrant avancé et le ton didactique , comme s’il s’agissait d’un discours scientifique à bien expliquer à une élève, qu’il prend soin d'impliquer dans sa démonstration : « vous savez », « tenez ! ». C’est aussi ce qui explique les répétitions , autant de pléonasmes qui accentuent l’absurdité, telle la cause, « parce qu’il a été mouillé », reprise sous forme de conséquence, « Il a plu dessus, alors il a rétréci », puis avec un redoublement : « c’est l’eau ». Il va jusqu’à transformer son mensonge en un axiome : « ça fait toujours cet effet-là ». 

3ème partie : le menteur confondu (de la ligne 30 à la fin) 

L'explosion de colère

Il a fallu que Moulineaux aille jusqu’au comble de l’absurde pour que madame Aigreville laisse exploser sa colère : « Moulineaux, vous me prenez pour une bête ! » Elle multiplie ainsi les insultes : « Voulez-vous que je vous dise : vous êtes un mari abominable !… Vous vous conduisez comme un débauché !... » Son attaque accusatrice  gagne en violence quand elle la répète en la généralisant par le passage au pluriel : « Oui, débauché !… Vous passez les nuits dehors, et l’on trouve des gants de femme dans votre poche !… »

Les didascalies soulignent la progression de cette colère , d’abord par le ton de sa voix, « se montant », puis par son déplacement, « marchant sur lui  », qui accompagne sa menace : « Ah ! Moulineaux, si vous trompiez ma fille… vous savez que vous auriez affaire à moi… ! »

Le menteur confondu

Devant le déni que lui oppose sa belle-mère  en colère, Moulineaux perd peu à peu toute sa superbe . Sa protestation face à l’incrédulité de sa belle-mère, « vous me prenez pour une bête ! », est pour le moins maladroite car il ne formule qu’une négation partielle : « Non, pas tant ! pas tant ! » Sa parole se réduit ensuite , puisqu’il ne peut plus que jouer l’innocence tel un enfant, « Moi ? », ou répéter sa justification, « Puisque c’est l’humidité ! », sans aucun rapport avec l’accusation d’adultère lancée. 

Cette scène de conflit entre une belle-mère, soucieuse de défendre sa fille, et son gendre illustre parfait ement le théâtre de boulevard , avec la rapidité de l’intrigue, soutenue par une gestuelle et des mimiques accentuées, et la satire des caractères, caricaturés à grands traits : d’un côté, la reprise du préjugé traditionnel contre les belles-mères , intervenant agressivement dans le couple, de l’autre, un mari lui aussi caricaturé . Pour satisfaire son désir de tromper sa femme tout en échappant à l’accusation d’adultère, il s’enferme dans des mensonges de plus en plus invraisemblables . Sans prétendre à un engagement politique ou social, ce genre de théâtre, ne recherche que le pur divertissement, le jaillissement d’un rire spontané dans le public .

Pour voir l'extrait (26' - 27'14) : mise en scène de Bernard Murat, 1985

Explication : Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac , 1897, III, 10, du début à "Bonjour, cousin   !"  

Représentée le 28 décembre 1897 au théâtre de la porte Saint-Martin, la pièce d’Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac , s’inspire librement de l’écrivain libertin du XVIIe siècle, Savinien de Cyrano de Bergerac, doté d’un nez si volumineux qu’il attirait les railleries de tous, auxquelles il ripostait avec verve . 

La pièce débute un jour de 1640 , à l’hôtel de Bourgogne. Elle se poursuit le lendemain, dans la boutique d’un rôtisseur pâtissier, puis sur une petite place du quartier des Marais où se déroule la scène étudiée. Grâce à une lettre rédigée par son ami Cyrano, Christian a obtenu un rendez-vous de Roxane , dont il est amoureux. Mais elle le rejette à cause de la banalité de son discours. Devant son désespoir, Cyrano, lui-même amoureux de Roxane sa cousine, mais sans espoir en raison de sa laideur, lui propose à nouveau so n aide : « […] Mets-toi là, misérable ! / Là, devant le balcon ! Je me mettrai dessous… / Et je te soufflerai tes mots. » Le stratagème réussit, Roxane est séduite mais il reste encore à obtenir de Roxane un baiser .   Dans quelles tonalités la représentation du mensonge inscrit-elle cette scène ?

1ère partie : le discours amoureux (des vers 1 à 27) 

Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, 1897

Une situation mensongère

La question de Roxane qui ouvre l’extrait, « C’est vous ? », souligne le stratagème dont elle est dupe . Comme la scène se déroule de nuit et à distance, avec Roxane « sur le balcon », Christian et Cyrano dans la rue, Cyrano a pu se faire passer pour Christian , d’abord en se contentant de lui souffler les mots, puis en prenant lui-même la parole à voix basse. Or, l’hésitation de Roxane, « Nous parlions de… de… d’un… », montre à quel point ces déclarations l’ont troublée, et surtout l’audace finale, la demande d’un « baiser » . Au XVIIème siècle, époque où se déroule la pièce, les bienséances interdisent à une jeune fille d’accéder à cette demande, d’où l’injonction répétée de Roxane : « Taisez-vous ! ». Mais elle ne se retire pas du balcon, accepte donc d’écouter la suite du discours.

La scène du balcon, collection A.R.T.

Les étapes de l'argumentation

          Il fait d’abord appel à l a vérité des sentiments , exprimant, de ce fait, sa propre vérité car son exclamation révèle ce dont lui-même rêve : « Baiser. Le mot est doux ! » Il cherche ensuite, par l’hypothèse dans sa question, chargée d’ironie, à amener Roxane à admettre son propre désir : « Je ne vois pas pourquoi votre lèvre ne l’ose ; / S’il la brûle déjà, que sera-ce la chose ? » 

En reprenant le langage précieux du XVIIème siècle, il s’emploie à la rassurer , « Ne vous en faites pas un épouvantement. ». Ainsi, il banalise ce baiser qu’il inscrit dans l’itinéraire amoureux tel qu’il était représenté par la Préciosité : « N’avez-vous pas tantôt, presque insensiblement, / Quitté le badinage et glissé sans alarmes / Du sourire au soupir, et du soupir aux larmes ! » L’exclamation finale invite Roxane à céder à ce désir, avec l’impératif et la négation restrictive qui insistent sur la facilité de cette ultime étape de l’aveu d’amour : « Glissez encore un peu d’insensible façon : / Des larmes au baiser il n’y a qu’un frisson ! » 

La Carte de Tendre, in Clélie, histoire romaine de Mlle de Scudéry, 1654. Paris, 1856. BNF

La Carte de Tendre, in Clélie, histoire romaine de Mlle de Scudéry, 1654. Paris, 1856. BNF

         La question rhétorique qui ouvre sa seconde tirade poursuit cette volonté de minimiser l’importance du baiser : « Un baiser, mais à tout prendre, qu’est-ce ? » Sa réponse en fait un acte naturel, inscrit dans la logique de l’amour : « Un serment fait d’un peu plus près, une promesse / Plus précise, un aveu qui veut se confirmer, / Un point rose qu’on met sur l’i du verbe aimer ». Le baiser est donc la preuve de la vérité du cœur, et les métaphores multipliées ensuite inscrivent l’argument dans un lyrisme poétique : « C’est un secret qui prend la bouche pour oreille, / Un instant d’infini qui fait un bruit d’abeille, / Une communion ayant un goût de fleur, / Une façon d’un peu se respirer le cœur, /Et d’un peu se goûter, au bord des lèvres, l’âme ! ». Rostand emprunte ici une caractéristique de la poésie symboliste, les synesthésies : les sensations se mêlent et s’associent pour créer l’ image d’un amour fusionnel , qui dépasse en fait la sensualité pour toucher « le cœur » et même « l’âme ».

           Devant le refus réitéré de Roxane, Cyrano recourt à un dernier argument, dit d’autorité : il recourt à l’exemple de la reine Anne d’Autriche, à laquelle la rumeur prêtait comme amant le duc de Buckingham, qu’avait reprise Alexandre Dumas dans son roman Les trois Mousquetaires. L’insistance soutient cet argument a fortiori , puisque si la reine a pu rompre la bienséance, toute femme en a le droit : « Un baiser, c’est si noble, Madame, / Que la reine de France, au plus heureux des lords, / En a laissé prendre un, la reine même ! » La brève réplique de Roxane, « Alors ! », annonce son acceptation. 

Le discours quitte alors sa dimension argumentative, et la didascalie, « s’exaltant », introduit l’expression personnelle de Cyrano : « J’eus comme Buckingham des souffrances muettes, / J’adore comme lui la reine que vous êtes, / Comme lui je suis triste et fidèle… ». La répétition ternaire de la comparaison lui offre un masque commode pour laisser parler son cœur. L’hommage rendu à Roxane révèle ainsi la douleur et la force de son amour caché .

2ème partie : le mensonge des cœurs  (du vers 28 à la fin) 

L'inversion de la situation

Les quatre images du « baiser » reprises par Roxane dans son invitation, « Eh bien ! montez cueillir cette fleur sans pareille… », « Ce goût de cœur… », « Ce bruit d’abeille… », « Cet instant d’infini !... », montrent que l’argumentation lyrique de Cyrano a été efficace.  

Mais son interruption brise net l’élan de Cyrano, car, en poursuivant la comparaison au duc de Buckingham, il est  brutalement ramené à la réalité : « Et tu es / Beau comme lui ! » C’est ce qu’indique la didascalie, « dégrisé », qui introduit son aparté amer : « C’est vrai, je suis beau, j’oubliais ! » Il sait, en effet, qu’il est trop laid pour être aimé de Roxane , sensible à la beauté. Cette certitude le conduit à rétablir la vérité en rendant à Christian son rôle par son injonction répétée : « Monte ! »

Cependant, c’est bien un mensonge, le discours amoureux de Cyrano, jouant le rôle de Christian, qui a permis d’accorder ce baiser, d’où la réticence du jeune homme , « hésitant », qui manifeste ainsi sa conscience morale : « Mais il me semble à présent que c’est mal ! » Mais le geste, « le poussant », et l’insistance de Cyrano, « Monte donc, animal ! », met fin à l’émotion par son insulte cocasse.

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La scène du balcon : Cyrano et Christian. Film de Jean-Paul Rappeneau, 1990

L a reprise du mensonge

Cyrano a si bien joué son rôle qu’il a fini par permettre à son rival de recevoir le baiser de Roxane, geste entraperçu dans l’obscurité : « Il l’enlace et se penche sur ses lèvres . » Mais il est alors obligé de s’avouer à lui-même la douleur ressentie : « Aïe ! au cœur, quel pincement bizarre ! » Mais cette exclamation qui la concrétise est aussi une façon de la minimiser, tout comme la comparaison biblique : « — Baiser, festin d’amour dont je suis le Lazare ! » En s’identifiant à ce personnage malade et pauvre qui survit grâce aux restes des festins d’un riche, il tente de se consoler : « Il me vient de cette ombre une miette de toi / — Mais oui, je sens un peu mon cœur qui te reçoit ». Pour justifier cette consolation, il rappelle que c’est bien le mensonge, son discours amoureux, qui a séduit Roxane , ainsi trompée : « Puisque sur cette lèvre où Roxane se leurre / Elle baise les mots que j’ai dits tout à l’heure ! »

Paul Albert Laurens, le baiser de Roxane, 1910. Estampe. Coll° particulière

Paul Albert Laurens, le baiser de Roxane, 1910. Estampe. Coll° particulière

La didascalie renvoie au rôle accordé par Cyrano, avant cette rencontre amoureuse, à des pages : ils devaient avertir de l’arrivée d’un gêneur à l’aide de leurs « théorbes », par un signal précis, « Un air triste, un air gai », s’il s’agit du « capucin », un moine cherchant la maison d’une certaine Magdeleine Robin, nom de naissance de Roxane. Cela oblige les deux personnages à renforcer leur mensonge . Cyrano le met en scène en surjouant son arrivée impromptue, « Il feint de courir comme s’il arrivait de loin, et d’une voix claire », et son innocence : « Moi. Je passais… Christian est encor là ? » De même, Christian le suit dans cette feinte surprise : « très étonné. – Tiens, Cyrano ! » Feinte pleinement réussie : le salut final de Roxane prouve qu’ elle n’a pas identifié la voix de Cyrano lors de la supercherie .

La scène du balcon, dans Roméo et Juliette, film de George Cukor, 1930

Les scènes de balcon, qui rappellent les sérénades données, en Italie et en Espagne  par l’amant à la femme aimée, sont fréquentes au théâtre : elles illustrent la distance entre le désir amoureux et sa satisfaction . La femme, placée en position supérieure, y prend sa revanche sur son infériorité sociale, puisque la décision d’accepter, ou non, l’amour lui appartient. On la trouve souvent dans les com édies , par exemple dans L’École des femmes (1662) de Molière ou dans Le Barbier de Séville (1775) de Beaumarchais : elle permet alors de tromper la tyrannie des barbons jaloux . Mais Edmond Rostand se souvient certainement de Roméo et Juliette (1597), exemple du drame shakespearien remis à l’honneur par les auteurs romantiques, où Juliette et Roméo, malgré la haine entre leurs deux familles, partagent un amour profond, tel celui de Christian pour Roxane.

La scène du balcon, dans Roméo et Juliette , film de George Cukor, 1930

L’originalité de Rostand vient du mensonge qui sous-tend la scène , Cyrano faisant l’aveu d’amour en prenant la place de Christian, jusqu’à lui permettre d’obtenir le baiser de Roxane en réponse. Le mensonge s’allie donc ici à la comédie, si l’on prend le terme au sens large : Cyrano joue la comédie, en adoptant ce rôle, feinte destinée à tromper Roxane . Mais, au sens propre du terme « mensonge », deux réserves s’imposent. Au-delà du mensonge, c’est, en fait, sa propre vérité qu’il exprime , car il est lui-même sincèrement amoureux de sa cousine Roxane, mais sans espoir en raison de sa laideur. De plus, si l’on associe le mot « comédie » à son but au théâtre, faire rire le public, est-il possible ici de considérer que cette situation mensongère soit comique ?

Le personnage de Christian est, certes, ridiculisé par son incapacité de prendre lui-même la parole. Mais quand il hésite à recevoir un baiser dont il sent bien qu’il ne l’a pas réellement mérité, qu’il a été conquis par un autre que lui, ne se réhabilite-t-il pas moralement ?​

Quant à Cyrano , quand Roxane le ramène à la réalité, sa laideur, donc son amour impossible, l’expression de sa douleur transforme en sacrifice ses injonctions plaisantes à Christian…

Ce n’est donc pas vraiment une comédie que réalise Rostand : il  retrouve une caractéristique du drame romantique, le mélange des tonalités comique et tragique .

Lecture cursive  : Lazare Herson-Macarel, Note d’intention : mise en scène de Cyrano de Bergerac au théâtre de Suresnes, 2017

Pour lire le texte

D ans une note d’intention, le metteur en scène justifie ses choix , celui d’abord de monter la pièce qui entraîne ceux de sa mise en scène. Lazare Herson-Macarel avance quatre raisons, qui traduisent son regard et son jugement sur Cyrano.

        Sa première justification repose sur le terme « jubilation », expression d’ une joie vive, particulièrement expansive, aussi bien chez les spectateurs, les plus divers, que chez les comédiens . L’intrigue, soutenue par un texte brillant, la fait jaillir sans contrôle.

          Il met ensuite l’accent sur les personnages, au premier titre le caractère du héros , dont il souligne à quel point sa « liberté » et toutes ses conséquences tranchent sur la passivité de notre société actuelle. Mais ce héros est mis en valeur par la foule de personnages qui l’entourent , jusqu’a ux plus simples figurants. Cette « profusion » enrichit considérablement la pièce.

       Il insiste aussi sur l’acteur choisi pour incarner Cyrano , Eddie Chignara, un acteur déjà expérimenté, dont les qualités correspondent précisément à la fois à celles du héros, notamment par « le caractère héroïque de l’énergie qu’il offre », et à celles, plus générales de la pièce : « c’est un acteur-monde », « un rythmicien gé nial ». Le metteur en scène est certain que cette pièce assurera sa « révélation » auprès du public.

      Le dernier paragraphe développe son interprétation de la pièce , d’abord en proposer « une lecture politique radicale, profonde, sans concessions », en faisant ressortir le mélange, dans le personnage comme dans l’écrivain, de « l’héroïsme » et de « la mélancolie ». À ses yeux, la pièce illustre l’exigence même du théâtre, « la nécessité de porter un masque pour dire la vérité » . Ainsi, il souhaite réaliser une mise en scène qui traduise « cet idéalisme essentiel qui dépasse de très loin les satisfactions poétiques, rhétoriques et militaires », de la pièce de façon à montrer le rôle du théâtre : « c’est le dernier refuge de la réalité. »

Explication : Jules Romains, Knock ou Le Triomphe de la médecine , 1923, acte II, scène 4, de "C'est vous qui êtes la première..." à la fin 

lire la scène

Knock est une pièce de Jules Romains, représentée pour la première fois à Paris, à la Comédie des Champs-Élysées, le 14 décembre 1923 , sous la direction de Jacques Hébertot, dans une mise en scène et décors de Louis Jouvet, qui interprète également le rôle principal.

Knock vient d’acheter la « clientèle nulle » du docteur Parpalaid, qui a pris sa retraite. Durant leur conversation, dans le premier acte, il lui explique comment il a d'abord pratiqué la médecine sans diplôme , grâce à ses lectures des « annonces médicales et pharmaceutiques des journaux », ainsi que de multiples prospectus médicaux : « Ces textes m'ont rendu familier de bonne heure avec le style de la profession. Mais surtout ils m'ont laissé transparaître le véritable esprit de la médecine. » Sa conclusion, « D'ailleurs, il n'y a que les résultats qui comptent », l’a amené à élaborer sa « méthode », résumée par l’épigraphe de sa thèse récente, qu’il a attribué à Claude Bernard : « Les gens bien portants sont des malades qui s'ignorent. »

Bécan, affiche  originale de Knock , mise en scène de Jacques Hébertot

Bécan, affiche  originale de Knock, mise en scène de Jacques Hébertot

L’acte II montre sa mise en application . Après avoir fait diffuser par le tambour de ville l’ouverture d’une consultation gratuite, les villageois de Saint-Maurice se pressent dans son cabinet. Comment, face à la première patiente, « la dame en noir », le dialogue fait-il ressortir les enjeux du mensonge ?

1ère partie : une consultation habile (lignes 1 à 36) 

La prise de contact

Le début de cette consultation semble tout à fait banal : le docteur fait connaissance avec sa cliente avant de l’examiner. Mais chacune des questions posées revêt un double sens . Ainsi l’adresse de cette patiente, « la grande ferme qui est sur la route de Luchère », entraîne une question révélatrice de l’intérêt de Knock : « Elle vous appartient ? » Il cherche à mesurer la richesse de cette dame . De même, sa question sur ses conditions de vie, a priori bienveillante, « Vous devez avoir beaucoup de travail ? », lui permet d’en savoir plus : « Pensez, monsieur ! dix-huit vaches, deux bœufs, deux taureaux, la jument et le poulain, six chèvres, une bonne douzaine de cochons, sans compter la basse-cour. » Sa naïve fierté fait sourire, car elle continue à tomber dans le piège des questions, masquées pour une feinte compassion : « Diable ! Vous n’avez pas de domestiques ? », « Je vous plains. Il ne doit guère vous rester de temps pour vous soigner ? ».  Non seulement elle confirme sa fortune, mais elle rassure Knock : en apprenant la somme de travail qu’elle doit fournir et qu’elle ne prend pas soin de sa santé, il est sûr de pouvoir faire de cette patiente une cliente.

L'examen médical

À nouveau, sous l’apparence banale des injonctions médicales, « Tirez la langue », Baissez la tête. Respirez. Toussez », chacune des assertions de Knock est soigneusement calculée pour susciter l’inquiétude de la patiente . Ainsi, alors qu’elle nie sa souffrance, « J’ai plutôt de la fatigue », ce qui est bien normal vu son âge et son travail, son rejet, « Oui, vous appelez ça de la fatigue », prépare déjà d’autres constats, qui ne sont plus des questions, mais des affirmations de plus en plus catégoriques de dysfonctionnement : « Vous ne devez pas avoir beaucoup d'appétit. », « Vous êtes constipée. »

L’auscultation, film de Guy Leblanc d’après Knock,1951, avec Louis Jouvet

L’auscultation, film de Guy Leblanc d’après Knock ,1951, avec Louis Jouvet

Le diagnostic

Le mensonge s’élabore par le glissement des questions aux assertions , sur un « ton affirmatif », signalé dans une didascalie. La première question renvoie à un objet banal dans une ferme : « Vous n'êtes jamais tombée d'une échelle étant petite ? » De même que le recul dans un lointain passé est habile, Knock soutient cette hypothèse par les symptômes, eux aussi banals pour une fermière : « Vous n'avez jamais mal ici le soir en vous couchant ? Une espèce de courbature ? » La didascalie « il lui palpe et lui percute le dos, lui presse brusquement les reins », marque le geste qui renforce son mensonge, de même que son ton sérieux, ses mimiques pour renforcer le passage de l’hypothèse, « Ça devait être une grande échelle », à la description précise de l'échelle et de cette chute imaginaire : « C'était une échelle d'environ trois mètres cinquante, posée contre le mur. Vous êtes tombée à la renverse. » Les réponses en gradation de la dame montrent son adhésion progressive  : la restriction, « Oui, des fois », devient un simple « Oui », puis une exclamation, « Ah oui ! »   Tout est ainsi mis en place pour conquérir cette patiente. Mais Knock veut assurer son succès, d’où sa stratégie pour provoquer son inquiétude croissante , d’abord par son insistance, « Essayez de vous rappeler », qui suggère la gravité, contrastant avec l’adverbe, qui, lui, ouvre une perspective de guérison : « C'est la fesse gauche, heureusement, qui a porté. » Difficile équilibre entre la peur et l'espoir...

Pour voir ce passage

2ème partie : l’art du mensonge (lignes 37 à 74) 

L'enjeu du mensonge

La suite du dialogue met en évidence l’enjeu de cette consultation mensongère : le gain qu’en attend Knock .

Ainsi, la réponse à sa nouvelle question, apparent souci de ne pas contredire un confrère, « Vous aviez déjà consulté le docteur Parpalaid ? », lui permet, en fait, de mesurer le rôle que joue l’argent dans la vie de cette dame , tout en confirmant l’habileté de sa proposition de « consultations gratuites ». Mais il comprend aussi qu’il va lui falloir lutter contre son avarice , d’où des questions destinées à lui faire réellement peur . La réponse à la première, « Vous vous rendez compte de votre état ? », fait sourire, car la négation, preuve de véracité, entraîne un commentaire inquiétant : « Tant mieux. » La réponse à la seconde, « Vous avez envie de guérir, ou vous n'avez pas envie ? », est une évidence, mais qui permet à Knock d’en venir au point essentiel, le coût sur lequel l’hyperbole insiste : « J'aime mieux vous prévenir tout de suite que ce sera très long et très coûteux. » Après la taille de l’échelle, la description de la chute, ce coût est alors confirmé par la précision temporelle du mensonge : « Parce qu'on ne guérit pas en cinq minutes un mal qu'on traîne depuis quarante ans. »

Une destinatrice naïve

Les réticences de la patiente mettent en valeur la satire de ce monde paysan, pour lequel chaque sou compte . La construction syntaxique incorrecte, « Et combien que ça me coûterait ? », illustre cette importance de l’argent, tout comme le montant indiqué par Knock, qui confirme la raison de ses questions préalables sur le cheptel de cette fermière et de celles destinées à se faire préciser le coût des ventes : « Eh bien ! ça vous coûtera à peu près deux cochons et deux veaux. » Face à la réaction éplorée de la dame , « Ah ! là ! là ! Près de huit mille francs ? C'est une désolation, Jésus Marie ! », Knock tient compte cette fois de la place de la religion dans les campagnes , en feignant de la laisser libre de son choix : « Si vous aimez mieux faire un pèlerinage, je ne vous empêche pas. » Mais le rejet de cette solution, « Oh ! un pèlerinage, ça revient cher aussi et ça ne réussit pas souvent. », est suivi d’une question qui relance la nécessité pour Knock d’assurer sa victoire : « Mais qu'est-ce que je peux donc avoir de si terrible que ça ? » Pour tirer profit de sa victime, Knock doit lui ôter tout doute .

Le héros caricaturé

La tirade de Knock soutient, elle, la satire en mettant en œuvre tous les procédés du comique pour caricaturer le héros . La situation en elle-même est comique, en raison du décalage entre les deux personnages , qui rend absurde la « grande courtoisie » du médecin qui étale son savoir tout en faisant appel à une patiente forcément ignorante : « Je vais vous l'expliquer en une minute. », « n’est-ce pas ? », « Vous reconnaissez ici », « Vous me suivez ? » Les didascalies, « Il va au tableau et commence un croquis  », « il trace des flèches de direction », permettent au lecteur d’imaginer ses mimiques et sa gestuelle, de grands mouvements pour réaliser le croquis , « Voici votre moelle épinière, en coupe, très schématiquement », destinée à soutenir son explication, elle-même rendue cocasse par le recours à un jargon scientifique , « faisceau de Turck », « colonne de Clarke », « les multipolaires », forcément inconnu de sa patiente pour accompagner la cause imaginaire invoquée : « Eh bien ! quand vous êtes tombée de l'échelle, votre Turck et votre Clarke ont glissé en sens inverse de quelques dixièmes de millimètre. Mais, après la feinte approbation d’une objection prêtée à sa patiente, « Vous me direz que c'est très peu. Évidemment. », il prend soin de raviver sa peur , « Mais c'est très mal placé. ». L’exclamation redoublée, « Mon Dieu ! Mon Dieu ! », traduit son succès total .

3ème partie : le stratagème mis en place (de la ligne 75 à la fin) 

L'habileté du discours

Un bon menteur doit savoir j ouer sur tous les ressorts psychologiques de sa victime  qu’il veut duper .

          Dans un premier temps, il reprend une str atégie précédente, fei ndre de la rassurer , mais son choix du verbe « mourir » qui, lui, ne peut qu’ effrayer : « Remarquez que vous ne mourrez pas du jour au lendemain. Vous pouvez attendre. »

          Sa deuxième feinte consiste à partager l’importance accordée par sa patiente à l’argent : « Je me demande même s’il ne vaut pas mieux laisser les choses comme elles sont. L’argent est si dur à gagner. »

         Il pose enfin un argument, sous couvert de la  reprise d’un lieu commun , expression du bon sens populaire : « Tandis que les années de vieillesse, on en a toujours bien assez. Pour le plaisir qu’elles donnent ! » Mais il ne fait, en réalité, que remettre en avant la perspective de la mort assurée .

       Devant la persistance du sens de l’économie propre à ce monde paysan, « Et en faisant ça plus… grossièrement, vous ne pourriez pas me guérir à moins cher ?… à condition que ce soit bien fait tout de même », une ultime feinte est introduite. Sa proposition de traitement , « vous mettre en observation », associe, en effet, la réduction de la dépense , « Ça ne vous coûtera presque rien », à la liberté préservée : « vous vous rendrez compte par vous-même de la tournure que prendra le mal, et vous vous déciderez. »

Une ordonnance mensongère

Ce double souhait, faire peur à sa patiente mais aussi répondre à son sens de l’épargne , encadre les conseils de l’ordonnance. Il commence, en effet, par une injonction, « Il faudra tâcher de trouver une voiture. » Il suggère que le seul fait de marcher est dangereux, danger confirmé par l’aide dont elle aurait besoin même pour « descendre l’escalier ». Son exclamation conclut, elle, sur l’argent ainsi économisé : « Vous ne direz pas que je vous ordonne des remèdes coûteux ! »

Mais chaque prescription est, en réalité, une tromperie :  rester couché, seule et dans l’obscurité, ne peut qu’affaiblir une femme habituée, au contraire, à être active. La diète imposée est particulièrement stricte : « Aucune alimentation solide pendant une semaine. Un verre d’eau de Vichy toutes les deux heures ». Enfin, la prétendue tolérance introduite, « et, à la rigueur, une moitié de biscuit, matin et soir, trempée dans un doigt de lait », est aussitôt démentie : « Mais j’aimerais autant que vous vous passiez de biscuit. »

Affiche de Knock, mise en scène de Valentine Chomette, 2016

Affiche de Knock , mise en scène de Valentine Chomette, 2016

La tromperie est manifeste dans l’alternative posée ensuite :

La première hypothèse , « Si vous êtes gaillarde, si vos forces et votre gaieté sont revenues », est bien évidemment totalement irréaliste vu les prescriptions à suivre. Ainsi, l'espoir formulé est particulièrement hypocrite  : « c’est que le mal est moins sérieux qu’on ne pouvait croire, et je serai le premier à vous rassurer. »

La seconde , « une faiblesse générale, des lourdeurs de tête, et une certaine paresse », est l’ évident résultat de ces contraintes . Dans ces conditions, l’emploi du pronom « nous » qui feint de lui laisser le droit de décider , « l’hésitation ne sera plus permise, et nous commencerons le traitement », conduit à une question qui traduit une manipulation cynique : « C’est convenu ? »

Ainsi, ce passage met en œuvre t outes les ressources de la comédie , situation, caractère, gestes, et surtout le langage, qui font ressortir plusieurs aspects du mensonge en tant qu’art de la feinte . Cependant, il ne s’agit plus ici d’échapper à un danger, mais véritablement de s’en servir pour en tirer un profit financier , de façon malhonnête en dupant une victime incapable de résister. Il est donc une preuve d’injustice, blâmable.

Mais il est aussi le moyen d’ interroger sur le rôle de la science, ici de la médecine dont les progrès se sont affirmés au XXème siècle, et sur l’inquiétude du public  : dès que sa santé est concernée, égaré par son ignorance et par ses peurs, n’est-il pas prêt à croi re naïvement de pseudo-savants et à se remettre entre les mains de n’importe quel charlatan ?

Lecture personnelle  : Jules Romains, Knock ou Le Triomphe de la médecine , 1923 

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Pour lire la pièce: cliquer sur l'image

La lecture personnelle de cette pièce proposée dans ce parcours est l’occasion de montrer la persistance de ce genre littéraire au XXème siècle qui, par l’illusion créée, est particulièrement approprié à représenter le mensonge et ses enjeux.

Le titre met l’accent sur le personnage principal, mais le sous-titre interroge : s’agit-il vraiment de médecine ? Certes, l’auteur s’inscrit dans une tradition qui remonte au Moyen Âge, la satire des médecins, souvent reprise par Molière. Mais Jules Romains, tout en reprenant l’image du « médecin charlatan », lui donne une force nouvelle par l’emprise qu’il exerce sur les esprits qui, contrairement au « malade imaginaire » de Molière, ne se jugent pas malades. Le héros, en effet, ne pense qu’à exploiter la crédulité et les peurs de ses « patients », pour en tirer un substantiel bénéfice financier, mais surtout pour jouir du pouvoir qu’il exerce sur eux. 

Le comique de situation

Toute l’intrigue repose sur le comique de s ituation, un stratagème , né de la conviction de Knock que « tout bien portant est un malade qui s’ignore » et qu’il suffit donc d’ être assez habile pour l'en persuader .​ Ainsi, à son arrivée dans le village de Saint-Maurice, il n’est guère inquiet que la « clientèle » du docteur Parpalaid soit quasiment inexistante. L’acte II constitue, en six scènes, une démonstration de sa stratégie. Dans un premier temps, il faut se trouver des alliés : le « tambour », chargé de diffuser l’information à la population en annonçant des consultations gratuites, puis l’instituteur Bernard, qui doit apporter sa caution intellectuelle par des conférences sur les maladies les plus menaçantes, enfin le pharmacien Mousquet, qui a tout à gagner si le nombre de malades augmente. C'est ensuite au docteur qu'il appartient de faire croire à chaque patient qu'il est gravement malade afin de lui faire suivre un coûteux ttraitement. L'acte III montre le triomphe du docteur Knock .

L’auscultation, film de Guy Leblanc d’après Knock,1951, avec Louis Jouvet

« Mensonge et comédie »

Les élèves sont donc invités, après une rapide présentation de l’auteur et de la structure de l’intrigue , à mettre à profit les acquis de la séquence pour

dresser un portra it du héros , en analysant les relations établies avec ses victimes , naïves : on mettra l’accent sur le comique de caractère .

mesurer les procédés du comique mis en œuvre pour la réalisation de l’objectif visé par le docteur, en insistant sur   l'habileté du langage .

Il sera indispensable de p roposer des exemples précis. On distinguera ainsi ce qui relève de la farce – en s’appuyant, le cas échéant, sur des extraits de mise en scène, documents iconographiques ou vidéo – de ce qui constitue une dénonciation plus sérieuse , car le personnage de Knock offre un inquiétant exemple de cynisme.

Conclusion 

"Mensonge  et comédie"

L’enjeu du parcours a soutenu une double question.  Afin d’observer en quoi le « mensonge » est un thème particulièrement adapté à un genre dramatique, la "comédie" , nous avons, dans chaque texte, mesuré la place occupée par les formes du comique .  

Nous avons constaté l’importance du comique de situation avec la mise en œuvre de différents stratagèmes, parfois complexes comme dans Les fausses Confidences ou l’inversion des rôles Cyrano de Bergerac à l’image de celle des deux héroïnes dans Le Menteur .

M ais aucun mensonge ne pourrait être cru par son destinataire, si ne s’y ajoutait pas un art du langage élaboré , poussé à l’extrême par Tartuffe ou dans l’argumentation de Cyrano ou la parole persuasive de Knock.

Il est enfin soutenu par le jeu de l’acteur sur scène , signalé au lecteur dans les didascalies ou à imaginer à partir du texte, mais aussi non seulement des gestes souvent comiques par l’excès comme dans Les Fourberies de Scapin ou Tailleur pour dames , mais aussi des mimiques, des regards, des modulations de la voix, observés dans le jeu de Dubois et d’Araminte.

Mais cette question s’est ensuite  élargie en considérant que le "mensonge" en lui-même est une "comédie » que donne le menteur à sa victime, et même, parfois, en lui-même. C'est pourquoi nous avons observé précisément les traits de son caractère, qui peuvent en faire une caricature , comme Scapin ou Moulineaux chez Feydeau.

Réponse à la problématique

Rappelons la problématique qui a guidé le choix et l’étude des textes et des documents de ce parcours : Quels rôles et quels sens les auteurs de comédies donnent-ils au mensonge ?

Des rôles diversifiés

En étudiant la personnalité des menteurs, nous avons distingué deux premières formes de mensonges , quand il a véritablement l’intention de tromper :

la dissimulation , qui vise à masquer la vérité , comme pour Scapin face à son maître ou Moulineaux face à sa belle-mère : dans les deux cas, il s’agit d’ échapper à une accusation, voire à une menace ;

la feinte , qui cherche à faire passer pour vraies des informations fausses , comme le fait le « menteur » de Corneille, Dubois face à Araminte, chez Marivaux, ou Knock face à la dame en noir.

Mais, tout menteur s’adresse à un destinataire, do nt les réactions amènent le succès ou l’échec du mensonge . Même s’il reste silencieux, comme Elmire lors de la tirade de Tartuffe, il appartient à l’acteur d’incarner ces réactions, au lecteur de les imaginer, adhésion, comme Roxane, ou la patiente de Knock, quand la victime est dupe, ou encore Mme Aigreville, au début de la scène, mais aussi une résistance, comme le doute de Mme d'Aigreville devant l’absurdité du mensonge, voire la colère chez Léandre face aux aveux de Scapin.

Cependant, nous avons pu attribuer à l’art du langage mensonger d’autres rôles plus complexes .

        Ainsi, certain s utilisent la d iversion , c’est-à-dire mentent sur la cause réelle de l’émotion qu’ils révèlent . C’est le cas notamment quand le menteur se ment à lui-même, comme Araminte, troublée par les confidences de Dubois mais obligée de masquer son émotion en raison des bienséances.

       Parfois, nous avons observé une semi-dissimulation : l’aveu de la vérité reste alors partiel , ce qui permet de détourner l’attention du destinataire de l’essentiel, masqué. Par exemple, Dubois s’y emploie en avouant à Araminte l’amour de Dorante pour elle, mais il cache la connivence avec son maître, qui soutient le stratagème et la tromperie.

        Plus habile encore est l'amalgame  : le menteur énonce la vérité, mais en l’enrobant de fausseté , tel Tartuffe qui mêle à son discours de désir amoureux pour Elmire l’alibis religieux, ou, de façon plus simple, Scapin invoquant des raisons fausses à ses actions réelle, comme le vol de la montre pour savoir l’heure.

         Enfin, le menteur pratique l’art de l’esquive , en posant la vérité d’une façon telle que son destinataire comprenne l’inverse , comme le fait Dubois pour répondre aux objections d’Araminte qui elle-même cherche à masquer ce qu’elle ressent réellement.

Les différents sens

Ces multiples stratégies révèlent la place prépondérante  prise par le mensonge au sein de la société , car il s’y ajoute toutes les ressources propres aux relations qui s’y créent, telles le compliment , adressé par Dubois à Araminte, voire la flatterie , que tente Moulineaux pour amadouer sa belle-mère, ou encore l’excuse invoquée par Tartuffe pour s’attirer la compassion d’Elmire. Finalement ces textes nous ont montré l’omniprésence du mensonge dans la "comédie sociale". Il est alors guidé par le désir d’en tirer un profit , qu’il s’agisse simplement d'une satisfaction d'amour-propre, ou bien d’une vengeance comme Scapin, de la satisfaction sexuelle comme Tartuffe ou Moulineaux, ou encire d’un gain financier, comme Knock, auquel le mensonge permet d’acquérir un statut et de s’assurer une réussite sociale.

Mais cela conduit à reconnaître la place prise par le mensonge dans la vie même de chacun . Enfoui au plus profond de sa conscience, comme l’illustre le tableau de Magritte, il en détermine le sens même, comme l’explique le personnage de Jacques dans Comme il vous plaira , pièce de William Shakespeare écrite en 1599, publiée en 1623 : « Le monde entier est un théâtre, et les hommes et les femmes ne sont que des acteurs ; ils ont leurs entrées et leurs sorties. Un homme, dans le cours de sa vie, joue différents rôles. » Ainsi, la vie entière de Cyrano est déterminée par un mensonge initial, la lettre d’amour écrite à Roxane à la place de Christian, renforcé par la déclaration qu’il lui adresse sous son balcon. Toute sa vie, il sera amené, victime de sa laideur, à masquer l’amour sincère qu’il éprouve lui-même, mais qui ne sera révélé qu’à l’instant de sa mort.

L'illusion révélée

L'illusion révélée

La comédie : un art du mensonge

Il est significatif que la problématique – comme l’enjeu – ait précisé « les a uteurs de comédies » en lien avec le « mensonge ». De manière générale, le théâtre, créateur d'illusion, est, par définition un art du mensonge , celui de l’acteur, costumé et qui a longuement répété son rôle, gestes, mimiques, regards, modulation de sa voix ; celui du spectateur qui, le temps du spectacle, croit à ce qu’il voit, tels les enfants qui hurlent à Guignol, « Attention ! Le gendarme derrière toi ! » ; mensonge, bien sûr, de l’auteur, qui veut nous faire croire à la vérité de sa fiction en suggérant qu’elle nous permettrait de distinguer la vérité…

Mais, plus que tous les autres genres dramatiques, la comédie est propre à illustrer le mensonge . Pour faire rire, en effet, et dans la mesure où son objectif, tel que formulé dans l’antiquité est de « corriger les mœurs par le rire », elle recourt à tous les moyens qui peuvent mettre en évidence la satire sociale et l’excès des caractères , tel celui de Dorante dans Le Menteur , piégé lui-même par ses mensonges. D’où aussi le recours, par exemple, à des stratagèmes , tels les déguisements ou l’échange des rôles, comme dans Le Menteur entre les deux héroïnes ou entre Cyrano et Christian chez Rostand. De même, la pratique du quiproquo permet de montrer l’aveuglement d’un personnage, et le langage est tout particulièrement mis au service de la tromperie qui caractérise le mensonge, comme nous l’avons constaté dans tous les textes étudiés. En montrant les personnages en train de mentir, la comédie permettrait donc au public de découvrir la vérité des êtres , celle de Tartuffe, d’Araminte ou de Cyrano, qu’ils voulaient cacher.

Mais, parallèlement, par la distanciation qu’impose la fiction et le grossissement caricatural souvent, elle rappelle aussi aussi que toute réalité n’est que mensonge , et que la vérité se dérobe en permanence : ne sommes-nous pas toujours des dupes, des naïfs, même en étant assis face au spectacle sur scène ? Ainsi, dans la comédie, la pièce renvoie les spectateurs à leur propre vérité, et chaque auteur pourrait ainsi reprendre à son compte la conclusion de Jean Cocteau dans Le Menteur : Suis-je un menteur ? Je vous le demande ? Je suis plutôt un mensonge. Un mensonge qui dit toujours la vérité. »

Lecture cursive  : Jean Cocteau, Le Menteur , vers 1940 

Ce texte a été écrit par Cocteau vers 1940, durant l’exode, à l’intention de Jean Marais, qui l’a dit à la radio avec un accompagnement musical de Jean Wiener. Il a été recueilli par son secrétaire Paul Morihien qui l’a ensuite publié dans l’ouvrage intitulé Le Théâtre de poche , paru en 1949.

La construction du monologue est une véritable mise en scène du mensonge, une comédie que le locuteur se donne à lui-même mais aussi à ceux qui l’écoutent.

      Le premier paragraphe s’ouvre sur une affirmation, « Je voudrais dire la vérité. J’aime la vérité. Mais elle ne m’aime pas ». Il fait alors de la « vérité » un personnage à part entière, avec lequel il entre en lutte, et échoue puisque, finalement, il ment, malgré son refus du mensonge et les « ennuis épouvantables » qu’il attire inévitablement.

Jean Cocteau, "Le Menteur", manuscrit

Jean Cocteau, "Le Menteur", manuscrit

Une interprétation : Jean-Marc Tennberg, 1959

        Il dépeint ensuite les efforts qu’il s’impose pour se corriger, en vain : même quand il dit la vérité, « elle grimace et devient mensonge », ce qui lui vaut de se faire injurier et il « crève de rage ».

        Pour répondre à ces « insultes » et prouver sa conscience morale, il affirme sa ferme volonté de se corriger , « Je ne mentirai plus », et invoque comme preuve la confession qu’il est en train de livrer : « Ici, en public, je m’accuse de mes crimes et j’étale mon vice ». Mais il effectue alors une pirouette, en interpellant brutalement ses auditeurs , pris pour juges : « Et vous, dîtes-vous la vérité ? Etes-vous dignes de m’entendre ? » Comme dans une comédie, il s'agit bien de ramener chacun à sa vérité.

          Le ton change alors, se fait accusateur en distinguant deux sortes de mensonges . Il y a mentir à autrui, mais, bien plus grave, se mentir à soi-même : « Vous devez vous mentir à vous- même. Tout est là ! Moi, je ne me mens pas à moi-même. Moi j’ai la franchise de m’avouer que je mens, que je suis un menteur ». Mais une nouvelle pirouette intervient alors , la contradiction de l’affirmation initiale d’un mensonge qui s’imposerait malgré lui . Ce  n’était, en réalité qu’un « piège » : « Je ne mens jamais. […] Je n’ai menti que pour vous dire que je mentais. »

       Une brève phrase poursuit l’interpellation du public, qui, dans le paragraphe suivant, renvoie chacun à son mensonge , retournant ainsi l’accusation lancée : « Il est facile d’accuser les autres. […] Vous me dites que je mens et vous mentez ! » Une nouvelle opposition intervient alors entre le rejet absolu , « Je ne mens jamais », et une acceptation du mensonge , selon l’intention : « Et s’il m’arrive de mentir, c’est pour rendre service… pour éviter de faire de la peine… pour éviter un drame ». Il s’agit de ce que l’on nomme de « pieux mensonges », mais, plus encore, il suggère que cela peut devenir une nécessité dans les relations sociales : « Forcément, il faut mentir. Mentir un peu… de temps à autres. »

          Pour conclure, l’auteur dramatique s’exprime plus directement, en associant le bonheur de sa création même, une fiction , « le mensonge, c’est magnifique. Dites… imaginer un monde irréel et y faire croire – mentir ! », au « poids » accordé à la vérité . Par sa question, il finit par obliger son auditoire à partager l'ambiguïté de ce double mouvement : « Ai-je menti en vous disant que je mentais ou en vous disant que je ne mens pas. Un menteur ! Moi ? Au fond je ne sais plus. » La fin pose un ultime paradoxe , qui, en glissant de l’auteur « menteur » à son discours, « mensonge », propose une définition du théâtre lui-même : « Je suis plutôt un mensonge. Un mensonge qui dit toujours la vérité. » 

cocteau-menteur.jpg

Dessin de  Jean Cocteau, 13 novembre 1954

Histoire de l'art  : René Magritte, Le double secret , 1927

Huile sur toile, 114 x 162. Centre Pompidou

À l’époque où il crée ce tableau, le peintre belge, René Magritte (1898-1967) est sous une double influence : celle des surréalistes , avec lesquels il se lie, notamment des collages de Max Ernst, et celle de la peinture métaphysique de Giorgio de Chirico que ceux-ci admirent. Comme eux, il recherche systématiquement l’insolite : malgré une peinture d’une netteté réaliste, chaque tableau illustre un mystère, l’écart entre le visible et l’invisible , entre la réalité du monde et la façon dont nous la percevons.

La figuration : structure, couleurs, lumière

Comme appuyé sur un pan de mur , un personnage se détache sur un fond qui rappelle les « marines » du XIXème siècle, les vagues de la mer sous un ciel sombre, tumultueux.

René Magritte, Le double secret, 1927. Huile sur toile, 114 x 162. Centre Pompidou

La coupe du personnage à la naissance des épaules, la fixité qui lui est imprimée par la technique picturale d’un réalisme affirmée – contrastant avec celle du décor,  empruntée à l'impressionnisme – font penser à une tête d’un mannequin, féminin vu la coupe de cheveux, qui renvoie aux années 20, la boucle d’oreille et le maquillage des lèvres et des yeux.

Mais, outre le fond qui évoque une tempête menaçante , ce personnage aussi crée un malaise : la peau d’une partie de cette tête est comme découpée au scalpel, telle un masque enlevé, et déposée à droite. Elle est remplacée par une surface noire, elle-même remplie d’une sorte d’écorce sombre, à laquelle sont attachés des grelots. 

Les couleurs froides, l’importance du noir, la lumière sombre , seul le visage sombre étant éclairé, contribuent à susciter le malaise de l’observateur.

Pour interpréter

Les deux termes du titre posent déjà une énigme , selon la nature, nom ou adjectif, qu’on leur attribue en raison de l’absence de majuscule : soit c’est le « double » qui est « secret », soit c’est le « secret » qui est « double » …

          Dans le premier cas , c’est le dédoublement du personnage qui est signifié : une partie de son visage se trouve placée à ses côtés, remplacée par un sombre décor intérieur, à la façon des collages surréalistes. Le tableau révèlerait donc le « double » que chacun cache en soi – et tout particulièrement la femme, qui porte en elle le mystère, thème cher aux surréalistes. Ce « double » reste invisible, « secret », sauf si on lui ôte sa peau, son masque. La technique picturale, la fixité prêtée à ce masque découpé par le réalisme, renforce l’ impression que tout être reste impénétrable .

Le costume du « fou », avec ses grelots, Bruges

          Dans le second cas , ce « secret » ainsi masqué est lui-même « double » car cette peau, lisse et nette, une fois ôtée révèle une obscurité étrange, une sorte d’écorce difficile à identifier à laquelle sont suspendus des grelots , traditionnels attributs de la marotte, le sceptre porté par les "fous", les bouffons de cour, et de leur costume. Ainsi, derrière l’apparence extérieure réaliste, le « secret », ce monde intérieur découvert, est plutôt inquiétant, obscur, indice même d’ une folie aliénante . Mais cette folie est condamnée à rester secrète , inaudible, car les grelots, ainsi accrochés, ne peuvent être agités pour se faire entendre. Cependant, les surréalistes, eux, entendaient bien en exploiter toutes les possibilités créatrices offertes par la folie...

Le costume du « fou », avec ses grelots, Bruges

Pour conclure

Dans une perspective surréaliste, ce tableau illustre tout le contenu réel du psychisme , dissimulé par les contraintes de l’éducation, les convenances sociales et les codes de la bienséance. Un contenu réel inquiétant cependant : l’observateur peut avoir envie de "recoller" la peau découpée, de replacer le masque pour ne plus voir le sombre mystère intérieur.

Ce tableau nous a paru particulièrement représentatif de l’enjeu du parcours, « Mensonge et comédie » . Le mensonge n’exige-t-il pas de porter un masque pour arriver à duper celui auquel il e st destiné ? Le menteur ne doit-il pas se dédoubler , s’employer à garder un visage impénétrable pour empêcher sa victime de percevoir la vérité qu’il souhaite cacher ? Il lui faut donc "jouer la comédie" . Mais, si parfois la vérité découverte le rend ridicule, il arrive aussi quand on parvient à arracher ce masque, que se révèle u n secret obscur, voire dangereux , si l’on pense à des personnages comme Tartuffe chez Molière, ou Knock chez Jules Romains.

Travail d'écriture  : contraction de texte et essai 

Pour voir le sujet

Le devoir proposé à l’issue de l’étude du Menteur et du parcours associé correspond à un des sujets de l’EAF pour les séries technologiques : une contraction d’un texte, au quart de sa longueur, avec une tolérance de + ou – 10%, suivie d’un essai. Il est souhaitable de s’initier progressivement, à l'oral comme à l'écrit, à la contraction de texte, et la correction proposée sera observée attentivement.

De même, on reprendra la structure de l’essai, plus libre dans sa forme que la dissertation, mais dont l’argumentation doit rester rigoureuse, en s’appuyant à la fois sur le texte support et sur les textes étudiés.

Pour lire la correction

Lireunlivreplaisir

Adama Ndao, professeur de lettres modernes au lycée Ahoune Sané de Bignona, présentement au lycée Demba Diop de Mbour analyse ici ses lectures et des œuvres au programme dans l'enseignement du Sénégal. Abonnez-vous pour suivre les posts et l'actualisation des publications.

lundi 19 septembre 2016

Moralités dans les nouveaux contes d’amadou coumba de birago diop.

conclusion dissertation mensonge

24 commentaires:

conclusion dissertation mensonge

est ce que je peux avoir exposé ou résumé portant sur khary gaye seulementsum

conclusion dissertation mensonge

Est ce que je peux avoir l exposé sur la gourmandise et la méchanceté dans les nouveaux conte d'Amadou Koumba

Est ce que je peut l exposé sur l os et le prétexte

est-ce que je peut avoir l'exposé sur le pretexte

conclusion dissertation mensonge

De meme que moi

Merci pr ses résumés

Es je peus avoir les thémes sur les contes d'Amadou kumba

Je veux téléchargé la page mais comment.

Est-ce je peux avoir la moralité sur le Boli

conclusion dissertation mensonge

bonjour je m'appelle joseph, je vous félicite pour ce remarquable travail. est ce que vous pouvez revenir sur l'etude de "dof diop" pour les différentes parties.

Bonjour j'espère que vous êtes bien j'ai besoin d'explications sur le conte de Dof Diop svp

La moralité sur le boli SVP

La moralité sur les deux gendres s'il vous plaît

Bonjour je peux avoir la moralité sur la roussette et son résumé s'il vous plaît

Tres intéressant

Très intéressant, très réaliste et très ambitieux

Puis-je avoir l'introduction du boli s'il vous plaît

Je peux avoir une conclusion pour l'éducation dans les nouveaux contes d'Amadou koumba

conclusion dissertation mensonge

Exposé sur le prétexte dans les nouveaux contes d'amadou koumba

conclusion dissertation mensonge

Bnsr est ce que je peux avoir exposé ou résumé portant sur Dof Diop

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17 Essay Conclusion Examples (Copy and Paste)

17 Essay Conclusion Examples (Copy and Paste)

Chris Drew (PhD)

Dr. Chris Drew is the founder of the Helpful Professor. He holds a PhD in education and has published over 20 articles in scholarly journals. He is the former editor of the Journal of Learning Development in Higher Education. [Image Descriptor: Photo of Chris]

Learn about our Editorial Process

essay conclusion examples and definition, explained below

Essay conclusions are not just extra filler. They are important because they tie together your arguments, then give you the chance to forcefully drive your point home.

I created the 5 Cs conclusion method to help you write essay conclusions:

Essay Conclusion Example

I’ve previously produced the video below on how to write a conclusion that goes over the above image.

The video follows the 5 C’s method ( you can read about it in this post ), which doesn’t perfectly match each of the below copy-and-paste conclusion examples, but the principles are similar, and can help you to write your own strong conclusion:

💡 New! Try this AI Prompt to Generate a Sample 5Cs Conclusion This is my essay: [INSERT ESSAY WITHOUT THE CONCLUSION]. I want you to write a conclusion for this essay. In the first sentence of the conclusion, return to a statement I made in the introduction. In the second sentence, reiterate the thesis statement I have used. In the third sentence, clarify how my final position is relevant to the Essay Question, which is [ESSAY QUESTION]. In the fourth sentence, explain who should be interested in my findings. In the fifth sentence, end by noting in one final, engaging sentence why this topic is of such importance.

Remember: The prompt can help you generate samples but you can’t submit AI text for assessment. Make sure you write your conclusion in your own words.

Essay Conclusion Examples

Below is a range of copy-and-paste essay conclusions with gaps for you to fill-in your topic and key arguments. Browse through for one you like (there are 17 for argumentative, expository, compare and contrast, and critical essays). Once you’ve found one you like, copy it and add-in the key points to make it your own.

1. Argumentative Essay Conclusions

The arguments presented in this essay demonstrate the significant importance of _____________. While there are some strong counterarguments, such as ____________, it remains clear that the benefits/merits of _____________ far outweigh the potential downsides. The evidence presented throughout the essay strongly support _____________. In the coming years, _____________ will be increasingly important. Therefore, continual advocacy for the position presented in this essay will be necessary, especially due to its significant implications for _____________.

Version 1 Filled-In

The arguments presented in this essay demonstrate the significant importance of fighting climate change. While there are some strong counterarguments, such as the claim that it is too late to stop catastrophic change, it remains clear that the merits of taking drastic action far outweigh the potential downsides. The evidence presented throughout the essay strongly support the claim that we can at least mitigate the worst effects. In the coming years, intergovernmental worldwide agreements will be increasingly important. Therefore, continual advocacy for the position presented in this essay will be necessary, especially due to its significant implications for humankind.

chris

As this essay has shown, it is clear that the debate surrounding _____________ is multifaceted and highly complex. While there are strong arguments opposing the position that _____________, there remains overwhelming evidence to support the claim that _____________. A careful analysis of the empirical evidence suggests that _____________ not only leads to ____________, but it may also be a necessity for _____________. Moving forward, _____________ should be a priority for all stakeholders involved, as it promises a better future for _____________. The focus should now shift towards how best to integrate _____________ more effectively into society.

Version 2 Filled-In

As this essay has shown, it is clear that the debate surrounding climate change is multifaceted and highly complex. While there are strong arguments opposing the position that we should fight climate change, there remains overwhelming evidence to support the claim that action can mitigate the worst effects. A careful analysis of the empirical evidence suggests that strong action not only leads to better economic outcomes in the long term, but it may also be a necessity for preventing climate-related deaths. Moving forward, carbon emission mitigation should be a priority for all stakeholders involved, as it promises a better future for all. The focus should now shift towards how best to integrate smart climate policies more effectively into society.

Based upon the preponderance of evidence, it is evident that _____________ holds the potential to significantly alter/improve _____________. The counterarguments, while noteworthy, fail to diminish the compelling case for _____________. Following an examination of both sides of the argument, it has become clear that _____________ presents the most effective solution/approach to _____________. Consequently, it is imperative that society acknowledge the value of _____________ for developing a better  _____________. Failing to address this topic could lead to negative outcomes, including _____________.

Version 3 Filled-In

Based upon the preponderance of evidence, it is evident that addressing climate change holds the potential to significantly improve the future of society. The counterarguments, while noteworthy, fail to diminish the compelling case for immediate climate action. Following an examination of both sides of the argument, it has become clear that widespread and urgent social action presents the most effective solution to this pressing problem. Consequently, it is imperative that society acknowledge the value of taking immediate action for developing a better environment for future generations. Failing to address this topic could lead to negative outcomes, including more extreme climate events and greater economic externalities.

See Also: Examples of Counterarguments

On the balance of evidence, there is an overwhelming case for _____________. While the counterarguments offer valid points that are worth examining, they do not outweigh or overcome the argument that _____________. An evaluation of both perspectives on this topic concludes that _____________ is the most sufficient option for  _____________. The implications of embracing _____________ do not only have immediate benefits, but they also pave the way for a more _____________. Therefore, the solution of _____________ should be actively pursued by _____________.

Version 4 Filled-In

On the balance of evidence, there is an overwhelming case for immediate tax-based action to mitigate the effects of climate change. While the counterarguments offer valid points that are worth examining, they do not outweigh or overcome the argument that action is urgently necessary. An evaluation of both perspectives on this topic concludes that taking societal-wide action is the most sufficient option for  achieving the best results. The implications of embracing a society-wide approach like a carbon tax do not only have immediate benefits, but they also pave the way for a more healthy future. Therefore, the solution of a carbon tax or equivalent policy should be actively pursued by governments.

2. Expository Essay Conclusions

Overall, it is evident that _____________ plays a crucial role in _____________. The analysis presented in this essay demonstrates the clear impact of _____________ on _____________. By understanding the key facts about _____________, practitioners/society are better equipped to navigate _____________. Moving forward, further exploration of _____________ will yield additional insights and information about _____________. As such, _____________ should remain a focal point for further discussions and studies on _____________.

Overall, it is evident that social media plays a crucial role in harming teenagers’ mental health. The analysis presented in this essay demonstrates the clear impact of social media on young people. By understanding the key facts about the ways social media cause young people to experience body dysmorphia, teachers and parents are better equipped to help young people navigate online spaces. Moving forward, further exploration of the ways social media cause harm will yield additional insights and information about how it can be more sufficiently regulated. As such, the effects of social media on youth should remain a focal point for further discussions and studies on youth mental health.

To conclude, this essay has explored the multi-faceted aspects of _____________. Through a careful examination of _____________, this essay has illuminated its significant influence on _____________. This understanding allows society to appreciate the idea that _____________. As research continues to emerge, the importance of _____________ will only continue to grow. Therefore, an understanding of _____________ is not merely desirable, but imperative for _____________.

To conclude, this essay has explored the multi-faceted aspects of globalization. Through a careful examination of globalization, this essay has illuminated its significant influence on the economy, cultures, and society. This understanding allows society to appreciate the idea that globalization has both positive and negative effects. As research continues to emerge, the importance of studying globalization will only continue to grow. Therefore, an understanding of globalization’s effects is not merely desirable, but imperative for judging whether it is good or bad.

Reflecting on the discussion, it is clear that _____________ serves a pivotal role in _____________. By delving into the intricacies of _____________, we have gained valuable insights into its impact and significance. This knowledge will undoubtedly serve as a guiding principle in _____________. Moving forward, it is paramount to remain open to further explorations and studies on _____________. In this way, our understanding and appreciation of _____________ can only deepen and expand.

Reflecting on the discussion, it is clear that mass media serves a pivotal role in shaping public opinion. By delving into the intricacies of mass media, we have gained valuable insights into its impact and significance. This knowledge will undoubtedly serve as a guiding principle in shaping the media landscape. Moving forward, it is paramount to remain open to further explorations and studies on how mass media impacts society. In this way, our understanding and appreciation of mass media’s impacts can only deepen and expand.

In conclusion, this essay has shed light on the importance of _____________ in the context of _____________. The evidence and analysis provided underscore the profound effect _____________ has on _____________. The knowledge gained from exploring _____________ will undoubtedly contribute to more informed and effective decisions in _____________. As we continue to progress, the significance of understanding _____________ will remain paramount. Hence, we should strive to deepen our knowledge of _____________ to better navigate and influence _____________.

In conclusion, this essay has shed light on the importance of bedside manner in the context of nursing. The evidence and analysis provided underscore the profound effect compassionate bedside manner has on patient outcome. The knowledge gained from exploring nurses’ bedside manner will undoubtedly contribute to more informed and effective decisions in nursing practice. As we continue to progress, the significance of understanding nurses’ bedside manner will remain paramount. Hence, we should strive to deepen our knowledge of this topic to better navigate and influence patient outcomes.

See More: How to Write an Expository Essay

3. Compare and Contrast Essay Conclusion

While both _____________ and _____________ have similarities such as _____________, they also have some very important differences in areas like _____________. Through this comparative analysis, a broader understanding of _____________ and _____________ has been attained. The choice between the two will largely depend on _____________. For example, as highlighted in the essay, ____________. Despite their differences, both _____________ and _____________ have value in different situations.

While both macrosociology and microsociology have similarities such as their foci on how society is structured, they also have some very important differences in areas like their differing approaches to research methodologies. Through this comparative analysis, a broader understanding of macrosociology and microsociology has been attained. The choice between the two will largely depend on the researcher’s perspective on how society works. For example, as highlighted in the essay, microsociology is much more concerned with individuals’ experiences while macrosociology is more concerned with social structures. Despite their differences, both macrosociology and microsociology have value in different situations.

It is clear that _____________ and _____________, while seeming to be different, have shared characteristics in _____________. On the other hand, their contrasts in _____________ shed light on their unique features. The analysis provides a more nuanced comprehension of these subjects. In choosing between the two, consideration should be given to _____________. Despite their disparities, it’s crucial to acknowledge the importance of both when it comes to _____________.

It is clear that behaviorism and consructivism, while seeming to be different, have shared characteristics in their foci on knowledge acquisition over time. On the other hand, their contrasts in ideas about the role of experience in learning shed light on their unique features. The analysis provides a more nuanced comprehension of these subjects. In choosing between the two, consideration should be given to which approach works best in which situation. Despite their disparities, it’s crucial to acknowledge the importance of both when it comes to student education.

Reflecting on the points discussed, it’s evident that _____________ and _____________ share similarities such as _____________, while also demonstrating unique differences, particularly in _____________. The preference for one over the other would typically depend on factors such as _____________. Yet, regardless of their distinctions, both _____________ and _____________ play integral roles in their respective areas, significantly contributing to _____________.

Reflecting on the points discussed, it’s evident that red and orange share similarities such as the fact they are both ‘hot colors’, while also demonstrating unique differences, particularly in their social meaning (red meaning danger and orange warmth). The preference for one over the other would typically depend on factors such as personal taste. Yet, regardless of their distinctions, both red and orange play integral roles in their respective areas, significantly contributing to color theory.

Ultimately, the comparison and contrast of _____________ and _____________ have revealed intriguing similarities and notable differences. Differences such as _____________ give deeper insights into their unique and shared qualities. When it comes to choosing between them, _____________ will likely be a deciding factor. Despite these differences, it is important to remember that both _____________ and _____________ hold significant value within the context of _____________, and each contributes to _____________ in its own unique way.

Ultimately, the comparison and contrast of driving and flying have revealed intriguing similarities and notable differences. Differences such as their differing speed to destination give deeper insights into their unique and shared qualities. When it comes to choosing between them, urgency to arrive at the destination will likely be a deciding factor. Despite these differences, it is important to remember that both driving and flying hold significant value within the context of air transit, and each contributes to facilitating movement in its own unique way.

See Here for More Compare and Contrast Essay Examples

4. Critical Essay Conclusion

In conclusion, the analysis of _____________ has unveiled critical aspects related to _____________. While there are strengths in _____________, its limitations are equally telling. This critique provides a more informed perspective on _____________, revealing that there is much more beneath the surface. Moving forward, the understanding of _____________ should evolve, considering both its merits and flaws.

In conclusion, the analysis of flow theory has unveiled critical aspects related to motivation and focus. While there are strengths in achieving a flow state, its limitations are equally telling. This critique provides a more informed perspective on how humans achieve motivation, revealing that there is much more beneath the surface. Moving forward, the understanding of flow theory of motivation should evolve, considering both its merits and flaws.

To conclude, this critical examination of _____________ sheds light on its multi-dimensional nature. While _____________ presents notable advantages, it is not without its drawbacks. This in-depth critique offers a comprehensive understanding of _____________. Therefore, future engagements with _____________ should involve a balanced consideration of its strengths and weaknesses.

To conclude, this critical examination of postmodern art sheds light on its multi-dimensional nature. While postmodernism presents notable advantages, it is not without its drawbacks. This in-depth critique offers a comprehensive understanding of how it has contributed to the arts over the past 50 years. Therefore, future engagements with postmodern art should involve a balanced consideration of its strengths and weaknesses.

Upon reflection, the critique of _____________ uncovers profound insights into its underlying intricacies. Despite its positive aspects such as ________, it’s impossible to overlook its shortcomings. This analysis provides a nuanced understanding of _____________, highlighting the necessity for a balanced approach in future interactions. Indeed, both the strengths and weaknesses of _____________ should be taken into account when considering ____________.

Upon reflection, the critique of marxism uncovers profound insights into its underlying intricacies. Despite its positive aspects such as its ability to critique exploitation of labor, it’s impossible to overlook its shortcomings. This analysis provides a nuanced understanding of marxism’s harmful effects when used as an economic theory, highlighting the necessity for a balanced approach in future interactions. Indeed, both the strengths and weaknesses of marxism should be taken into account when considering the use of its ideas in real life.

Ultimately, this critique of _____________ offers a detailed look into its advantages and disadvantages. The strengths of _____________ such as __________ are significant, yet its limitations such as _________ are not insignificant. This balanced analysis not only offers a deeper understanding of _____________ but also underscores the importance of critical evaluation. Hence, it’s crucial that future discussions around _____________ continue to embrace this balanced approach.

Ultimately, this critique of artificial intelligence offers a detailed look into its advantages and disadvantages. The strengths of artificial intelligence, such as its ability to improve productivity are significant, yet its limitations such as the possibility of mass job losses are not insignificant. This balanced analysis not only offers a deeper understanding of artificial intelligence but also underscores the importance of critical evaluation. Hence, it’s crucial that future discussions around the regulation of artificial intelligence continue to embrace this balanced approach.

This article promised 17 essay conclusions, and this one you are reading now is the twenty-first. This last conclusion demonstrates that the very best essay conclusions are written uniquely, from scratch, in order to perfectly cater the conclusion to the topic. A good conclusion will tie together all the key points you made in your essay and forcefully drive home the importance or relevance of your argument, thesis statement, or simply your topic so the reader is left with one strong final point to ponder.

Chris

  • Chris Drew (PhD) https://helpfulprofessor.com/author/chris-drew-phd-2/ 10 Reasons you’re Perpetually Single
  • Chris Drew (PhD) https://helpfulprofessor.com/author/chris-drew-phd-2/ 20 Montessori Toddler Bedrooms (Design Inspiration)
  • Chris Drew (PhD) https://helpfulprofessor.com/author/chris-drew-phd-2/ 21 Montessori Homeschool Setups
  • Chris Drew (PhD) https://helpfulprofessor.com/author/chris-drew-phd-2/ 101 Hidden Talents Examples

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  18. 17 Essay Conclusion Examples (Copy and Paste)

    Essay Conclusion Examples. Below is a range of copy-and-paste essay conclusions with gaps for you to fill-in your topic and key arguments. Browse through for one you like (there are 17 for argumentative, expository, compare and contrast, and critical essays). Once you've found one you like, copy it and add-in the key points to make it your own.

  19. Les approches psychanalytiques du mensonge

    Objectifs. En psychanalyse, des terminologies comme l'imposture, le faux, la mythomanie, ou la pseudologie sont préférées à celle du mensonge. Cette hétérogénéité lexicale pose un problème épistémologique. Cet article recense l'ensemble des théories existantes afin d'en offrir un panorama et de proposer un corpus plus unifié.

  20. Free AI Conclusion Generator

    The Ahrefs' Conclusion Generator can assist in distilling complex business data, market research, and analysis into clear and impactful conclusions. By inputting key insights and trends, users can obtain a professionally crafted conclusion. This is valuable for executives, consultants, and analysts who need to communicate the essence of their ...

  21. SentinelOne: Strong Investment Setup (Technical Analysis)

    Summary. SentinelOne's robust 2Q24 earnings highlight strong sales, gross profit growth, and improved gross margins, positioning it as a compelling investment.

  22. Travailler sur des sujets corrigés

    Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal : dissertation, sujet de métropole, juin 2021 Guillaume Apollinaire, Alcools : dissertation, sujet de métropole, juin 2021 Les genres de l'argumentation du xvi e siècle à nos jours Fiches masquées; Rabelais, Gargantua ...